Une réflexion. Je vous soumets un cas.
C'est un prêtre catholique vieillissant et qui a plus de 65 ans certainement. Membre d'une petite communauté religieuse en voie de disparition (ne sont plus que trois prêtres). Les trois vivent aussi en étant désormais séparés, après avoir vécus en communauté pendant des décennies. Le père dont je parle loge au presbytère dans une paroisse catholique mais non pas romaine. Le prêtre du lieu accepte de mettre l'église à sa disposition lorsqu'il doit dire la messe pour un groupe ou un autre pour des activités liturgiques et pastorales. Ce prêtre n'est pas rattaché à une paroisse. Il n'a pas de mandat pour cela. Il a été prêtre missionnaire pendant des années à l'extérieur du Québec, dans des endroits comme Haïti.
Quoi d'autre ? Il y a trois ans je ne connaissais pas son existence. Je le croise à l'occasion depuis qu'une amie m'en a parlé, et uniquement parce qu'il arrive qu'elle-même m'invite à une activité de prière qu'un groupe de catholiques organise. Un groupe qui est lui-même en lien avec ce prêtre susdit. J'accepte de bon coeur de m'y rendre à l'occasion, et parce que cela m'est une occasion de prier avec d'autres.
Sauf que je n'accroche pas vraiment si on parle de la personnalité du prêtre en question. Je le trouve quelque peu envahissant, accaparant, intrusif, contrôlant. Il a tendance à vouloir mettre la main sur les personnes qui passent à sa portée, pour les retenir, les questionner, leur demander un service quelconque. Un peu déstabilisant.
En décembre dernier, je participe à une messe dont il est lui-même le président. Et nous avons eu droit à une longue homélie qui, en fait, n'était plus une. Près de 45 minutes (!) mais 45 minutes d'un long monologue personnel qui ne traitait pas des lectures du jour. Il se racontait lui-même en lieu et place, nous faisant part de ses propres préoccupations à l'égard de nos églises vides au Québec. Il avait visionné un reportage plus tôt dans la journée. La croissance des évangéliques américains, etc. Donc, il nous causait de l'enthousiasme extraordinaire de ces groupes. Il y avait là-bas des jeunes, des familles, etc. Et alors il se demandait comment il pouvait se faire que, nous, nous qui avons pourtant la vraie foi, qui sommes de la vraie Église, pouvions être aussi morts, éteints et ennuyants dans nos célébrations. La chose le dépassait complètement. A la fin, j'avais complètement perdu le fil de la messe. J'étais un peu mécontent. Je me disais qu'il aurait bien ou nous réserver ses commentaires personnels pour un autre moment en dehors de la messe. Mais bon ...
Ce prêtre parlait alors de ses propres expériences à l'extérieur du Québec, aux États-Unis, dans les Antilles, en Haïti, en Afrique. Il disait alors que partout il avait bien trouvé des églises catholiques encore bien vivantes. Mais pas au Québec ! Il était désabusé et plutôt pris par des sentiments amers. Il ajoutait qu'il y avait sûrement "quelque chose" avec ce peuple québécois; il se passait "quelque chose" de pas trop intéressant.
Mon amie me racontait que c'était toujours comme ça avec ce prêtre. Il se plaignait constamment de l'indifférence religieuse de ses compatriotes, de même que de leur manque d'égard et de respect envers les ministres ordonnés. Partout, l'on déroulait le tapis rouge devant des prêtres, mais au Québec on les regarde de travers, tout juste si on ne leur crache pas dessus.
Ma question principale :
Mais que pourrait-on bien dire à un prêtre submergé par de semblables sentiments amers devenus quasiment obsessifs ? pour le sortir un peu de cet état de désespérance ?
Personnellement, je n'envie absolument en rien, rien de rien, les groupes religieux tapageurs et qui ont l'air de faire boum et faire la fête. Néanmoins, c'est vrai que nos églises sont désertées. Tout comme il est vrai que le contraste serait sans doute stupéfiant entre l'état de la foi au Québec, entre 1950 et 2000. Quelqu'un de l'an 1950 n'aurait pas pu se douter du genre de désert qui devait attendre l'Église au Québec à peine cinquante ans plus tard.
Sous-question :
Auriez-vous des observations à faire de votre côté quant au comportement de ce même peuple ? au plan religieux ? autre chose ?
Pour moi, j'aurais peut-être le sentiment que le peuple québécois a décidé de divorcé de lui-même. Il ne s'aime pas et n'est plus capable de se voir en peinture. Ce serait peut-être un élément pouvant expliquer ce "quelque chose" dont le prêtre parlait. Le refus de s'accepter soi-même a peut-être à voir avec le taux de suicide élevé, l'éclatement des familles, le rejet du passé religieux, celle de l'idée d'un héritage à transmettre; puis la soif de nouveauté, etc.
Une dynamique que j'ai pu observer sur les forums catholiques : les catholiques du Québec ne veulent pas échanger avec leurs compatriotes même catholiques. Niet ! Comme un rejet. On préfère mille fois échanger avec des personnes qui seront réellement d'ailleurs. Curieux. En France, c'est exactement l'inverse. Les Français ont en général bien du mal à accepter ce qui n'est pas eux cf. Belge, Suisse, Canada, Afrique francophone.
P.S. : vous comprendrez que j'évite de donner le nom ou quelque détail qui permettrait de retracer l'intéressé. La discrétion ...
C'est un prêtre catholique vieillissant et qui a plus de 65 ans certainement. Membre d'une petite communauté religieuse en voie de disparition (ne sont plus que trois prêtres). Les trois vivent aussi en étant désormais séparés, après avoir vécus en communauté pendant des décennies. Le père dont je parle loge au presbytère dans une paroisse catholique mais non pas romaine. Le prêtre du lieu accepte de mettre l'église à sa disposition lorsqu'il doit dire la messe pour un groupe ou un autre pour des activités liturgiques et pastorales. Ce prêtre n'est pas rattaché à une paroisse. Il n'a pas de mandat pour cela. Il a été prêtre missionnaire pendant des années à l'extérieur du Québec, dans des endroits comme Haïti.
Quoi d'autre ? Il y a trois ans je ne connaissais pas son existence. Je le croise à l'occasion depuis qu'une amie m'en a parlé, et uniquement parce qu'il arrive qu'elle-même m'invite à une activité de prière qu'un groupe de catholiques organise. Un groupe qui est lui-même en lien avec ce prêtre susdit. J'accepte de bon coeur de m'y rendre à l'occasion, et parce que cela m'est une occasion de prier avec d'autres.
Sauf que je n'accroche pas vraiment si on parle de la personnalité du prêtre en question. Je le trouve quelque peu envahissant, accaparant, intrusif, contrôlant. Il a tendance à vouloir mettre la main sur les personnes qui passent à sa portée, pour les retenir, les questionner, leur demander un service quelconque. Un peu déstabilisant.
En décembre dernier, je participe à une messe dont il est lui-même le président. Et nous avons eu droit à une longue homélie qui, en fait, n'était plus une. Près de 45 minutes (!) mais 45 minutes d'un long monologue personnel qui ne traitait pas des lectures du jour. Il se racontait lui-même en lieu et place, nous faisant part de ses propres préoccupations à l'égard de nos églises vides au Québec. Il avait visionné un reportage plus tôt dans la journée. La croissance des évangéliques américains, etc. Donc, il nous causait de l'enthousiasme extraordinaire de ces groupes. Il y avait là-bas des jeunes, des familles, etc. Et alors il se demandait comment il pouvait se faire que, nous, nous qui avons pourtant la vraie foi, qui sommes de la vraie Église, pouvions être aussi morts, éteints et ennuyants dans nos célébrations. La chose le dépassait complètement. A la fin, j'avais complètement perdu le fil de la messe. J'étais un peu mécontent. Je me disais qu'il aurait bien ou nous réserver ses commentaires personnels pour un autre moment en dehors de la messe. Mais bon ...
Ce prêtre parlait alors de ses propres expériences à l'extérieur du Québec, aux États-Unis, dans les Antilles, en Haïti, en Afrique. Il disait alors que partout il avait bien trouvé des églises catholiques encore bien vivantes. Mais pas au Québec ! Il était désabusé et plutôt pris par des sentiments amers. Il ajoutait qu'il y avait sûrement "quelque chose" avec ce peuple québécois; il se passait "quelque chose" de pas trop intéressant.
Mon amie me racontait que c'était toujours comme ça avec ce prêtre. Il se plaignait constamment de l'indifférence religieuse de ses compatriotes, de même que de leur manque d'égard et de respect envers les ministres ordonnés. Partout, l'on déroulait le tapis rouge devant des prêtres, mais au Québec on les regarde de travers, tout juste si on ne leur crache pas dessus.
Ma question principale :
Mais que pourrait-on bien dire à un prêtre submergé par de semblables sentiments amers devenus quasiment obsessifs ? pour le sortir un peu de cet état de désespérance ?
Personnellement, je n'envie absolument en rien, rien de rien, les groupes religieux tapageurs et qui ont l'air de faire boum et faire la fête. Néanmoins, c'est vrai que nos églises sont désertées. Tout comme il est vrai que le contraste serait sans doute stupéfiant entre l'état de la foi au Québec, entre 1950 et 2000. Quelqu'un de l'an 1950 n'aurait pas pu se douter du genre de désert qui devait attendre l'Église au Québec à peine cinquante ans plus tard.
Sous-question :
Auriez-vous des observations à faire de votre côté quant au comportement de ce même peuple ? au plan religieux ? autre chose ?
Pour moi, j'aurais peut-être le sentiment que le peuple québécois a décidé de divorcé de lui-même. Il ne s'aime pas et n'est plus capable de se voir en peinture. Ce serait peut-être un élément pouvant expliquer ce "quelque chose" dont le prêtre parlait. Le refus de s'accepter soi-même a peut-être à voir avec le taux de suicide élevé, l'éclatement des familles, le rejet du passé religieux, celle de l'idée d'un héritage à transmettre; puis la soif de nouveauté, etc.
Une dynamique que j'ai pu observer sur les forums catholiques : les catholiques du Québec ne veulent pas échanger avec leurs compatriotes même catholiques. Niet ! Comme un rejet. On préfère mille fois échanger avec des personnes qui seront réellement d'ailleurs. Curieux. En France, c'est exactement l'inverse. Les Français ont en général bien du mal à accepter ce qui n'est pas eux cf. Belge, Suisse, Canada, Afrique francophone.
P.S. : vous comprendrez que j'évite de donner le nom ou quelque détail qui permettrait de retracer l'intéressé. La discrétion ...