Bonjour,
Je vous partage un texte que je viens de recevoir de la Fraternité Notre-Dame de Montligeon. Parce que je le trouve intéressant. C'est le père Joël Guilbert qui écrit.
Voyez :
"Pour beaucoup, la croyance au purgatoire ça sent un peu la naphtaline.
Est-ce la croyance au purgatoire qui sent la naphtaline, n'est-ce pas plutôt l'homme moderne qui est en train de régresser en se shootant à coup d'émotions, chocs, d'hyperconsommation et de jouissances terrestres, espérant, grâce à ce tourbillon, ne plus pouvoir être confronté à la question de l'au-delà ? Le tsunami de l'esprit du monde est si puissant que les catholiques sont de nos jours placés devant cette alternative :
1. Soit, ils endossent sagement la pensée dominante, auquel cas le monde leur volera leur foi, il n'en restera plus que de vagues valeurs humanistes. Saint Augustin disait : "Dites plutôt clairement que vous ne croyez pas à l'évangile de Jésus-Christ; car vous qui croyez dans l'évangile ce qui vous plaît, qui ne croyez pas ce qui vous déplaît, c'est à vous plus qu'à l'évangile que vous croyez."
2. Soit, le laminage de la pensée imposé par l'esprit du monde obligera les catholiques à redécouvrir le trésor de la foi au sujet du purgatoire et de l'au-delà. Lorsqu'on prend le temps de prêcher sur les fins dernières, on est frappé par la réaction des gens : ils découvrent que la foi de l'Église concernant le purgatoire et l'au-delà est une extraordinaire bonne nouvelle et ce que dit l'Église : "Ça tient la route".
La foi de l'Église à propos du purgatoire n'a donc pas changé, même avec le concile Vatican II ?
Comment voulez-vous que la foi de l'Église change, Dieu ne peut pas changer ! Relisons justement ce qu'en dit le Concile : "En attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté [...] les uns parmi ses disciples continuent sur terre leur pèlerinage, d'autres ayant achevé leur vie, se purifient encore; d'autres enfin sont dans la gloire" (Lumen Gentium, no 49) La foi de l'Église n'a donc pas changé en la matière.
La doctrine du purgatoire n'appartient-elle pas à une "pastorale de la peur" dont l'Église d'aujourd'hui s'est heureusement libérée ?
Le discours de l'Église sur les fins dernières ne vise pas à faire peur, mais à rappeler que notre vie sur terre, "c'est du sérieux", il ne s'y joue pas moins que notre éternité, notre bonheur éternel ou notre malheur éternel. Sur toutes ces questions, il est urgent de réentendre les saints, ces experts en humanité et en théologie. Le bon curé d'Ars disait à ses chers paroissiens : "Le mot toujours fera le bonheur des élus, le mot jamais le malheur des réprouvés."
D'ou vient cette si mauvaise réputation du purgatoire, comment se fait-il que nous n'en comprenions plus la nécessité ?
C'est dans le coeur de l'homme que se trouve ancrée cette mystérieuse exigence de purification. René Girault, un spécialiste du dialogue interreligieux, peinait à comprendre la nécessité des réincarnations dans la sagesse hindoue.
Ce à quoi il lui fut répondu : "Comment pouvez-vous croire que tant de gens qui vivent un peu comme des bêtes, et même sans doute vous et moi, nous serons au terme de notre vie présente parvenus au niveau de Dieu, capables de voir Dieu ! Seuls les grands sages, ceux que l'on dit réalisés, sont parvenus au niveau de Dieu. Vivant leur dernière existence humaine ils sont Dieu sur la terre, et cela est évident dès qu'on les aborde."
Et René Girault de faire ce commentaire :"Je n'ai pour ma part jamais si bien compris qu'alors la nécessité spirituelle de ce que le génie de la théologie chrétienne appelle le purgatoire, qui correspond exactement à la même exigence, avec cette différence seulement que nous attribuons à la grâce de Dieu, et au terme d'une seule vie, ce que l'hindouisme rapporte aux seules forces humaines au long d'un nombre indéfini de vies".
L'historien Guillaume Cuchet évoque dans son dernier livre "une crise de la prédication des fins dernières" dont il fait une des causes de la déchristianisation actuelle, la perte de vue de l'horizon d'éternité pour laquelle nous sommes faits.. D'ou vient cette incapacité à aborder ces questions de manière simple et vivante pour aujourd'hui ?
On ne donne que ce que l'on a ! Un prêtre qui ne vit pas le regard amoureusement tendu vers sa destinée éternelle - "Notre cité se trouve dans les cieux" (Ph3,20) - pourra difficilement toucher les coeurs lorsqu'il aborde la question des fins dernières.
Ces propos du pape Pie XII sont toujours d'actualité :
:"La prédication des fins dernières non seulement n'a rien perdu en nos jours de son opportunité, mais elle est même devenue plus que jamais nécessaire et urgente. Même la prédication sur l'enfer. Sans doute, il faut traiter ce sujet avec dignité et sagesse. Mais quant à la substance de cette vérité, l'Église a devant Dieu et les hommes le devoir sacré de l'annoncer, de l'enseigner, sans aucune atténuation, telle que le Christ l'a révélée."
En fait, on commence véritablement à s'interroger sur la mort, à la méditer, lorsqu'on est confronté pour la première fois avec elle par la mort d'un être cher. Évoquant la mort de sa maman, saint Augustin confesse : "J'ai pleuré ... à cause d'elle et pour elle, à cause de moi et pour moi." Quiconque pleure la mort d'un être cher, pleure du même coup sur sa propre mort, il la "réalise".
Je remarque par ailleurs que notre société, qui cache de manière maladive la mort réelle, fait naître des angoisses terribles est une violence. Lorsque la mort est biffée, une société ne peut plus communier à la vie, la fin de vie faisant partie intégrante de l'existence humaine, la vie devient alors peu à peu lieu de mort.
Comme l'a dit Fabrice Hadjadj, "L'acceptation du mourir peut seule nous faire entrer dans la communion de la vie". Lorsque la mort est niée la vie devient mortelle, lorsque la mort est acceptée, la vie devient vivable, et même enthousiasmante puisqu'on y prépare sa destinée en aimant.
Comment peut-on intercéder pour nos défunts qui peuvent être éventuellement au purgatoire ?
Les moyens à notre disposition pour intercéder pour les âmes du purgatoire sont nombreux : la messe, la prière, le chapelet de la miséricorde, la pénitence, l'offrande dans l'amour des riens du quotidien. La prière et l'offrande pour les âmes du purgatoire est l'une des plus hautes expressions de la charité.
Le curé d"Ars :
"Les âmes du purgatoire sont comme les hirondelles enfermées dans une chambre : elles cherchent partout une issue pour s'envoler au dehors, elles donnent de la tête contre les vitres, contre le plafond, elles tombent de lassitude, puis quand elles se sont un peu reposées, elles se relèvent, recommencent à voler et veulent toujours s'échapper ! Pauvres petites hirondelles ! Pauvres âmes du purgatoire ! Qui leur donnera la liberté après laquelle elles aspirent ? Nous, si leur captivité nous touche."
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par Invité Mer 15 Juil - 10:08
