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La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie

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ijk


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La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie Empty La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie

Message par ijk Lun 9 Nov - 2:57

La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie

Selon le professeur d'université François Besset

voir lien ici le concernant https://data.bnf.fr/fr/13737595/francois_besset/

La philosophie d'Aristote est une philosophie de l'absence

Contrairement au thomisme ou au spinozisme ou à la philosophie de Descartes

Elle gravite autour d'un absent et cet absent se nomme :

L'être en tant qu'être

En cela il se distingue de la posture majoritaire qui domine dans le milieu
universitaire concernant Aristote 

C'est l'opinion (qui ne regarde que lui par ailleurs mais à laquelle je souscris)
et que j'expose ici dans ce texte

Au préalable je pose ici quelques définitions et conclusions qui nous amèneront à la
question centrale de ce sujet 

À savoir comment penser la philosophie d'Aristote comme non auto-théologique?

Ce texte ne possèdera pas (malheureusement d'aucune référence)

Le document sur lequel il repose est donné dans ce lien 

https://philosophie.cegeptr.qc.ca/wp-content/documents/M%C3%A9taphysique.pdf
___________________________________________________________
La Métaphysique

La métaphysique est la science de l'être en tant qu'être

La question légitime qui se pose est la suivante:

À quelles conditions un savoir métaphysique est-il possible? 

La métaphysique est science des premiers principes

La métaphysique est-elle une science qui englobe la totalité des principes?

Si elle ne les englobe pas alors on devra admettre qu'il existe des principes qui ne
sont jamais pensés 

Si elle les englobe alors elle englobe aussi les principes contraires aux principes
qui sont ses objets

La métaphysique est donc la science des contraires 

Question : la considération des opposés ne remet-elle pas en cause l'unité de cette
science qu'est la métaphysique? 

En d'autre termes le projet d'une métaphysique qui se doit de s'emparer de la totalité
de l'expérience intelligible n'est-il pas voué à l'échec?

C'est un problème dont on ne peut pas sortir juste par une pirouette rhétorique 

La pensée des opposés rend impossible une pensée des principes 

Il y a un point de tension entre l'exigence de vérité et l'exigence du sens

Ces deux forces sont divergentes et la métaphysique les pousse à leur niveau de
rupture

Il y a ici l'enjeu d'une problématique décisive

La complexité de cette situation est motivée par l'interrogation du lien entre la
pensée et l'être, la sémantique (le sens) et le réel 

Ce questionnement entre la vérité et le sens atteste néanmoins ce qu'est la pensée
savante

Il y a un précédent à cette interrogation

Cette situation de tension avait déjà été évoquée dans une réflexion aristotélicienne
portant sur la perception

La question est de savoir si lorsque nous faisons de la métaphysique nous traitons
bien des choses ou si nous nous payons de mots 

Il y a bien un analogue qui s'impose est celui de la perception (mais pas seulement)

Quand je perçois des choses qui m'assure que je perçois bien des choses et que je ne
me contente pas de voir que mes propres rêves

Les choses que je vois ne sont jamais que des images visuelles ce que j'entends ne
sont jamais que des images auditives, ce que je touche n'est jamais qu'une image
sensorielle tactile

Ce ne sont jamais que des images et je ne dépasse jamais mes images

Je n'ai jamais accès à la réalité dite objective 

Même question à propos de la métaphysique

Lorsque je pense est-ce que je dépasserais jamais l'écran du langage

Lorsque je pense est-ce que je vois un autre univers que celui qui est structuré par
la parole et peut être les abus arbitraires lexical, grammatical?

Est-ce qu'il y a moyen pour moi de sortir de mes images sensorielles pour aller à la
rencontre des choses

Est-ce qu'il y a pour nous moyen de sortir du langage pour nous placer en surplomb du
langage et atteindre l'être tel qu'il est

La spéculation aristotélicienne est relative à l'aporie liée à la métaphysique

__________________________________________
Connaturalité entre le perceptible et la perception 

L'expérience sensorielle est l'expérience sensorielle des sensibles propres
La vue a pour sensible propre le visible
L'audition a pour sensible propre l'audible
Le toucher a pour sensible propre le tangible

Mais l'expérience des sensible propres pour les êtres doués d'imagination se double de
celle des sensibles communs (ou sensibles invariants) 

Les sensibles communs n'ont pas de réalités sensorielles propres

Ces sensibles communs dérivent de la combinaison de l'imagination de ces sensibles
propres les uns avec les autres

Les sensibles communs sont
1.La grandeur 
2.Le mouvement
3.Le repos
4.Le nombre 
5.La figure 
6.L'unité

Il n'y a pas de capteur sensoriel particulier pour le mouvement ou le repos ...
Il n'y a pas de capteur sensoriel particulier pour un sensible commun

La grandeur et la couleur s'accompagnent toujours

On ne peut envisager de couleur sans grandeur (et vice versa )

L'imagination est la faculté des sensibles communs

L'imagination confère une grandeur à une image tout en ne confédérant pas de grandeur
à une grandeur 

L'imagination confère un sensible commun à une image tout en ne confédérant pas de
sensible commun à un sensible commun

La subjectivité ne tombe pas sur elle même : ce qu'elle représente n'est pas soumis à
représentation (laquelle serait représentée laquelle serait représentée et etc...
à l'infini)

L'imagination nous offre comme idée par exemple que les représentations ont une
grandeur (par exemple la représentation du soleil) mais cette grandeur n'a pas de
grandeur

Cette grandeur n'est pas elle même une représentation 

Si cette grandeur serait une représentation alors l'imagination nous offrirai l'idée
de la grandeur de cette grandeur : ce qui n'est pas le cas

La subjectivité ne met pas en abime ses représentations

Si donc la subjectivité ne tombe pas en elle-même c'est donc qu'elle est ouverte sur
autre chose qu'elle-même 

Elle est donc ouverte sur l'extérieur objectif (ce que donne le sensitif commun est
une idée qui porte sur l'objet représenté et qui n'est pas la représentation de celui-
ci issue du sensitif propre)

Si nous pouvons parler de l'existence de tel objet par le fait que cet objet est capté
par un sensible propre, il s'ensuit que de cet objet nous en possédons donc une
représentation 

Pour Aristote nous avons une imagination qui se démarque de ce que nous représentons
des choses en attribuant une valeur de grandeur, à ce qui est représenté

Cette attribution s'effectue par un morphisme de l'ensemble des représentations issues
des sensibles propres dans l'ensemble des valeurs de grandeurs, de mouvement ou de
repos, de nombre etc... issues des sensibles communs

Ces deux ensembles sont isomorphes

Ces valeurs de grandeurs de mouvement ou de repos, de nombre etc... ne sont pas elles-
même issues d'un sensible propre par conséquent leur valeur d'exactitude comme étant
vraies ne sont pas justifiées par le réel  

Le fait d'attribuer une valeur de grandeur de mouvement ou de repos, de nombre etc...
à ce qui est représenté alors même que cette même valeur est fausse et le fait que
l'ensemble des représentations et l'ensemble des sensibles communs soient isomorphes
induit donc que de même que les valeurs de grandeurs de mouvement ou de repos, de
nombre etc... attribués aux objets sont fausses, il en est de même pour les
représentations 

C'est donc que toute représentation (la quelle est issue d'un sensible propre) n'est
pas conforme à l'objet qui est observé 

Il s'ensuit donc que ce que donne le sensitif commun et le sensitif propre n'est pas
conforme à l'objet

On arrive donc à distinguer (par l'action de l'imagination) ce qui est représenté et
l'objet lui-même

Pour l'être démuni de l'imagination le réel se réduit à ce qu'il perçoit de ses
sensibles propres

Pour l'humain ce n'est pas le cas : il sait que ce qu'il perçoit de ses sensibles
propres n'est pas le réel lui même

Il le sait car ce que lui donne le sensible commun (à savoir la grandeur, le mouvement
ou le repos, le nombre etc... ) et qui ne provient donc pas directement d'un sensible
propre mais de la représentation, parle de l'objet en lui attribuant une valeur qui ne
provient pas elle-même d'une représentation mais par l'image de la représentation dans
l'ensemble des valeurs de grandeur, de mouvement ou de repos, de nombre etc...  

Cette mise en distance par l'imagination de la valeur et de son objet permet la
distinction entre d'une part l'objet et d'autre part ce qui est représenté

__________________________
Connaturalité entre l'intelligible et l'intellection

La pensée pensante est actualisée pensante ne pense pas le non contradictoire comme
possible mais le non contradictoire visité dans son unité sémantique : c'est à dire
l'être

L'objet de l'intellection c'est le non contradictoire envisagé dans son unité
sémantique et qui est l'être

Ce n'est pas la même chose que de penser le non contradictoire comme le possible que
de penser le non contradictoire comme l'être

Dans le premier cas je pense uniquement que ce qui ne se contredit pas et je pense de
ce qui ne se contredit pas malgré tout qu'il peut encore ne pas être

Pour Aristote ce qui se pense comme étant non contradictoire n'est pas que uniquement
possible mais existe bel et bien : c'est à dire qu'il existe et c'est donc l'être

L'être c'est l'objet de l'intellect en acte

L'intellection en acte est la saisie de l'unité sémantique de l'être (c'est la matrice
de toute la métaphysique d'Aristote)

La métaphysique consiste à penser l'être en tant que cet être se trouve étroitement
corrélé au principe tautologique de P OU (exclusif) Non P
 
Il ne s'agit pas de penser l'être comme d'un objet, il s'agit de penser l'être comme
d'un miroir permettant à la pensée de se réfléchir

Il ne s'agit pas d'apprécier l'être comme un objet dont ensuite la pensée pourra à
souhait disposer

Il s'agit de penser l'être en tant qu'être parce que c'est à sa rencontre que la
pensée se voit elle-même

C'est à dire que dans ce projet métaphysique de penser l'être en tant qu'être présenté
en Gamma 1 dans le livre d'Aristote

Au fond il y a un projet aristotélicien beaucoup plus profond qui est d'atteindre à
une sorte de science transcendantale du penser lui même

En pensant l'être en tant qu'être, la pensée s'efforce en fait de se penser elle-même
en train de penser et de s'apprécier dans cet effort réflexif comme objet de science
et donc il s'agit pour la métaphysique de définir les conditions transcendantales de
la pensée comme savoir, comme science

Donc à quelles conditions penser est-il déjà un savoir?

À quelle conditions constitue t-il une proposition savante de ce qui est dans le
respect intellectuel seulement de ne pas se contredire?

C'est l'objet de la métaphysique d'Aristote

Comment se seul principe de non contradiction suffit-il à la déduction non pas du
possible formel mais à la déduction du réel

Comment ce principe de non contradiction suffit-il à établir la déduction non pas de
ce qui ne se contredit pas du simple possible formel mais de la réalité elle-même?

Une pensée du tout y compris d'elle-même constitue l'horizon de toute l'enquête de la
métaphysique aristotélicienne 

L'initiative métaphysique aristotélicienne est une ambition démesurée qui repose sur
le principe de non contradiction

____________________________________
Le rapport étroit entre le logique et l'ontologique 

La pensée contemporaine menée par l'héritage de la philosophie critique qui s'est
développée ces derniers siècles est dominée par l'idée que la pensée ne pourra jamais
rejoindre le réel lui-même et par l'idée que le registre de la subjectivité pensante
est définitivement démarqué, exclus, rejeté de celui de l'expérience objective

Ainsi donc dans cette critique se résume à dire " vous pensez ce que vous voulez mais
pour autant cela n'a aucun rapport avec la réalité" croit-on

cette perspective critique a malheureusement tourné le dos à des acquis fondamentaux
d'Aristote

Aristote ne procède pas du tout ainsi

Pour Aristote les philosophes examinent les axiomes

On voit ici chez Aristote l'aspect transcendantal de la mission du philosophe et qui
est non seulement de penser l'être mais qui est aussi de s'attacher à penser les
principes mêmes de la pensée

La critique qui est faite (entre autre par Lukasiewicz ou Barbara Cassin) du principe
fondamental de la métaphysique (le principe de non contradiction ) est celle de sa non
démontrabilité

Pour Lukasiewicz ce principe relève de l'expérience psychologique                                       

Mais ce qu'il faut voir ici c'est que le caractère non démontrable d'un tel axiome est
justement sa garantie ultime

Pour démontrer la valeur d'un tel axiome il faudrait pouvoir démontrer que sa négation
est contradictoire mais pour démontrer la contradiction de sa négation, il aurait
fallu dans un premier temps proposer l'hypothèse de cette négation

Pour le dire autrement, dans une démonstration par l'absurde où on part d'une
hypothèse, or justement c'est parce qu'il est impossible de partir de l'hypothèse
d'une pensée affranchie du principe de non contradiction qu'on ne peut pas démontrer
l'absurdité de cette hypothèse

Le principe de non contradiction est indémontrable car l'hypothèse inverse est
inenvisageable

Quand l'existence de deux vérités (dont l'existence n'est pas contradictoire pour
chacune d'elles) est contradictoire il faut rechercher à quel principe commun ces deux
vérités se rattachent-t-elles?

Ce travail de recherche de coexistence de vérités consiste à la recherche d'invariants
    
Cette philosophie première, cette métaphysique se définie comme une science qui est 
moins transcendante qu'elle n'est véritablement transcendantale 

C'est à dire que cette philosophie première qui s'attache à l'étude des premières
causes mais aussi des premiers principes, s'efforce de réfléchir aux conditions 
d'objectivité du penser
 
Cette philosophie première est à la fois la connaissance attendue du plus premier, du 
principe le plus sûr parmi tous les premiers principes et en même temps la
connaissance du plus universel

Il y a en fait une tension ici (pour un même savoir) d'être à la fois connaissance du
plus premier et du plus universel  

Nous nous heurtons là à une difficulté majeure

Cette science que nous cherchons est à la rencontre de deux exigences contradictoires

Il est en effet impossible de tenir ensemble la considération du plus universel dans
le principe le plus haut

Ce que nous dit Aristote dans Kappa 2 1160a 26-30
"S'il y a une substance qu'un tel principe par nature que celui que nous cherchons
actuellement et s'il est unique pour l'ensemble des choses, aussi bien pour les
étants éternels que corruptibles, la question se pose de savoir, pourquoi enfin que le
principe est le même, certains êtres qui tombent sous ce principe sont éternels et
d'autres pas"

Aristote se fait ici son propre objecteur, sa propre contradiction

On ne peut pas plaider simultanément une science du premier principe et en même temps
une science qui soit la plus universelle et qui embrasserai la totalité des êtres

On ne peut pas faire tenir la diversité des êtres en un seul principe

De deux choses l'une, ou bien il faut que je sépare la science des premiers principes
et on en fait une sorte de méta-logique et de l'autre côté une science qui s'attache
à la connaissance d'étants distincts mais alors ce moment-là on ne s'intéresse plus à
une science des premiers principes avec celle de l'être, ou bien alors on veut se
tenir à une philosophie première (cette science que nous cherchons) qui serait à la
fois science du premier principe et en même temps de l'être englobant tous les étants
et on s'aperçoit très vite que c'est une science contradictoire

Il n'y a pas de possibilité pour Aristote de prétendre se livrer en fait à partir de
ce premier principe à une sorte de démonstration de tout ce qui ne serait jamais
démontrable, une sorte de démonstration canonique de toutes les démonstrations
possibles

Il n'existe pas de discipline démonstrative de toutes les démonstrations et cela pour
des raisons qui sont très simples, c'est que chaque démonstration définie une 
discipline et que chaque discipline ne se définie que par rapport à un objet
spécifique.

Il est donc aberrant de pouvoir exporter un modèle démonstratif par exemple en 
mathématique sur le terrain de la physique ou une démonstration biologique sur le 
terrain de l'arithmétique, donc chaque discipline est cloisonnée par son objet lequel
objet défini un registre de démonstrations précis

Il n'est donc pas envisageable d'avoir une science universelle et universellement
démonstrative chapeautant, couvrant, toutes les démonstrations qui puissent se
trouver

On est ici confronté à une difficulté de taille c'est que l'acte de naissance de cette
philosophie première est menacée par cette exigence contradictoire d'être à la fois 
philosophie des premiers principes et en même temps discours universel (discours
universel puisque choisissant l'être comme objet le plus universel qui se puisse 
jamais trouver)

Comment peut-on à la fois proposer que la philosophie puisse être science des
principes et science de l'être puisqu'elle ne peut pas être à la fois philosophie
première et philosophie universelle
 
La seule réponse à cette difficulté à savoir comment peut-on envisager un discours qui
soit à la fois le plus universel possible et en même temps le plus premier étant donné
qu'aucun objet ne peut ainsi se proposer comme étant le plus universel et le plus 
principiel, exception faite de l'être en tant qu'être?

La réponse que l'on peut donner simplement, c'est que ce n'est pas à la positivité que
se rencontre le plus premier et le plus universel

Cette rencontre s'effectue donc au négatif

Si ce n'est pas à la présence d'un objet que se rencontre le discours plus premier et
le plus universel, c'est donc à l'absence d'objet

On pourrait rétorquer que cette posture n'est pas compatible avec la lettre d'Aristote
puisque précisément le texte d'Aristote dit bien que la philosophie première a pour
but de penser l'être en tant qu'être et donc on pense bien quelque chose de positif
On répond que non, on pense que bien quelque chose de négatif, on pense bien une
absence

La métaphysique d'Aristote gravite autour d'un absent et non autour de la présence
d'un objet et cet "objet" est l'être en tant qu'être

L'être en tant qu'être n'est pas un objet mais un non-objet

Le thomisme ne se réclame pas de cette opinion, dans cette philosophie là, l'être en 
tant qu'être c'est Dieu (cette confère à Dieu la qualité d'un objet)

Sans y prendre garde la philosophie d'Aristote s'achemine naturellement et à priori
vers une auto-théologie

Ce qu'elle n'est surtout pas

Le premier principe de la pensée n'est pas le principe de non contradiction mais 
plutôt de non de non contradiction 

Ce principe est le principe le plus premier et le plus universel qui se puisse jamais
trouver

Par cette position on repère au fond que le mode d'articulation de la pensée à l'être
repose sur la négation

La question qui vient de suite est la suivante

Comment une science (de surcroit négative) aussi générale de l'être est-elle encore 
crédible à côté de tant de sciences positives et régionalisées et quel serait sa
pertinence?

Qu'est-ce qui nous permet de considérer que le sens peut être encore confié à de la
métaphysique comme discours universel et transcendant toutes les autres sciences
positives et régionales?

Comment une science aussi générale de l'être est-elle possible en regard de toutes
les autres sciences positives qui existent et qui la concurrence dans sa pertinence?

Qu'est-ce qui privilégie et crédite épistémologiquement le discours sur l'être en
général? 

Le privilège épistémologique de la généralité de l'être c'est d'être moins une 
certitude qu'une aporie

Énoncer l'être en tant qu'être n'est pas l'énoncé d'une certitude mais l'énoncé
d'une impasse

L'être en tant qu'être explique l'impasse entre d'un côté une vérité et de l'autre
l'existence

Penser l'être en tant qu'être c'est penser une vérité car on a vu que cette pensée
est soumise au principe de non contradiction

Un autre manière de dire la phrase "l'être en tant qu'être" peut se dire aussi de la 
manière suivante "il y a de l'être"

Si le néant n'est pas, si le non être est faux alors par conséquent n'est vrai que
l'être 

Dans métaphysique E4 d'Aristote pose l'être comme vrai et le non-être comme faux 

La présentation de l'être en tant qu'être c'est finalement la présentation de l'être
comme vrai à savoir : il y a de l'être et il n'y a pas de néant

Cependant si la pensée est vraiment transcendantale elle doit pouvoir assumer la 
totalité de son discours et ne peut pas se contenter de dire "il y a de l'être"
laissant cette dimension là "il y a" de côté sans devoir s'en soucier, elle doit
pouvoir aussi assumer cette dimension là "il y a" dans sa pensée de l'être

Autrement dit le problème fondamental quand il s'agit de penser l'être en tant
qu'être, ça revient en fait à interroger le mode de position de l'être car dire
"il y a" c'est aussi dire l'endroit où se trouve ce "il y a"

De quelle façon la position de l'être s'énonce t-elle? s'appréhende t-elle?

L'être est un universel alors que toute position est particulière 

Quand on déclare ce "il y a" il est donc naturel de se demander:

Où se posera l'être dans cette perspective positionnelle?

Penser l'être en tant qu'être c'est penser l'être hors de tout étant particulier
mais alors comment penser l'être sans qu'aucun étant particulier n'est en mesure de
l'assumer?

Nous déclarons qu'il y a de l'être mais nous sommes jusqu'ici dans l'impossibilité de
proposer un énoncé qui le positionne

Il y a dans le discours de la métaphysique un divorce entre le registre de la vérité et
le registre de l'existence

Cependant ne disons pas que la métaphysique n'a pas d'objet car au moins elle
rencontre comme premier objet une difficulté

La chose sur laquelle se heurte la métaphysique est un problème

La pratique d'Aristote ici est similaire avec la pratique de n'importe quelle science 

Un discours est scientifique à partir du moment où il se heurte à une résistance

Il devient scientifique dès l'instant qu'il assume la dimension de cette résistance

Sinon il s'agit d'un discours idéologique  

Le discours de la métaphysique est bien un discours scientifique

Et quel est ce discours logé à l'absence ou au problème? 

Chez Aristote c'est la sémantique

Le sens est encore possible en l'absence d'un objet

Une des critiques faite à la métaphysique d'Aristote est la suivante

Celle de son échec parce qu'elle avoue que son discours est un discours dialectique (ce
que ne nie pas Aristote)

Il ne nie pas que le discours de la métaphysique  se place dans le terrain de la
dialectique mais nie son échec

Aristote est effectivement amené à confier le discours ontologique à la dialectique

Mais est-ce un échec de la métaphysique pour autant? 

On ne peut encore l'affirmer à moins de montrer que la dialectique d'une part ne puisse
produire aucune vérité et d'autre part si son discours n'est pas pertinent (qu'il ne
mène nul part)  

La dialectique est une déduction exhaustive du champs problématique

Le discours adapté à la prospection problématique c'est la dialectique

Comme il y a une vérité de la problématique on peut donc concevoir qu'il y a une vérité
de la dialectique

La dialectique ne vaut que par la pertinence des problématiques qu'elle va circonscrire

Tant que la pensée de l'être demeure une pensée problématique (une aporie) , elle est
un discours qui s'appelle la dialectique 

Une aporie c'est quoi?

C'est l'embarra qui va naître de deux solutions rivales et exclusives (non 
réconciliables, qui s'excluent l'une de l'autre)

À remarquer la forme énonciative de l'aporie plus que son contenu et qui se présente
toujours sur le mode de l'alternative exclusive P OU(exclusif) NON P dans laquelle  
se joue le principe du tiers exclus

Mais avant de continuer il faut remarquer que ce principe du tiers exclus n'est pas un
principe fondamental que l'on retrouve dans toutes les logiques

La logique intuitionniste (à défaut d'en citer une autre) ne le reconnait pas 

Pour en revenir à la dialectique ce que nous dit Aristote c'est qu'il existe bien un
discours qui prend la problématique pour lui-même discours et c'est la dialectique

La dialectique n'est pas scientifique en ce sens qu'elle n'est pas démonstrative mais 
elle a ceci de pertinent c'est que c'est une éristique (du grec eris, « dispute »,
« querelle », « déesse de la Discorde » et techne, « art », « procédé ») c'est à dire
donc une controverse et l'éristique est l'expression la plus fidèle du principe de non
contradiction

Ce "être en tant qu'être" comme objet en absence si on peut dire à une signification 
très précise : ce que l'être n'est pas un genre
 
L'être n'est pas un étant particulier (étant i.e. être en tant que phénomène qui se
révèle à nous ) mais il n'est pas non plus un genre (genre i.e. classe d'êtres)

Ce qui pose un problème du positionnement de l'être

Ce n'est pas un genre

En effet on ne peut placer l'être en tant que tel dans un ensemble alors qu'un genre va
regrouper toute une classe d'êtres, lequel ensemble pourra lui aussi être une partie 
d'un autre ensemble

Ici l'enjeu du discours va consister à montrer que l'être est autre chose qu'un flatus
vocis c'est à dire un terme vide de sens

Comment pouvons nous faire échapper l'être de la menace qui porte sur lui de n'être ni
plus ni moins qu'un homonyme?

Comment proposer une lecture de l'être qui ne soit pas une lecture homonymique?

C'est de cette question que traite le livre Gamma de la métaphysique d'Aristote

Mais avant d'en arriver là, le problème qui se pose c'est que l'être est refusé comme
genre

Aristote prend ses distances par rapport à Platon

On va pas faire de l'être un archétype platonicien

Il n'y a pas une idée de l'être comme il y a une idée du beau ou du bien

Il n'y a pas une réalité de l'être qui transcenderait l'expérience sensible ou un 
universel de l'être qui voltigerait au-dessus des classes d'êtres

C'est le problème de la métaphysique

Autrement dit si on était resté dans un chemin qui est un schéma purement et simplement
platonicien, il n'y aurait jamais eut de métaphysique à proprement parler     

La bijection prétendue du monde intelligible et du monde sensible est dénoncée par 
Aristote en A 9 

C'est la fameuse critique du troisième homme
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La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie Empty Re: La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie

Message par ijk Lun 9 Nov - 10:16

De ce pavé (un peu lourdingue je le concède) je prétends que le thomisme* 

fait dire à Aristote ce qu'il ne dit pas dans sa métaphysique


On ne peut déduire dans sa métaphysique une quelconque théologie


En ce qui me concerne donc la foi ne procède pas d'un quelconque raisonnement


On l'a ou on ne l'a pas


*Le thomisme est une école de pensée philosophico-théologique inspirée des écrits de saint Thomas d'Aquin consistant principalement en un réalisme philosophique
Stéphane
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La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie Empty Re: La philosophie d'Aristote n'est pas une auto-théologie

Message par Stéphane Mar 10 Nov - 20:58

Bonsoir,

A vos souhaits. Smile

J'ai lu. Mais trop compliqué pour moi dans un 1er temps ! Il faut des bases.....

Bonne soirée.


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