La force prodigieuse de l'eau bénite s'impose depuis plus de 3 500 ans.
L’eau a toujours été associée à Dieu, dans la tradition biblique. C’est un élément purificateur, qui donne vie à la nature et à l’homme. C’est par cet élément que Dieu a signé sa première alliance avec le peuple élu, en séparant la mer Rouge en deux, et en préfigurant ainsi le baptême chrétien : il faut passer par l’eau purificatrice pour arriver au Ciel. En se signant avec de l’eau bénite, le chrétien affirme sa foi en Dieu le Père, Fils, et Saint Esprit, et Lui demande Sa bénédiction au nom des trois personnes de la Sainte Trinité. C’est aussi une protection divine, car elle chasse les démons. Pour cette raison, elle se trouve à l’entrée de toutes les églises catholiques.
La mystique juive (dont une grande partie des enseignements sont acceptés et utilisés par l’Église et ses saints) donne une signification divine à chaque lettre de l’alphabet hébraïque. C’est en effet par la Parole que Dieu a créé le monde, et cette Parole est retranscrite en hébreu dans le livre de la révélation : la Bible. Dans cette tradition, il est relevé que le nom Moïse commence par la lettre M, comme le mot « mayim », « eau », en hébreu. Cela serait le signe que cet illustre prophète était d’une pureté d’âme admirable, à tel point que son esprit se trouvait davantage dans l’eau (dans un élément pur ou tout est tourné vers Dieu) que sur terre (où seule compte la jouissance). Cela expliquerait l’épisode biblique de l’incompréhension de Moïse face à la révolte du peuple hébreu dans le désert qui se plaignait de n’avoir que de la manne à manger et de manquer de viande.
Jésus a été baptisé dans le Jourdain, a marché sur l’eau, a proclamé être la source d’eau vive : « Jésus lui répondit : “Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » » (Jean 4, 14).
L’eau a ainsi toujours fait partie des rituels liturgiques bibliques. Tous les ans, prêtres catholiques et orthodoxes profitent respectivement des fêtes de Pâques et de Noël pour bénir leurs eaux. Tous les mois, les femmes juives pratiquantes vont bain rituel, sorte de hammam religieux, pour purifier leur corps de leur semaine d’indisposition, et ainsi retrouver le contact physique avec leur époux. Dans le judaïsme, les femmes se rendent également au bain rituel 40 jours après avoir mis un enfant au monde, et c’est bien à cet acte précis que fait référence le quatrième mystère joyeux du Rosaire : la présentation de Jésus au temple et la purification de la Vierge.
Dans l’église catholique, l’eau bénite est considérée comme sacramentelle, au même titre que les crucifix, médailles, images pieuses, rosaires, cendres et rameaux. Elle est utilisée pour les baptêmes, bénédictions de personnes, objets, ou lieux, mais aussi comme protection contre le démon. Le père Gabrielle Amorth, ancien chef exorciste du Vatican, explique dans son livre : Confessions, mémoires de l’exorciste officiel du Vatican, que l’eau bénite est si puissante que si l’on en verse en cachette quelques gouttes sur les vêtements ou dans la nourriture d’une personne possédée, celle-ci réagira immédiatement, ne pouvant supporter son contact. Comme beaucoup de chrétiens possèdent chez eux un bénitier, l’Église leur conseille d’en faire profiter les âmes du Purgatoire.
En en jetant face à eux en faisant le signe de croix, ils peuvent demander à Dieu d’en rafraichir les saintes âmes n’ayant pas encore atteint le Ciel. En effet, de nombreux récits reconnus par l’Église enseignent qu’il existe plusieurs niveaux dans le Purgatoire, et que dans plusieurs d’entre eux les âmes achêvent d’expier leurs fautes par le feu.
Superstition ou institution divine ? Le livre de l’Exode 30, 18 dit : « Tu feras une cuve d’airain, avec sa base d’airain, pour les ablutions ; tu la placeras entre la tente d’assignation et l’autel, et tu y mettras de l’eau », suivi des Nombres 5, 17 dit : « Le sacrificateur prendra de l’eau sainte dans un vase de terre; il prendra de la poussière sur le sol du tabernacle, et la mettra dans l’eau ». Finissons sur les douces paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ : « En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne naît de nouveau de l’eau et de l’esprit ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3, 3).