Recteur d’un sanctuaire marial en Italie et exorciste depuis 25 ans au diocèse de Beauvais et de Modène, le père Paul Marie est également président de l’Association internationale pour la Délivrance (IAD). Il revient pour Aleteia sur le sens de la Toussaint et du Jour des morts.
Aleteia : Les 1er et le 2 novembre sont, dans l’Église, des journées consacrées aux saints et aux défunts. Comment en comprendre le sens ?
Père Paul Marie : Le 1er novembre, jour de la Toussaint, nous fêtons les saints qui sont dans la gloire du ciel. Intercesseurs auprès du Bon Dieu, nous les prions pour qu’ils nous aident et nous portent secours. Alors que le 2 novembre, jour de commémoration des fidèles défunts, nous prions pour nos morts en suppliant le Seigneur de les accueillir dans la miséricorde. Ces deux fêtes reposent sur une tradition de l’Église catholique et sur une vérité de théologie : nous sommes tous solidaires, les chrétiens du ciel, du purgatoire et de la terre : c’est ce qu’on appelle la « communion des saints ». Pour mémoire, c’est le pape Grégoire IV qui a fixé la Toussaint au VIIIe siècle, et Odilon de Cluny, en 1048, a fait du 2 novembre le Jour des morts.
Qu’est-ce que la communion des saints ?
La communion des saints, c’est la solidarité dans le Christ, le fait qu’on peut s’entraider surnaturellement. Grâce à Jésus, nous sommes unis les uns aux autres : c’est la réalité du « corps mystique » qui demeure au-delà de la mort. Ainsi, entre l’Église triomphante du ciel, l’Église souffrante du purgatoire et l’Église combattante de la terre, il y a une charité fraternelle qui s’exerce entre tous. C’est ce lien de charité que nous avons avec nos défunts — qui demeure au-delà de l’espace et du temps — que nous fêtons le jour de la Toussaint.
Beaucoup vont au cimetière ce jour-là, pourquoi ?
Qu’on le veuille ou pas, nous sommes liés à nos morts, et le cimetière nous remet devant cette vérité : nous retournerons à la terre et notre vie dépend de Dieu qui nous rappelle à Lui, quand Il le veut. C’est aussi une attitude filiale : nous avons tout reçu de nos ancêtres, nous avons une dette immense à leur égard. C’est grâce à eux que nous existons, et comme chrétiens, nous sommes promis à une une vie bienheureuse dans l’éternité. En allant au cimetière, nous faisons mémoire d’eux et prions pour eux, ce qui est une façon de leur rendre les bienfaits que nous leur devons.
On peut aussi avoir envie de « parler » à un proche disparu, qu’en pensez-vous ?
Cette pratique, pour le chrétien, est impossible. Dans l’Écriture — qui est la « règle de vie » des chrétiens — il est clairement interdit d’entrer en dialogue avec les morts. Alors que le peuple chemine dans le désert, Dieu lui demande de ne pas prendre les coutumes des nations païennes qui l’entourent. Le chapitre 18 (versets 9 et suivants) du Deutéronome est très explicite : « Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne […] qu’on ne trouve chez toi […] personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel ». La parole de Dieu vaut encore pour nous aujourd’hui. Ensuite, c’est une pratique interdite car le démon peut s’introduire, brouiller les pistes et répondre à la place de la personne « appelée ». Le démon est le père du mensonge, il peut prendre l’apparence du mort, ses attitudes et tromper l’entourage…
On ne peut donc pas communiquer avec les morts ?
C’est légitime d’avoir ce désir d’entrer en contact avec quelqu’un qu’on a aimé car on a un corps, mais ce n’est pas « juste ». La vie de l’au-delà n’est pas comme celle de la terre. Ici-bas, nous avons un corps pour communiquer par la parole ou avec des gestes, mais dans le ciel, cela n’existe plus ! Le monde de l’au-delà est autre, on ne le connaît pas… Quand on meurt, nous a dit Jésus, on est « comme les anges dans le ciel », c’est tout ce qu’on en sait ! Il est vraiment important de faire confiance et d’obéir à ce que dit la Parole de Dieu (cf question ci-dessus) malgré les tentations. D’autant plus que vouloir communiquer avec un défunt pour savoir s’il est au ciel et heureux est un désir égoïste. On cherche à se rassurer. Ce qui est important, c’est de prier pour nos morts et de s’abandonner à la Miséricorde divine. Si on veut être sûrs que notre proche aille au ciel, prions pour lui, faisons dire des messes, et ayons confiance.
Lire la suite : Peut-on parler avec les morts ?