Bonjour
@Stephie96Je te dis ce que je crois avoir compris. Mais c'est une bonne idée, en effet, de poser la question à un prêtre.
Stephie a écrit:Est-ce que cela veut dire qu'un pape ne peut pas faire d'erreur autant dans l'établissement des dogmes que dans sa vie personnelle ?
Non. A priori, le pape peut commettre des erreurs dans sa vie personnelle, il peut commettre des erreurs de comportement.
Un exemple d'erreur, c'est celle que Saint Paul a reproché à Saint Pierre et dont il parle, dans son épître aux Galates:
Galates 2
11 Mais quand Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé à lui ouvertement, parce qu’il était dans son tort.
12 En effet, avant l’arrivée de quelques personnes de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les fidèles d’origine païenne. Mais après leur arrivée, il prit l’habitude de se retirer et de se tenir à l’écart, par crainte de ceux qui étaient d’origine juive.
13 Tous les autres fidèles d’origine juive jouèrent la même comédie que lui, si bien que Barnabé lui-même se laissa entraîner dans ce jeu.
14 Mais quand je vis que ceux-ci ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Pierre devant tout le monde : « Si toi qui es juif, tu vis à la manière des païens et non des Juifs, pourquoi obliges-tu les païens à suivre les coutumes juives ? »
Saint Paul a rappelé Saint Pierre à l'ordre, sur ce coup-là.
Le pape reste un homme, il peut commettre des erreurs.
En fait, le principe de l'infaillibilité pontificale consiste en ceci: lorsque certaines conditions sont respectées, le pape exprime ce qui est vrai en matière de foi et de mœurs.
Si Jésus, qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, voulait que son Eglise puisse être comme un phare qui éclaire ceux qui sont dans le noir, il fallait qu'Il lui donne les moyens d'être un phare.
Actes 13
47 C’est le commandement que le Seigneur nous a donné : J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »
Et pour ça, il fallait qu'il donne à son Eglise les moyens de ne pas se tromper en matière de dogmes de foi et de morale.
Si l'Eglise peut se tromper dans ces domaines là, alors elle ne sert à rien. Elle ne peut pas guider ceux qui sont dans le noir si elle est elle-même dans le noir et qu'elle ne voit pas la Vérité.
"Un aveugle peut-il guider un autre aveugle?"Si elle peut se tromper en matière de dogmes de foi, alors comment peut-elle corriger ceux qui sont dans l'erreur des fausses religions?
Si elle peut se tromper en matière de morale, comment va-t-elle pouvoir aider les gens à se détourner du péché?
Dieu révèle des choses à Pierre (le pape) et à l'Eglise:
Matthieu 16
17 Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.18 Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.19 Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Jésus a même prié pour que la foi de Pierre (le pape) soit affermie et pour qu'il soit capable d'affermir ses frères dans la foi:
Luc 22
31 Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé.
32 Mais
j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Et c'est Pierre (le pape) qui, le premier, a annoncé l'Evangile à des païens (comme le centurion Corneille) qui ont reçu ensuite l'Esprit Saint:
Actes 15
07 Comme cela provoquait une intense discussion,
Pierre se leva et leur dit : « Frères, vous savez bien comment Dieu, dans les premiers temps, a manifesté son choix parmi vous :
c’est par ma bouche que les païens ont entendu la parole de l’Évangile et sont venus à la foi.
Le pape pourrait lui-même être un grand pécheur et avoir des mœurs fort dissolues, cela ne changerait rien au fait que l'Esprit Saint ne permettra pas qu'un pape fasse dire n'importe quoi à l'Eglise et lui fasse proclamer
officiellement des vérités qui n'en seraient pas.
Déjà, dans le nouveau testament, on trouve un exemple de quelqu'un qui n'a pas un super comportement et qui, pourtant, par l'action de l'Esprit Saint, va dire une vérité prophétique: le grand prêtre Caïphe.
Jean 11
48 Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. »
49 Alors, l’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien ;
50 vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. »
51
Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ;
52 et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.
53 À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer.
En fait, les propos de Caïphe sont à double-sens: On voit que ce que dit Caïphe est mal; il est prêt à tuer un innocent, juste pour éviter des ennuis.
Mais, malgré tout, derrière les propos de Caïphe, Saint Jean l'Evangéliste voit une inspiration de l'Esprit Saint: Sans en avoir lui-même conscience, Caïphe, en tant que Grand Prêtre, a prophétisé que Jésus était le Sauveur qui allait mourir pour le Salut des Hommes.
Saint Jean relie cela au fait que Caïphe était grand-prêtre:
"Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation".
Peu importe les qualités personnelles ou les défauts de Caïphe: en vertu de sa fonction de grand prêtre, l'Esprit Saint l'a fait prophétiser, et ce, même malgré lui.
Eh bien, c'est ainsi pour le pape: L'infaillibilité pontificale "fonctionne", même si le pape s'avérait être un pécheur.
Et les fidèles doivent "l'obéissance de la foi" à ce qui est proclamé sous couvert d'infaillibilité.
Mais attention: tous les propos tenus par un pape ne sont pas couvert par l’infaillibilité pontificale. Celle-ci ne joue que dans certains cas bien particuliers.
Quels sont les cas où l'infaillibilité pontificale s'applique? Voici deux articles de presse, qui abordent cette question:
http://fr.aleteia.org/2013/03/14/quest-ce-que-linfaillibilite-pontificale/http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Comprendre-le-magistere-de-l-Eglise-_NG_-2009-02-27-531893On distingue le magistère ordinaire et le magistère extraordinaire.
En gros, l'infaillibilité a lieu:
- lorsque le pape se prononce ex cathedra (déclaration solennelle et publique, destinée à l’église tout entière)
- lorsque l'Eglise (les évêques, en union avec le pape) se prononce officiellement, en a sur une question de foi ou de morale (lors d'un concile œcuménique, notamment)
C'est ce qu'on appelle le magistère "extraordinaire".
Le reste du temps, on se trouve dans le cadre du magistère "ordinaire" de l'Eglise. Là, l'infaillibilité n'a pas lieu.
Sauf une exception: lorsqu'il existe une unanimité sur une question.
Cela dit, ce n'est pas parce qu'on se trouve dans le cadre du magistère ordinaire qu'on peut se permettre de mépriser tout ce que dit le pape: les fidèles doivent quand même montrer un certain respect envers ce qui est dit, et ce même si ce n'est pas strictement infaillible.
En principe, c'est quand même supposé être assez fiable. On ne peut donc pas écarter tout ce qui relève du magistère ordinaire d'un revers de la main.
Pour parler un peu familièrement, disons qu'on ne peut pas "snober" tout ce qui relève du magistère ordinaire, sous prétexte que cela ne provient pas du magistère extraordinaire.
L'enseignement du magistère ordinaire a quand même de l'importance et ne doit pas être négligé.
On dit que les fidèles doivent donner au magistère ordinaire "l'assentiment religieux de leur esprit" (c'est à dire que le chrétien est renvoyé à sa conscience assistée de l’Esprit-Saint, pour accueillir et donner son assentiment filial)
Voici ce que disent les articles 750 et suivants du code de droit canonique:
Can. 750 - On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition, c'est-à-dire dans l'unique dépôt de la foi confié à l'Église, et qui est en même temps proposé comme divinement révélé par le magistère solennel de l'Église ou par son magistère ordinaire et universel, à savoir ce qui est manifesté par la commune adhésion des fidèles sous la conduite du magistère sacré; tous sont donc tenus d'éviter toute doctrine contraire.
Can. 751 - On appelle hérésie la négation obstinée, après la réception du baptême, d'une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité; apostasie, le rejet total de la foi chrétienne; schisme, le refus de soumission au Pontife Suprême ou de communion avec les membres de l'Église qui lui sont soumis.
Can. 752 - Ce n'est pas vraiment un assentiment de foi, mais néanmoins une soumission religieuse de l'intelligence et de la volonté qu'il faut accorder à une doctrine que le Pontife Suprême ou le Collège des Évêques énonce en matière de foi ou de moeurs, même s'ils n'ont pas l'intention de la proclamer par un acte décisif; les fidèles veilleront donc à éviter ce qui ne concorde pas avec cette doctrine.
Can. 753 - Les Évêques qui sont en communion avec le chef du Collège et ses membres, séparément ou réunis en conférences des Évêques ou en conciles particuliers, bien qu'ils ne jouissent pas de l'infaillibilité quand ils enseignent, sont les authentiques docteurs et maîtres de la foi des fidèles confiés à leurs soins; à ce magistère authentique de leurs Évêques, les fidèles sont tenus d'adhérer avec une révérence religieuse de l'esprit.
Can. 754 - Tous les fidèles sont tenus par l'obligation d'observer les constitutions et les décrets que porte l'autorité légitime de l'Église pour exposer la doctrine et proscrire les opinions erronées, et à un titre spécial, ceux qu'édictent le Pontife Romain ou le Collège des Évêques.
Can. 755 - § 1. Il appartient en premier lieu au Collège des Évêques tout entier et au Siège Apostolique d'encourager et de diriger chez les catholiques le mouvement oecuménique dont le but est de rétablir l'unité entre tous les chrétiens, unité que l'Église est tenue de promouvoir de par la volonté du Christ.
§ 2. Il appartient de même aux Évêques et, selon le droit, aux conférences des Évêques, de promouvoir cette même unité et de donner, selon les divers besoins ou les occasions favorables, des règles pratiques, en tenant compte des dispositions portées par l'autorité suprême de l'Église.
Amitiés