L’Épiphanie : la manifestation de Dieu
Publié le 4 janvier 2020 par Roland Cazalis, compagnon jésuite
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Publié le 4 janvier 2020 par Roland Cazalis, compagnon jésuite
La fête de l’épiphanie est la manifestation de Dieu aux nations. Ces dernières sont symbolisées par des sages des peuples alentours.
La manifestation de Dieu, mais du Dieu qui a pris la chair du monde, du Dieu qui devient solidaire de la chair du monde.
Désormais, tout ce que nous ressentons est ressenti par lui, et tout ce qu’il ressent devrait être ressenti pour nous quand nous sommes solidaires du monde.
Alors, dans l’événement de l’épiphanie, Dieu se manifeste dans le monde sous les traits de la vulnérabilité et de toutes les promesses : voilà le contraste du nouveau-né. Tous les parents ont fait cette expérience : fragilité et promesse.
Une promesse qu’il faut accompagner et porter pour qu’elle se manifeste, pour qu’elle s’accomplisse en son temps.
Dans le texte de Mathieu, la manifestation de Dieu au monde, ou la théophanie comme disent les Grecs, est aussi une visitation, au sens où, ce sont les mages qui se déplacent pour voir celui qui est venu au monde ; mais en même temps, ce sont eux qui sont visités par la grâce. Elle se manifeste par la joie qu’ils éprouvent en le voyant.
Le voir, c’est le recevoir, lui rendre grâce. Ils le manifestent par les présents qu’ils lui offrent.
Le mot « mage », qui a donné le mot « magos » en grec , originellement est le nom donné par les Babyloniens (chaldéens), Mèdes, Perses et autres nations des environs aux sages, aux inspirés, médecins, astrologues, interpréteurs de rêve, interpréteurs d’augures, devins, sorciers, etc.
Bref, tous ces gens qui avaient un charisme, qui dans le passé et toujours dans le présent, ont les sens ouverts de manière très particulière, et donc étaient et sont chargés de prendre soin des autres en utilisant ce don particulier pour le bien commun.
Des gens, ayant les sens ouverts et attentifs à ce qui survient.
À ce propos, l’évangile de Mathieu met en scène trois catégories de gens.
Il y a ceux qui savent, c.-à-d., ceux qui connaissent les textes, les prophéties, ce que l’on nomme les Écritures. Néanmoins, nous ne sommes pas convaincus qu’ils sont très désireux de l’accomplissement des Écritures.
Il y a ceux qui ont les sens ouverts et attentifs à ce qui survient. Alors, ceux-là ont vu se lever une étoile remarquable, signe d’une grande et bonne nouvelle.
Que peut être cette bonne nouvelle, sinon une naissance ? L’avènement de quelqu’un qui va marquer l’histoire de l’humanité.
Ces sages se mettent en route avec empressement et espérance. Ils suivent cette étoile si particulière pour voir sur quelle contrée elle va se stabiliser, indiquant par là même, le lieu et le peuple au sein duquel l’événement a lieu, sachant que cet événement dépassera le cadre du peuple où il a lieu.
Ils veulent voir l’événement de leurs yeux, c.-à-d., le contempler.
Néanmoins, ils ont besoin de la science de ceux qui connaissent les Écritures, c.-à-d. les grands prêtres, les scribes du peuple, pour connaître avec précision de qui il s’agit, et du lieu précis où l’événement a lieu, ce que l’étoile ne peut pas préciser. L’étoile n’est qu’un signe.
Le troisième groupe est représenté par Hérode le Grand et sa cour, ceux en qui cet événement sème le trouble.
Paradoxalement, c’est Hérode qui se transforme en médiateur entre ceux qui savent et ceux qui manifestent un désir en se mettant en route.
Tout est déjà dit de ces trois groupes d’hommes que nous allons retrouver tout au long des différents évangiles : ceux qui savent, ceux qui ont le désir, et ceux qui veulent tirer parti des deux premiers groupes pour parvenir à leur fin.
Toute la trajectoire humaine est scénarisée dans l’itinéraire de ces trois groupes.
Pour ceux qui font partie du groupe de ceux qui ont le désir, tout l’enjeu pour eux sera de se déplacer de là où ils se trouvent, y compris de leur interprétation des Écritures, pour aller contempler, à l’instar des sages, l’accomplissement des Écritures, autrement dit, celui qui devient Écriture vivante, celui qui prend la chair du monde.
En d’autres termes, de la perspective de l’Épiphanie, l’itinéraire humain, en matière de sens, peut s’envisager comme le passage des certitudes ou des doutes et des interrogations, à la vie, au monde de la vie qui est nécessairement rencontre, visitation, théophanie, c.-à-d. biophanie.
Pour cela, ils doivent être habités par ce désir de voir, ce désir de rendre grâce, au-delà de ce qui fait signe.
Voilà l’invitation que nous lance cette fête de l’épiphanie au seuil de cette nouvelle année.
Une nouvelle année que je vous souhaite la meilleure par rapport à ce qu’il faut à chacun, et que brille pour vous votre bonne étoile.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
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