Pavillon Mère Anselme-Marie
L’antichambre du paradis
Aux confins de la ville de Montréal existe un lieu où les vivants vivent leur mort dans la sérénité et la dignité. Un lieu où ils sont accompagnés jusqu’aux portes du paradis. Un lieu où la beauté est omniprésente et où la nature fait sentir sa présence. Un lieu où les bénévoles et les professionnels de la santé sont comme des anges qui veillent sur ceux qui, tels des pèlerins, se préparent pour le dernier grand voyage. Un lieu dont l’âme est une religieuse au sourire éclatant qui aime la vie et son Créateur.
L’Oasis de paix, tel est le nom que porte ce lieu. Il s’agit du centre privé de soins palliatifs de 36 lits mis sur pied par les Sœurs de Charité Sainte-Marie, une communauté fondée en 1871 par mère Marie Louise Angélique Clarac. Situé tout près de la rivière des Prairies, dans le nord-est de la ville de Montréal, il est dirigé par sœur Pierre-Anne Mandato. C’est elle qui nous accueille au matin de son anniversaire de naissance.
Malgré l’heure matinale (il est 9 heures), l’entrevue débute tout juste après une réunion à laquelle participait sœur Mandato. Ses journées sont très occupées et son agenda bien rempli.
Pas assez toutefois pour négliger la prière. «Malgré toutes nos activités, les sœurs se réunissent trois fois par jour pour prier. Tous les jeudis et les dimanches, nous avons une heure d’adoration. La prière, c’est notre force!» me confie-t-elle.
De la force, il en faut pour accomplir la mission que les sœurs se sont donnée. Accompagner des personnes en fin de vie et leur famille n’est pas une chose banale. La mort, elles la côtoient tous les jours. Pourtant, ici, la paix et le calme règnent. Même la mort prend son temps.
Mourir dans la sérénité
«Le but des soins palliatifs tels que nous les définissons est de permettre aux personnes d’avoir le temps de faire le deuil de leur vie. Ici, nous soulageons leurs douleurs, nous les entourons d’amour, de compassion, de compréhension. Les patients ne veulent plus mourir, même ceux qui avaient pensé se prévaloir de la loi concernant les soins de fin de vie. Cette loi, pour nous, n’est pas un problème, car lorsque les personnes arrivent ici, au bout d’un certain temps, ils disent: “Ici, nous sommes au pré-paradis.”»
On parle beaucoup de la dignité, mais très peu de la sérénité. Pour moi, la sérénité englobe la dignité. Si la personne peut partir dans l’autre monde sereinement, elle meurt dignement.
Le processus du deuil de sa propre vie est long et, souvent, difficile. «Lorsque les personnes en fin de vie font leur entrée à l’Oasis de paix, certaines sont dans un état de révolte. D’autres sont résignées, mais pas nécessairement dans un état d’acceptation. Passer de la révolte à la résignation, de la résignation à l’acceptation sereine prend du temps. On parle beaucoup de la dignité, mais très peu de la sérénité. Pour moi, la sérénité englobe la dignité. Si la personne peut partir dans l’autre monde sereinement, elle meurt dignement.»
Le temps permet également aux malades de vivre des réconciliations avec leur famille. L’inverse est aussi vrai. «Souvent, leurs proches veulent les remercier pour tout ce qu’ils ont apporté dans leur vie», souligne sœur Pierre-Anne.Pas étonnant, donc, qu’à l’Oasis de paix les sœurs, les bénévoles et les professionnels de la santé soient les témoins de véritables petits miracles. «Le fils d’un homme qui est mort à l’Oasis de paix nous a confié que son père avait vécu ici les plus beaux moments de sa vie! L’autre jour, une dame m’a dit: “Moi, je vais rester ici pour toujours, comme l’ange qui est dans le jardin!” Une autre fois, c’est une dame qui me demande: “Est-ce que j’ai le droit de dire que je suis heureuse? Je suis en fin de vie, je le sais, mais ici, je suis heureuse!”»
Sœur Mandato me confie que Mgr Jean-Claude Turcotte, qui est décédé en ces lieux, ne tarissait pas d’éloges envers l’Oasis et son personnel. «Il voulait qu’on le surnomme Mgr Turcotte-Clarac!»
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par Yves Casgrain
Yves est un missionnaire dans l’âme, spécialiste de renom des sectes et de leurs effets. Journaliste depuis plus de vingt-cinq ans, il aime entrer en dialogue avec les athées, les indifférents et ceux qui adhèrent à une foi différente de la sienne.