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Noce de Cana (revisité par Scott Hahn)

Pilgrim
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Noce de Cana (revisité par Scott Hahn) Empty Noce de Cana (revisité par Scott Hahn)

Message par Pilgrim Sam 12 Déc - 14:46

Bonjour,

Je vous partage ici la compréhension qui semble bien être celle d'un apologiste catholique bien connu, Scott Hahn, à l'égard du texte évangélique de saint Jean et relativement à ce récit des noces de Cana. Mon idée est ici d'offrir un contraste (non pas une solution définitive) avec les commentaires de l'abbé Laguérie qu'on trouve dans le 5e épisode de la série L'Évangile à bras le corps (fil d'Anayel). 

Ici nous trouverons donc :

Marie
reine couronnée d'étoiles

par

Scott Hahn

(chapitre 2, "La nuit de Noël")


"Le thème du nouvel Adam ne se déploie nulle part ailleurs plus habilement que dans l'évangile de saint Jean. Dans son Évangile, Jean ne développe pas ses idées à la manière d'un commentateur. Il choisit plutôt de raconter l'histoire de Jésus-Christ. Et cette histoire, il l'amorce en faisant écho au plus primitif de tous les récits : le récit de la création dans la Genèse. 

La correspondance la plus évidente tient à l'utilisation de l'expression "au commencement". Les deux livres - Genèse et l'Évangile de Jean - débutent en fait par ces mots. La Genèse les dispose dès l'entrée en matière : 


"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre" (Gn 1,1)


ce que Jean reproduit presque exactement en écrivant :


"Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu" (Jn 1,1) 


Dans un cas comme dans l'autre, il nous est fait mention d'un début, d'une nouvelle création. 

La seconde correspondance suit après. En Genèse 1,3-5, nous lisons que Dieu créa la lumière afin qu'elle brille dans les ténèbres. De même, en Jean 1,4-5, il est écrit que "la vie était la lumière des hommes" et que "la lumière brillait dans les ténèbres".

Enfin, la Genèse précise qu'au commencement "l'Esprit de Dieu ... planait à la surface des eaux" (Gn 1,2). Et Jean, à son tour, note que l'Esprit Saint flottait au-dessus des eaux lors du baptême de Jésus (Jn 1,32-33). 

La matière fut crée lorsque Dieu souffla son Esprit sur les eaux. Le renouveau de la création, lui, ne surviendra qu'avec le don de la vie divine par les eaux du baptême.


 

Décompte des jours

Dans son introduction narrative, Jean continue d'émailler son texte d'allusions à la Genèse. Après la première scène, le récit se poursuit avec la rencontre entre Jésus et Jean le Baptiste, qui survient "le lendemain" (1,29). "Le lendemain" encore (1,35) vient le récit de l'appel des premiers disciples. Puis, de nouveau, "le jour suivant" (1,43), Jésus appelle deux autres disciples. Donc, en partant de la première discussion de Jean au sujet du Messie, qui eut lieu le premier jour, nous en sommes maintenant rendus au quatrième jour. 

Alors, Jean fait un choix étonnant. Il introduit l'épisode suivant, l'histoire des noces de Cana, par les mots "le troisième jour". 

Il ne peut s'agir ici du troisième jour à partir du début de son récit, puisqu'il a déjà dépassé ce point à ce stade-ci de sa narration. Il doit donc vouloir signifier en fait le troisième jour après ce quatrième, ce qui nous amène au septième jour. Par la suite, Jean cesse de faire le décompte des jours. 

Cela n'évoque-t-il pas quelque chose de familier ? Le récit de la nouvelle création rédigé par Jean se réalise en sept jours, exactement comme la création en Genèse qui s'achève le sixième jour, et qui fut sanctifiée- perfectionnée - le septième jour, lorsque Dieu se reposa de son labeur. Le septième jour de cette première semaine de la création, comme de toutes les semaines par la suite, sera reconnu comme le sabbat, le jour du repos, symbole de l'alliance (cf. Ex 31,16-17). Nous en tirons la conviction que ce qu'il advint au septième jour du récit de Jean aura une importance significative. 


[Cana, en Galilée]

Jésus arrive au festin des noces avec sa mère et ses disciples. Dans la culture juive de l'époque, une célébration nuptiale durait habituellement toute une semaine. Fait à noter, le vin manqua très tôt à ces noces, au point ou la mère de Jésus s'en apercevant, fit remarquer :"Ils n'ont plus de vin" (Jn 2,3). Or, bien qu'il ne s'agisse que du simple énoncé d'un fait, Jésus semble répondre de façon disproportionnée à l'observation anodine de sa mère :

"Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore arrivée." (*)

Pour comprendre la réaction apparemment exagérée de Jésus, nous devons auparavant saisir le sens de l'expression "Que me veux-tu, femme ?" Certains commentateurs voient dans cette réponse l'expression d'un brusque reproche de Jésus à l'égard de sa mère. Cependant, cette hypothèse ne résiste pas à une analyse sérieuse et attentive. 

D'abord, nous devrions remarquer qu'à la fin du récit Jésus acquiesce à la demande implicitement formulée par l'observation de Marie. S'il avait eu l'intention de lui faire un reproche, il n'aurait sûrement pas donné suite à cette réprimande en exauçant son voeu. 

Toutefois, l'argument décisif contredisant l'interprétation d'une rebuffade tient à la formulation même de ce supposé reproche. "Que me veux-tu, femme ?" (littéralement : "Quoi à moi et à toi ?") était une expression assez courante à l'époque de Jésus, en hébreu comme en grec. On la trouve dans plusieurs autres passages de l'Ancien et du Nouveau Testament, comme dans d'autres sources que la Bible. Dans toutes ces occurences, elle n'exprime certainement pas un reproche ou une indélicatesse. Au contraire, elle évoque une marque de respect et de déférence. Ainsi, en Luc 8,28, alors que la réplique est utilisée mot pour mot par un homme possédé du démon. C'est le démon qui met, dans la bouche du possédé, ces mots par lesquels il reconnaît l'autorité de Jésus sur l'homme et sur lui :

"Je t'en prie, ne me tourmente pas"

poursuit-il, concédant par ces mots qu'il devra exécuter tout ce que Jésus lui commandera. 

A Cana, Jésus s'incline devant sa mère, même si elle ne lui commande rien. Elle, en retour, dit simplement aux serviteurs :"Faites tout ce qu'il vous dira" (Jn 2,5) 

--------------------------

(*) Pour d'autres exemples de l'expression employée par Jésus, cf. 1 R 19,20; Gn 23,15; Lc 8, 26-39; Mt 8,28-34; Mc 1,23-28; Lc 4,31-37) 



Fille, mère, épouse : femme

Revenons un instant à la réponse initiale de Jésus. A-t-on remarqué comment il s'adresse à elle ? Il ne l'appelle pas "mère" ou même "Marie", mais "femme". Encore ici, certains commentateurs non catholiques vont prétendre que Jésus, en employant le mot "femme", manifeste de l'irrespect ou un reproche. Après tout, ne devrait-il pas s'adresser à elle comme à une "mère" ? 

Premièrement, il faut rappeler que Jésus a observé la loi durant toute sa vie et qu'il est donc peu probable qu'il ait voulu manquer de respect envers sa mère, violant ainsi le 4e commandement. 

Deuxièmement, Jésus s'adressa de nouveau à Marie en utilisant ce terme de "femme", mais en des circonstances bien différentes. Au moment de sa mort en croix, il l'appellera "femme", alors qu'il la donne comme "mère" à Jean, son disciple bien-aimé (cf Jn 19,26). Sûrement qu'en cet instant solennel nulle intention de reproche ou d'irrespect ne l'habite, si la chose était possible. 

En fait, un réduisant le mot "femme" à une insulte, nous faisons plus qu'oublier l'innocence sans tache de Jésus. Nous perdons de vue que l'usage de ce mot par le Christ est en fait un nouvel écho à la Genèse. "Femme" est le nom qu'Adam donne à Ève (cf. Gn 2,2). Jésus s'adresse donc à Marie en tant qu'Ève du nouvel Adam - ce qui rehausse d'autant la signification de la fête nuptiale à laquelle ils participent. 

Mais de plus, nous pouvons prévenir ici une objection scandaleuse : comment Marie peut-elle être son épouse, si elle est sa mère ? Pour y répondre, nous devons nous reporter à la prophétie d'Isaïe sur le salut à venir d'Israël :


"On ne te nommera plus "Délaissée" ... Mais on t'appellera : "Mon plaisir est en elle", et ta terre "Épousée" ... Comme un jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur t'épousera. Et c'est la joie de l'époux au sujet de son épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet" (Is 62,4-5)


Ces deux courts versets offrent une riche concentration de sens : la maternité virginale de Marie, sa conception miraculeuse et son mariage mystique avec Dieu, qui est à la fois son Père, son Époux et son Fils, y sont évoqués. La maternité divine est profondément mystérieuse, mais le mystère de la Trinité l'est encore davantage. 


[Sur l'usage du mot "femme"]

L'expression "femme" redéfinit la relation de Marie non seulement avec Jésus. mais aussi avec tous les croyants. Lorsque le Christ confia sa mère à son disciple bien-aimé, il la confia en fait à l'ensemble de ses disciples bien-aimés de toute époque. Comme Ève, que la Genèse appelle "mère de tous les vivants" (Gn 3,20), Marie est la mère de tous ceux qui ont reçu une vie nouvelle par le baptême. 

A Cana, la nouvelle Ève renverse de manière radicale la funeste décision de la première Ève. C'est une femme qui entraîna le premier Adam à commettre le premier acte de désobéissance en Éden. C'est aussi une femme qui guida le nouvel Adam dans l'accomplissement de sa première oeuvre glorieuse. 

La figure d'Ève réapparaîtra plus loin dans le Nouveau Testament, au livre de l'Apocalypse, lui aussi attribué à Jean l'évangéliste. Au chapitre 12, nous rencontrons en effet "une femme revêtue de soleil", qui affronte l'antique serpent, le Diable, comme on l'appelle. Cette scène nous renvoie à la Genèse, au moment ou Ève, dans le jardin d'Eden, fait face au serpent démoniaque qui recevra la malédiction divine :"Je mettrai une inimité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance" (Gn 3,15). Les images de l'Apocalypse évoquent aussi une nouvelle Ève qui donna naissance à un fils qui devait "diriger toutes les nations" (Ap 12,5). Cet enfant ne pouvant être que Jésus, la femme ne peut donc être que sa mère, Marie. Dans l'Apocalypse, l'antique serpent s'attaque à la nouvelle Ève. Toutefois, la nouvelle Ève paraît dominer le démon, contrairement à celle qui la préfigurera dans le jardin d'Eden.


[ancienneté de l'interprétation proposée] 

Le parallèles entre l'Évangile de Jean et la Genèse sont frappants. Néanmoins, il est probable que des sceptiques les rejetteront en prétextant qu'ils proviennent d'une imagination débridée. Aurions-nous, catholiques, trop librement interprété les textes de Jean ? Ne serions-nous pas en train de surimposer des doctrines médiévales et modernes sur les textes d'un auteur qui, pour sa part, n'aurait jamais pu imaginer de telles interprétations ? 

A la lumière des écrits des premiers Pères de l'Église, nous remarquons que ces auteurs ont effectivement fait mention d'une nouvelle Ève. Or, qui était-elle pour eux ? En majorité, ils l'identifièrent comme étant Marie. 

Le plus ancien témoignage en ce sens à nous être parvenu est celui de Justin, dans son Dialogue avec Tryphon. Rédigé vers l'an 160, le Dialogue relate les conversations que Justin aurait eues, vers l'an 135, avec un rabbin d'Éphèse, la cité ou il avait été initié à la foi chrétienne. Or, selon la tradition, Éphèse était aussi la ville ou vivaient l'apôtre Jean et la Vierge Marie. 

La doctrine de Justin au sujet de la nouvelle Ève fait écho à celle de Jean lui-même et pourrait donc constituer la preuve d'une mariologie développée par Jean en sa qualité d'évêque d'Éphèse et poursuivie par ses disciples au temps de Justin. 

L'exposé de Justin est dense mais riche :

Par l'intercession de la Vierge, le Christ devint homme, de sorte que l'insoumission inspirée par le serpent soit annihilée de la même manière qu'il avait pris naissance. Car Ève, étant vierge et ans tache, en recevant la parole du serpent, fit naître l'insoumission et la mort. En revanche, la Vierge Marie reçut dans la foi et la joie la bonne nouvelle de l'archange Gabriel, qui lui annonça que l'Esprit du Seigneur viendrait sur elle, que la puissance du Très Haut la couvrirait de son ombre et que celui qui allait naître d'elle serait le Fils de Dieu, ce à quoi elle répondit : "Qu'il me soit fait selon ta parole" (Lc 1,38) Et, grâce à elle, est né celui à qui se rapportent tant de passages des Écritures, et par qui Dieu détruit le serpent, ses anges et les hommes à sa ressemblance.

(Justin, Dialogue avec Tryphon)
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