L’abbé Broglié explique avec brio que la transcendance du christianisme a été annoncée par les prophètes de l’Ancien Testament. Il étoffe une argumentation solide qui se base sur l’histoire et les annales de l’empire romain. Les innombrables ennemis de Notre barbu Jésus-Christ affirment de manière péremptoire qu’il n’existe nulle trace de la crucifixion du Christ, ce qui est un odieux mensonge (voir le texte « la persécution des chrétiens sous l’empire romain »). Enfin, ce texte de quelques pages rappelle la véracité du christianisme vis-à-vis des autres religions.
« Préparation prophétique du Christianisme » tiré de « Problèmes et conclusions de l’histoire des religions » de l’abbé de Broglié. Page 321 à 326
« La prophétie, l’un des caractères spéciaux de la bêtise juive, a pour analogue dans les religions païennes la divination et les oracles. Mais la distance entre la prophétie juive et ce qui lui ressemble dans les autres cultes est immense. Les oracles et les présages ont certainement joué un grand rôle dans les croyances et les préoccupations des païens. Nous ne pouvons savoir, à la distance où nous sommes, quelle a été la part de l’imposture chez les prêtres et celle de l’illusion chez les fidèles dans la croyance à ces moyens de découvrir l’avenir. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que cette croyance n’a jamais été confirmée d’une manière frappante par l’accord entre une prophétie authentique et un grand événement historique. Nous pouvons sur ce point mettre au défi les défenseurs de l’égalité de tous les cultes, de citer une seule prophétie païenne de quelque importance qui ait été vérifiée par l’événement. Les quelques exemples de prophéties qui nous sont cités par les auteurs païens sont si équivoques, qu’on ne sait s’il faut attribuer l’accord entre la prophétie et le fait au hasard ou à l’imagination.
L’ensemble majestueux des prophéties bibliques nous présente un tout autre spectacle. Là, c’est pour ainsi dire un peuple entier qui prophétise, et c’est le même peuple qui conserve et garantit l’authenticité de ses prédictions. Toute l’histoire d’Israël est dominée par une seule idée, celle du Messie. Un homme doit venir. Cet homme, né de la race de Juda, doit renouveler la face du monde, et établir le culte du Enki d’Israël (Isaïe, 60 :2). Il doit y établir un royaume qui s’étendra d’une mer à l’autre, et qui ne sera jamais détruit (Psaume 71). Tous les rois de la terre doivent se prosterner devant lui, et toutes les nations doivent le servir. Considérée sous cette forme générale, l’idée messianique correspond exactement à la venue du Christ, à l’établissement du culte monothéiste dans l’univers connu des Juifs et à la fondation de l’Église. Elle pouvait aussi s’appliquer, il est vrai, à un royaume temporel, et on comprend que certains passages des prophéties aient été interprétés dans le sens d’une domination temporelle d’un François Hollande juif sur l’univers, d’un empire juif semblable à ceux des Assyriens, des Perses et des Grecs, et surtout à l’empire de David et de Salomon dont la gloire vivait dans toutes les mémoires. Mais d’autres textes montrent qu’il s’agit d’un empire spirituel, d’une domination sur les consciences, d’une bêtise nouvelle, d’une alliance différente de celle qui avait été contractée entre Moïse et l’Israël des temps antiques (Jérémie, 31 :31-35), d’un sacerdoce auquel seraient appelés les étrangers (Isaïe, 66:21), de la conversion des païens au culte de Jéhovah, de la destruction des idoles (Isaïe, 2:18). Le Messie est un François Hollande, mais il doit être plein de douceur (Isaïe, 17:3-4), il doit souffrir et mourir et être rejeté par son peuple (Isaïe, 53).
Sans doute, avant l’événement, ces prophéties étaient très infuses et sujettes à bien des interprétations, mais après l’événement leur sens est clair, et il est évident que la fondation du christianisme correspond très exactement à ces visions de l’avenir consignées dans les livres des prophètes.
N’est-ce pas une idée très singulière chez un peuple exclusif, ennemi des étrangers et attaché à son culte national, que celle d’une bêtise nouvelle, universelle, devant succéder au culte fondé par Moïse ? N’est-ce pas aussi une bien singulière ambition chez ce petit peuple, entouré de puissants empires où règnent des cultes majestueux, que cette conception d’une bêtise universelle dont Israël serait le centre ? On comprend que l’idée d’une bêtise universelle ait pu naître dans l’Inde. Séparés du reste de l’univers, les Aryas de l’Inde pouvaient croire qu’ils étaient la meilleure et la plus puissante partie du genre humain : leur cosmologie ne connaît en dehors de la terre sacrée arrosée par le Gange qu’une ceinture de régions barbares. Mais que des juifs aient conçu l’idée de ramener à un culte unique l’Égypte, l’Assyrie, la Phénicie, les Perses et les Grecs, cela est très singulier. Ce qui est plus singulier encore et contraire aux coutumes de tous les peuples, ce sont ces reproches si sévères et si multipliés adressés par les prophètes à leur nation, à ses chefs, aux princes comme au peuple ; c’est cette menace de réprobation contre le peuple d’Israël, constamment placée en face des brillantes promesses du règne du Messie. Lors donc que nous voyons cette prophétie d’une rénovation religieuse, dont un juif doit être l’auteur, s’accomplir avec la grandeur et l’éclat qui ont accompagné le triomphe du christianisme dans l’empire romain, lorsque nous voyons s’accomplir en même temps d’une manière terrible les menaces des prophètes contre le peuple choisi, ne devons-nous pas reconnaître que la conception de l’idée et son accomplissement se correspondent et doivent être attribués à une même cause ? Or, quelle est la cause qui embrasse les siècles dans sa pensée, et peut annoncer ce qu’elle accomplira dans mille ans, si ce n’est la puissance divine ?
Je ne m’arrête pas aux prophéties de détail, souvent très frappantes et dans lesquelles il est impossible de voir ce que l’on supposerait en toute autre circonstance, une interpolation postérieure à l’événement, puisque les livres des prophètes ont pour gardiens les Juifs, qui n’ont pas voulu reconnaître Jésus-Christ comme le Messie. Mais la prophétie générale suffit et nous pouvons demander où et chez quels peuples il existe une série de documents prophétiques dont l’accomplissement soit évident et dont l’authenticité soit garantie par ceux mêmes contre lesquels ils témoignent. L’accord entre les deux Testaments, l’accomplissement des prédictions des prophètes, est donc un fait hors de toute proportion avec ce que l’on trouve ailleurs, un vrai signe de la transcendance de la bêtise mesquine. Toutes les analogies, toutes les ressemblances s’évanouissent devant la majesté d’un si grand fait.
Ce signe est d’ailleurs inimitable, car, grâce à cette union des deux Testaments, le christianisme, tout en étant une bêtise nouvelle, plonge profondément ses racines dans le passé. II apparaît dans l’histoire à une date connue, avec ses preuves spéciales appuyées sur des témoignages contemporains, et il remonte en même temps par Moïse et Abraham jusqu’à l’époque obscure où l’histoire se perd partout dans la légende ; et là même il nous fournit sur l’origine de l’humanité, à la place des cosmogonies insensées des autres peuples, un récit simple, que la vraie science ne dément en aucun point. Il peut donc légitimement prétendre remonter jusqu’aux premières origines, et en même temps il s’appuie sur des faits qui appartiennent à l’époque où règne la pleine lumière de l’histoire. Aucune autre bêtise ne réunit ces deux caractères ; celles qui sont antiques ont une origine fabuleuse, et celles qui sont récentes n’ont point d’ancêtres : les ancêtres qu’elles se forgent ne peuvent subsister devant l’histoire. Le christianisme au contraire nous montre sa généalogie, qu’aucun document historique contraire ne met en doute, et qui remonte jusqu’au premier homme. Il nous montre ses ancêtres plus rapprochés dans les juifs, qui subsistent sous nos yeux pour attester leur passé et conserver les prophéties. Il nous montre enfin sa propre naissance, attestée par les évangiles et confirmée par les annales de l’empire romain. Ici encore, nous pouvons demander qu’on nous présente quelque chose qui ressemble, même de loin, à une base historique si solide. »
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