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Notre Dame de la Salette

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Message par Invité Sam 23 Jan - 17:40

Texte du secret de La Salette

écrit et daté par Mélanie à Castellamare, le 21 novembre 1878
Nihil obstat et Imprimatur Datum Lycii ex Curia Episcopi, die 15 nov.
1879.
Carmelus Archus Cosma. Vicarius Generalis.




La Vierge Marie :

- Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant ne sera pas toujours secret ; vous pourrez
le publier en 1858.

Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs
irrévérences et leur impiété à célébrer les Saints Mystères, par l'amour de l'argent,
l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté.
Oui, les prêtes demandent vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes.
Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leurs infidélités
et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils !
Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le Ciel et appellent vengeance, et
voilà que la vengeance est à leurs portes, car il ne se trouve plus personne pour implorer
miséricorde et pardon pour le peuple ; il n'y a plus d'âmes généreuses, il n'y a plus
personne digne d'offrir la Victime sans tache à l'Éternel en faveur du monde.
 Dieu va frapper d'une manière sans exemple. Malheur aux habitants de la terre ! Dieu
va épuiser sa colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis.
Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le
démon a obscurci leurs intelligences ; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux
diable traînera avec sa queue pour les faire périr.

- Dieu permettra au vieux serpent de mettre des divisions parmi les régnants, dans
toutes les sociétés et dans toutes les familles ; on souffrira des peines physiques et
morales : Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes et enverra des châtiments qui se
succéderont pendant plus de trente-cinq ans.

- La société est à la veille des fléaux les plus terribles et des plus grands événements ; on
doit s'attendre à être gouverné par une verge de fer et à boire le calice de la colère
divine.

- Que le Vicaire de mon Fils, le Souverain Pontife Pie IX, ne sorte plus de Rome après
l'année 1859 ; mais qu'il soit ferme et généreux, qu'il combatte avec les armes de la foi et
de l'amour ; je serai avec lui.

- Qu'il se méfie de Napoléon, son coeur est double, et quand il voudra être à la fois pape
et empereur, bientôt Dieu se retirera de lui ; il est cet aigle qui, voulant toujours s'élever,
tombera sur l'épée dont il voulait se servir pour obliger les peuples à se faire élever.

- L'Italie sera punie de son ambition en voulant secouer le joug du Seigneur ; aussi, elle
sera livrée à la guerre ; le sang coulera de tous les côtés ; les églises seront fermées ou
profanées.

- Les prêtres, les religieux seront chassés ; on les fera mourir, et mourir d'une mort
cruelle. Plusieurs abandonneront la foi, et le nombre des prêtres et des religieux qui se
sépareront de la vraie religion sera grand ; parmi ces personnes, il se trouvera même des
évêques.

- Que le Pape se tienne en garde contre les faiseurs de miracles, car le temps est venu que
les prodiges les plus étonnants auront lieu sur la terre et dans les airs.

- En l'année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l'Enfer ;
ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu ; ils les
aveugleront d'une telle manière, qu'à moins d'une grâce particulière, ces personnes
prendront l'esprit de ces mauvais anges ; plusieurs maisons religieuses perdront
entièrement la foi et perdront beaucoup d'âmes.

- Les mauvais livres abonderont sur la terre et les esprits de ténèbres répandront
partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu ; ils auront
un très grand pouvoir sur la nature ; il y aura des églises pour servir ces esprits. Des
personnes seront transportées d'un lieu à un autre par ces esprits mauvais, et même des
prêtres, parce qu'ils ne seront pas conduits par le bon esprit de l'Évangile, qui est un
esprit d'humilité de charité et de zèle pour la gloire de Dieu.

On fera ressusciter des morts et des justes (c'est à dire que ces morts prendront la figure
des âmes justes qui avaient vécu sur la terre, afin de mieux séduire les hommes ; ces soi-
disant morts ressuscités, qui ne seront autre chose que le démon sous ces figures,
prêcheront un autre Évangile, contraire à celui du vrai Jésus-Christ, niant l'existence du
Ciel, soit encore les âmes des damnés. Toutes ces âmes paraîtront comme unies à leurs
corps).

- Il y aura en tous lieux des prodiges extraordinaires, parce que la vraie foi s'est éteinte
et que la fausse lumière éclaire le monde.
Malheur aux Princes de l'Église, qui ne seront occupé qu'à entasser richesses sur
richesses, qu'à sauvegarder leur autorité et à dominer avec orgueil !

- Le Vicaire de mon Fils aura beaucoup à souffrir, parce que, pour un temps l'Église
sera livrée à de grandes persécutions ; ce sera le temps des ténèbres ; l'Église aura une
crise affreuse.

- La Sainte Foi de Dieu étant oubliée, chaque individu voudra se guider par lui-même et
être supérieur à ses semblables.
On abolira les pouvoirs civils et ecclésiastiques, tout ordre et toute justice seront foulés
aux pieds ; on ne verra qu'homicides, haine, jalousie, mensonge et discorde, sans amour
pour la patrie ni pour la famille.


Le Saint-Père souffrira beaucoup. Je serai avec lui jusqu'à la fin pour recevoir son
sacrifice.

- Les méchants attenteront plusieurs fois à sa vie sans pouvoir nuire à ses jours ; mais ni
lui, ni son successeur...ne verront le triomphe de l'Église de Dieu.

- Les gouvernants civils auront tous le même dessein qui sera d'abolir et de faire
disparaître tout principe religieux, pour faire place au matérialisme, à l'athéisme, au
spiritisme et à toutes sortes de vices.

Dans l'année 1865, on verra l'abomination dans les lieux saints ; dans les couvents, les
fleurs de l'Église seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des coeurs.

Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les
personnes qu'ils doivent recevoir, parce que le démon usera de toute sa malice pour
introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au pêché, car les désordres
et l'amour des plaisirs charnels seront répandus par toute la terre.

 EVENEMENTS PROCHAINS :
 La France, l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre seront en guerre ; le sans coulera dans les
rues ; le Française battra avec le Français, l'Italien avec l'Italien ; ensuite, il y aura une
guerre (civile) générale qui sera épouvantable. Pour un temps, Dieu ne se souviendra
plus de la France, ni de l'Italie, parce que l'Evangile de Jésus-Christ n'est plus connu.
Les méchants déploieront toute leur malice ; on se tuera, on se massacrera mutuellement
jusque dans les maisons. Au premier coup de son épée foudroyante, les montagnes et la
nature entière trembleront d'épouvante, parce que les désordres et les crimes des
hommes percent la voûte des cieux. Paris sera brûlé et Marseille englouti ; plusieurs
grandes villes seront ébranlées et englouties par des tremblements de terre ; on croira
que tout est perdu ; on ne verra qu'homicide, on n'entendra que bruits d'armes et que
blasphèmes. Les justes souffriront beaucoup ; leurs prières, leur pénitence et leur larmes
monteront jusqu'au Ciel, et tout le peuple de Dieu demandera pardon et miséricorde, et
demandera mon aide et mon intercession. Alors, Jésus-Christ, par un acte de sa justice
et de sa grande miséricorde pour les justes, commandera à ses anges que tous ses
ennemis soient mis à mort. Tout à coup, les persécuteurs de l'Eglise de Jésus-Christ et
tous les hommes adonnés au pêché périront, et la terre deviendra comme un désert.
Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi,
adoré et glorifié ; la charité fleurira partout. Les nouveaux rois seront le bras droit de la
Sainte Eglise qui sera forte, humble, pieuse, pauvre, zélée et imitatrice des vertus de
Jésus-Christ. L'Evangile sera prêché partout, et les hommes feront de grands progrès
dans la foi, parce qu'il y aura unité parmi les ouvrier de Jésus-Christ et que les hommes
vivront dans la crainte de Dieu. Cette paix parmi les hommes ne sera pas longue ; vingt-
cinq ans d'abondantes récoltes leur feront oublier que les péchés des hommes sont cause
de toutes les peines qui arrivent sur la terre.

 EVENEMENTS LOINTAINS :

 Un avant-coureur de l'antéchrist, avec ses troupes de plusieurs nations combattra
contre le vrai Christ, le seul Sauveur du monde ; il répandra beaucoup de sang et
voudra anéantir le culte de Dieu pour se faire regarder comme un dieu. La terre sera
frappée de toutes sortes de plaies (outre la peste et la famine, qui seront générales) ; il y
aura des guerres jusqu'à la dernière guerre qui sera alors faite par les dix rois de
l'antéchrist, lesquels rois auront tous un même dessein et seront les seuls qui
gouverneront le monde. Avant que ceci arrive, il y aura une espèce de fausse paix dans le
monde ; on ne pensera qu'à se divertir ; les méchants se livreront à toutes sortes de
pêchés ; mais les enfants de la Sainte Eglise, les enfants de la foi, mes vrais imitateurs
croîtrons dans l'amour de Dieu et dans les vertus qui me sont les plus chères. Heureuses
les âmes humbles, conduites par l'Esprit-Saint ! Je combattrai avec elles jusqu'à ce
qu'elles arrivent à la plénitude de l'âge. La nature demande vengeance pour les hommes,
et elle frémit d'épouvante dans l'attente de ce qui doit arriver à la terre souillée de
crimes. Tremblez, terre, et vous qui faites profession de servir Jésus-Christ et qui, au-
dedans, vous adorez vous-même ; tremblez, car Dieu va vous livrer à son ennemi, parce
que les lieux saints sont dans la corruption ; beaucoup de couvents ne sont plus les
maisons de Dieu, mais les pâturages d'Asmodée et des siens. Ce sera pendant ce temps
que naîtra l'antéchrist, d'une religieuse hébraïque, d'une fausse vierge qui aura
communication avec le vieux serpent, le maître de l'impureté ; son père sera évêque. En
naissant, il vomira des blasphèmes, il aura des dents ; en un mot, ce sera le diable
incarné ; il poussera des cris effraynts, il fera des prodiges, il ne se nourrira que
d'impuretés. Il aura des frères qui, quoiqu'ils ne soient pas comme lui des démons
incarnés, seront des enfants de mal ; à douze ans, ils se feront remarquer par leurs
vaillantes victoires qu'ils remporteront ; bientôt, ils seront chacun à la tête des armées,
assistés par des légions de l'enfer. Les saisons seront changées, la terre ne produira que
de mauvais fruits, les astres perdront leurs mouvements réguliers, la lune ne reflétera
qu'une faible lumière rougeâtre ; l'eau et le feu donneront au globe de la terre des
mouvements convulsifs et d'horribles tremblements de terre qui feront engloutir des
montagnes, des villes, etc... Rome perdra la foi et deviendra le siège de l'antéchrist. Les
démons de l'air avec l'antéchrist feront de grands prodiges sur la terre et dans les airs et
les hommes se pervertiront de plus en plus. Dieu aura soin de ses fidèles serviteurs et des
hommes de bonne volonté ; l'Evangile sera prêché partout ; tous les peuples et toutes les
nations auront connaissance de la vérité ! J'adresse un pressant appel à la terre ;
j'appelle les vrais disciples du Dieu vivant et régnant dans les cieux ; j'appelle les vrais
imitateurs du Christ fait homme, le seul et vrai Sauveur des hommes ; j'appelle mes
enfants, mes vrais dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que je les conduise à mon
divin Fils, ceux que je porte pour ainsi dire dans mes bras, ceux qui ont vécu de mon
esprit.

 Enfin, j'appelle les Apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ qui
ont vécu dans un mépris du monde et d'eux-mêmes, dans la pauvreté et dans l'humilité,
dans le mépris et le silence, dans l'oraison et dans la mortification, dans la chasteté et
dans l'union avec Dieu, dans la souffrance et inconnus du monde.
 Il est temps qu'ils sortent et vienne éclairer la terre. Allez et montrez-vous comme mes
enfants chéris ; je suis avec vous en vous pourvu que votre foi soit la lumière qui vous
éclaire dans ces jours de malheurs.

Que votre zèle vous rende comme des affamés pour la gloire et l'hommeur de Jésus-
Christ. Combattez, enfants de lumière, vous petit nombre qui y voyez ; car voici le temps
des temps, la fin des fins. L'Eglise sera éclipsée, le monde sera dans la consternation.
Mais voilà Enoch et Elie remplis de l'Esprit de Dieu ; ils prêcheront avec la force de
Dieu et les hommes de bonne volonté croiront en Dieu, et beaucoup d'âmes seront
consolées ; ils feront de grands progrès par la vertu du Saint-Esprit et condamneront les
erreurs diaboliques de l'antéchrist. Malheur aux habitants de la terre ! il y aura des
guerres sanglantes et des famines, des pestes et des maladies contagieuses ; il y aura des
pluies d'une grêle effroyable ; des tonnerres qui ébranleront des villes ; des
tremblements de terre qui engloutiront des pays ; on entendra des voix dans les aires ;
les hommes se battront la tête contre les murailles ; ils appelleront la mort et, d'un autre
côté, la mort sera leur supplice ; le sang coulera de tous côtés. Qui pourra vaincre, si
Dieu ne diminue le temps de l'épreuve ? Par le sang, les larmes et les prières des justes,
Dieu se laissera fléchir ; Enoch et Elie seront mis à mort ; Rome païenne disparaîtra ; le
feu du Ciel tombera et consumera trois villes ; tout l'univers sera frappé de terreur, et
beaucoup se laisseront séduire parce qu'ils n'ont pas adoré le vrai Christ vivant parmi
eux. Il est temps ; le soleil s'obscurcit ; la foi seule vivra. Voici le temps ; l'abîme s'ouvre.
Voici le roi des rois des ténèbres. Voici la bête avec ses sujets, se disant le sauveur du
monde. Il s'élèvera avec orgueil dans les airs pour aller jusqu'au Ciel ; il sera étouffé par
le souffle de Saint Michel Archange. Il tombera, et la terre qui, depuis trois jours, sera
en de continuelles évolutions, ouvrira son sein plein de feu ; il sera plongé pour jamais
avec tous les siens dans les gouffres éternels de l'enfer. Alors, l'eau et le feu purifieront la
terre et consumeront toutes les oeuvres de l'orgueil de l'homme, et tout sera renouvelé
:Dieu sera servi et glorifié.

Maximin Giraud

Maximin Giraud est né à Corps, le 26 août 1835. Sa mère Anne-

Marie Templier est du pays. Son père Germain Giraud est venu

d'un canton proche. Maximin n'a que dix-sept mois lorsque sa

mère meurt, laissant aussi une fille de huit ans, Angélique. Peu

après, Monsieur Giraud se remarie. Maximin va pousser vaille

que vaille: le charron est à l'atelier, ou au bistrot; sa femme n'a

pas d'attirance pour ce gamin vif, insouciant, que ne traîne pas à

la maison, préférant se balader dans les rues de Corps autour

des diligences et des pataches, ou courir les chemins avec sa

chèvre et son chien. Le gamin est volontiers espiègle. L'oeil vif

sous une tignasse noire, et la langue bien pendue. Pendant

l'Apparition, tandis que la Belle Dame s'adresse à Mélanie, il fait

tourner son chapeau sur le sommet de son bâton, ou, de l'autre

bout, pousse des cailoux vers les pieds de la Belle Dame. "Pas un

ne l'a touchée!" répondra-t-il sans gêne aux enquêteurs. Cordial dès qu'il se sent

vraiment aimé. Malicieux quand on veut le récupérer.

Son adolescence a été difficile. Dans les trois années qui suivent celle de l'Apparition, il

perd son demi frère Jean-François, sa belle-mère Marie Court et son père le charron

Giraud. Il est mis sous la tutelle du frère de sa mère, l'oncle Templier, homme rude et

intéressé. A l'école, ses progrès sont modestes. La Soeur Sainte Thècle qui veille sur lui

l'appelle "le mouvement perpétuel." Ajoutez à cela les pressions exercées par les

pèlerins et les curieux.

Dans ces circonstances, quelques illuminés légitimistes, partisans d'un soi-disant fils de

Louis XVI, veulent l'utiliser à des fins politiques. Maximin les mystifie avec des

balivernes. Contre les conseils du curé de Corps et outrepassant l'interdiction de

l'évêque de Grenoble, ils emmènent l'adolescent à Ars. Celui-ci n'aime pas leur

compagnie mais apprécie l'occasion de voir du pays. ils sont reçus par l'imprévisible

abbé Raymond, qui, d'entrée, traite La Salette de supercherie et les voyantes de

menteurs.

Durant la matinée du 25 septembre 1850, le curé d'Ars rencontre deux fois Maximin,

dans la sacristie puis au confessional, mais sans confession. Qu'a pu ranconter

l'adolescent exaspéré? Le résultat est que durant des années le saint curé ne cessera de

douter et de souffrir. Après le mandement du 19 septembre 1851, il renverra ses

interlocuteurs au jugement de l'évêque responsable. Il mettra plusieurs années avant d'y

acquiescer lui-même, et de retrouver la paix. Quant à Maximin, tout en affirmant qu'il

ne s'est jamais démenti il aura bien du mal à justifier son comportement. Il suffit

d'énumérer les lieux où il est passé pour réaliser à quel point le jeune homme a été

trimballé. Du petit séminaire de Grenoble ( Le Rondeau) à la Grande Chartreuse, de la

cure de Seyssin à Rome. De Dax et Aire-sur-Adour au Vésinet, puis au collège de

Tonnerre, à Petit Juy en Josas près de Versailles et à Paris. Séminariste, aide dans un

hospice, étudiant en médecine, ratant son baccalauréat, il travaille dans une pharmacie,

s'engage comme zouave pontifical, résilie son contrat au bout de six mois et retourne à

paris. Le jounal "La Vie Parisienne" ayant attaqué La Salette et les deux voyants,

Maximin porte plainte et obtient un rectificatif.

En 1866, il publie un opuscule "Ma profession de foi sur l'apparition de Notre Dame de

La Salette". Durant cette période, M. et Mme Jourdain, un couple tout dévoué à son

service, lui assure un semblant de stabilité et paie ses dettes au risque de se ruiner.

Maximin accepte alors d'être l'associé d'un marchand de liqueurs qui utilise sa notoriété

pour augmenter ses ventes. L'imprévoyant Maximin n'y trouve pas son compte. En

1870, il est mobilisé au Fort Barrau à Grenoble. Enfin il rejoint Corps où viennent le

retrouver les époux Jourdain. Tous trois vivent pauvrement, aidés par les Pères du

Sanctuaire avec l'accord de l'évêché.

En novembre 1874, Maximin monte au pèlerinage de La Salette. Devant un auditoire

particulièrement attentif et ému, il refait le récit de l'Apparition comme au premier

jour. Ce sera la dernière fois. Le 2 février 1875, il se rend aussi pour la dernière fois à

l'église paroissiale. Le soir du 1 er mars, Maximin se confesse, reçoit la sainte

communion et boit un peu d'eau de La Salette pour avaler l'hostie. Cinq minutes plus

tard, il rend son âme à Dieu. Il n'a pas encore quarante ans. Sa dépouille repose au

cimetière de Corps mais son coeur est dans la basilique de La Salette près de la console

de l'orgue. C'était sa dernière volonté, pour marquer son attachement à l'Apparition:

 "Je crois fermement, même au prix de mon sang, à la célèbre Apparition de la Très Sainte

Vierge sur la Sainte Montagne de La Salette, le 19 septembre 1846, Apparition que j'ai

défendue par paroles, par écrits et par souffrances. Dans ces sentiments, je donne mon

coeur à Notre Dame de La Salette."

Par le même testament, ce pauvre n'avait plus rien à léguer que sa fidélité à la foi de

l'Église. Le gamin attachant et instable qu'il est toujours resté, a enfin trouvé, près de la

Belle Dame, l'affection et paix de Dieu.

Mélanie Calvat

Mélanie est née à Corps, le 7 novembre 1831, dans une famille

nombreuse. Le père, Pierre Calvat, connu comme scieur de long,

s'adapte en fait à toute offre de travail. La mère, Julie Barnaud,

aura de lui dix enfants. Mélanie est la quatrième. on est pauvre au

point d'envoyer parfois les petits mendier. Toute jeune, Mélaine

est "placée" pour garder les vaches, chez des paysans des

environs. Du printemps 1846 à la fin de l'automne la voici chez

Jean-Baptiste Pra, aux Ablandins, l'un des hameaux du village de

La Salette. Le voisin de Pra s'appelle Pierre Selme. C'est lui qui a

embauché - une semaine seulement - le remuant Maximin pour

remplacer son berger malade. Face à ce jeune bavard, Mélanie,

timide et taciturne, reste sur ses gardes. Pourtant les deux enfants

ont des points communs.

Nés à Corps où résident leurs familles, ils ne se connaissent pas, étant donné les très

longues absences de la bergère. Tous deux parlent le patois local et ne connaissent que

quelques bribes de français. Ni école, ni catéchisme: ils ne savent ni lire, ni écrire. Le

père de Mélanie est en constante recherche de travail. Sa mère est surchargée par les

soucis de toute sa famille. Il reste peu de place à l'affection.

Au jour de l'Apparition, ce que caractérise Mélanie, comme Maximin, c'est la pauvreté:

pauvres de biens, pauvres de savoir, pauvres d'affection. Le fait aussi qu'ils sont

totalement dépendants. Ce sont des "cires vierges" que l'événement va marquer

définitivement de son empreinte, tout en respectant leurs caractères. Mélanie est en effet

bien différente de son compagnon de rencontre. Elle vit chez des étrangers et ne connaît

sa famille que durant les mois difficites de l'hiver, où l'on a faim et froid. Rien

d'étonnant qu'elle soit timide et renfermée. "Elle ne répondait que par oui ou par non"

témoigne son maître. Jean-Baptiste Pra. Par la suite, elle répondra clairement et

simplement aux questions concernant le fait de La Salette. Elle reste quatre ans chez les

Soeurs de la Providence. Elle a peu de mémoire et moins d'aptitude encore que Maximin

pour étudier. Dès novembre 1847, sa directrice craignait déjà que Mélanie "ne tirat

vanité de la position que l'événement lui a faite". Devenue postulante puis novice dans la

même Congrégation, objet d'attentions et de prévenances de la part de nombreux

visiteurs, elle s'attache à ses propres manières de voir. Pour ces raisons, le nouvel évêque

de Grenoble, tout en reconnaissant sa piété et son dévouement, refuse de l'admettre aux

voeux "pour la former... à la pratique de l'humilité et de la simplicité chrétiennes".

Malheureusement, Mélanie prête alors l'oreille à des personnes "inquiètes et malades",

imbues de prophéties populaires et de théories pseudo-apocalyptiques et pseudo-

mystiques.

Elle en restera marquée tout au long de sa vie. Pour donner crédit à ses affirmations, elle

les relie au secret qu'elle a reçu de la Belle Dame. Un examen tant soit peu attentif de ce

qu'elle dit et écrit montre les différences irréductibles avec les signes et les paroles de

Marie à La Salette. Mélanie, ses problèmes et ses fantasmes, sont devenus le centre de

son discours: à travers ses prophéties, elle règle ses comptes avec ceux qui opposent

quelque résistance à ses projets: elle exprime son refus de la société ou du milieu où elle

a des problèmes. Elle se recrée un passé imaginaire où sont exorcisées les frustrations

dont elle a été victime dans son enfance. Dès 1854, Mgr. Ginoulhiac écrit: "les

prédictions qu'on prête à Mélanie... n'ont pas de fondement, elles sont sans importance

par rapport au Fait de La Salette... elles sont postérieures à ce Fait et n'ont aucune

liaison avec lui". Et l'évêque de remarquer: "La plus grande liberté a été laissée aux

enfants de se démentir et ils n'ont pas varié leur langage sur la vérité du Fait de La

Salette".

Dans cette optique, Mgr. Ginoulhiac proclamera, le 19 septembre 1855, sur la Sainte

Montagne: "La mission des bergers est finie, celle de l'Église commence".

Malheureusement Mélanie poursuivra ses divagations prophétiques, orchestrées plus

tard par le talent fulgurant d'un Léon Bloy, créant un courant "mélaniste" qui se veut

rattaché à La Salette mais que n'a d'autre base que les affirmations incontrôlables de

Mélanie.

On est à mille lieues des fondements historiques de l'Apparition. Quant au contenu,

malgré son vernis religieux, il n'a pratiquement rien à voir avec les vérités de la foi de

l'église, rappelées par Marie à La Salette. On quitte le domaine de la foi pour celui,

instable, contestable et stérile, des croyances. Ce genre de littérature éloigne de la foi au

lieu de la favoriser. En 1854, un prêtre anglais emmène Mélanie en Angleterre. L'année

suivant, elle entre au Carmel de Darlington, y fait profession temporaire en 1856 mais

en repart en 1860.

Autre tentative chez les Soeurs de la Compassion de Marseille: après un séjour dans leur

maison de Céphalonie (Grèce) et un passage au Carmel de Marseille, elle revient à la

Compassion pour peu de temps.

Après quelques jours à Corps et à La Salette, elle s'établit en Italie, à Castellamare di

Stabia, près de Naples. Elle y reste dix-sept ans, écrivant ses "secrets" et une règle pour

une éventuelle fondation. Le Vatican prie l'évêque du lieu de lui interdire ce genre de

publication, mais elle cherche obstinément d'autres appuis et imprimatur, jusqu'au

maître du Sacré Palais, Mgr. Lepid. Cela ne représente pas une approbation, même

voilée. Et l'autorité à laquelle Mélanie se réfère n'est pas compétent. Après un séjour

dans le midi, à Cannes, nous retrouvons Mélanie à Chalon-sur-Saône où, toujours en

quête de fondation, soutenue par le chanoine de Brandt d'Amiens, elle se trouve en

procès, avec Mgr. Perraud, évêque d'Autun.

Le Saint Siège, saisi de l'affaire, donne raison à l'évêque. En 1892, elle retourne en Italie,

près de Lecce, puis à Messine en Sicile, sur l'invitation du chanoine Annibale di Francia.

Après quelques mois dans le Piémont, elle vient s'établir chez l'abbé Combe, curé de

Diou, dans l'Allier, un prêtre passionné de prophéties politico-religieuses. Elle finit d'y

rédiger une autobiographie pour le moins romancée, où elle se réinvente une enfance

extraordinaire, mêlée de considérations pseudo-mystiques, reflets de ses propres

fantasmes et des chimères de ses correspondants. Les messages que délivre alors

Mélanie et qu'elle veut rattacher à La Salette n'ont vraiment rien à voir avec son

témoignage primitif sur l'Apparition.

D'ailleurs quand on en revient avec elle au fait du 19 septembre 1846, elle retrouve la

simplicité et la clarté de son premier récit, concordant avec celui de Maximin. Et ceci

d'une manière constante.

Ainsi, lors de son passage sur la Sainte Montagne les 18 et 19 septembre 1902. Elle

retourne en Italie méridionale, à Altamura près de Bari. Elle y meurt le 14 décembre

1904. Elle repose sous une stèle de marbre où un petit bas-relief montre la Vierge

accueillant la bergère de La Salette au ciel.

Une chose est certaine: au terme de toutes ses errances, il est un point sur lequel Mélanie

n'a jamais varié: le témoignage qu'avec Maximin, elle a donné au soir du 19 septembre

1846, dans la cuisine de Jean-Baptiste Pra aux Ablandins. Et durant toute l'enquête

menée par Mgr. Philibert de Bruillard, reprise et confirmée par celle de Mgr.

Ginoulhiac. Dans une vie difficile, Mélanie est restée pauvre et pieuse, et fidèle à son

premier témoignage.
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