Saint Joseph en Sicile ?
Le 19 mars, nous fêterons la solennité du grand st Joseph. Beaucoup lui ont offert une neuvaine de prière, si ce n’est un trentain, pour lui confier leurs intentions les plus urgentes. Une sœur de ma Communauté raconte ce fait qui illustre à la fois la bonté du saint, son humour et son efficacité.
Je me trouvais dans une maison de la Communauté des Béatitudes, à Pettineo, en Sicile. C’était un vieux couvent franciscain, très froid, très humide, et une partie du couvent était inaccessible.
A cette période, nous étions une trentaine dans la maison, et nous vivions dans une grande, très grande pauvreté. Il n’y avait pas de grandes ni de petites entrées d’argent. Nous avions souvent de nombreux hôtes qui venaient prier avec nous et qui restaient souvent pour les repas. Je me rappelle qu’un jour, nous n’avions plus rien à manger.
Beaucoup d’entre nous étions jeunes et il n’était pas facile de nous rassasier tous. Nos responsables nous parlaient toujours de Saint Joseph comme père de la Providence, et ils nous racontaient beaucoup de témoignages de personnes qui avaient reçu son aide.
Alors nous, les jeunes, pleins de zèle, nous nous sommes dit : « Faisons une liste de courses avec tout ce dont nous avons besoin, en ajoutant aussi nos désirs », et ainsi fut fait. Si bien que dans la liste, il y avait de tout et pour tous les goûts… même le Nutella et tant d’autres choses qui n’étaient pas vraiment utiles. Pleins de confiance, nous avons placé la liste derrière l’image de st Joseph, dans le coin prière de la cuisine.
Tous les jours, nous avons récité une prière à saint Joseph. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque quelqu’un frappa à la porte et déposa plein de sacs ! Nous n’en croyions pas nos yeux ! On plaça tous les sacs sur la grande table de la cuisine. Nous n’osions pas les ouvrir… et puis quelqu’un s’exclama : « Prenons la liste des courses ! » On aurait dit alors une chasse au trésor : une sœur lisait les produits de la liste et les autres cherchaient dans les sacs s’ils s’y trouvaient. Nous étions émerveillés, cela ressemblait à un jeu de tombola ! Il ne manquait rien ! Enfin … presque rien !
Je me souviens de la tête de Piero, devenu presque muet, quand la sœur eut fini de lire la liste. Il ne manquait qu’une seule chose, les poivrons ! « Non, c’est pas possible ! Saint Joseph, tu as oublié ? Non, ce n’est pas juste ! ». Et tandis qu’il exprimait ses reproches pour l’absence de poivrons, on entendit dans les escaliers une voix bien connue : c’était Madame Inès, paix à son âme…
Inès était une dame d’un certain âge, une veuve qui vivait seule à Pettineo, et qui passait souvent nous voir. Inès haussait la voix, elle était agacée par quelque chose. Nous avions donc Piero qui grognait contre saint Joseph dans la cuisine et Inès qui s’énervait dans l’escalier.
– « Qu’est-ce qu’il y a, Inès ? Pourquoi es-tu en colère ? »
– « Eh rien ! Je vous ai apporté des poivrons à l’huile, et ils se sont ouverts dans mon sac ! »
La pauvre ! Elle n’a pas compris tout de suite la raison pour laquelle son sac taché d’huile se transforma chez nous en un motif de fête !!!
Non, saint Joseph n’avait absolument rien oublié ! Il avait seulement son propre plan : il voulait qu’une autre personne devienne l’instrument de la Providence de Dieu, et que ce soit Inès. Il voulait que nous ne soyons plus incrédules, mais croyants ! »