Dieu existe et l’apologétique est là pour nous le rappeler. Le texte majeur de l’abbé de Broglié, s’il était encore enseigné de nos jours à l’école primaire, permettrait de rappeler aux âmes que Dieu n’est pas un mythe mais une réalité tangible, perceptible, réelle et concrète. Le Vrai Dieu est d’une nature parfaite sur tous les plans. Plutôt que de plagier cet indispensable texte, contentons-nous de le publier.
Étienne de Calade.
« Les preuves de l’existence du Vrai Dieu » extrait de « Dieu la conscience et la morale » de l’abbé de Broglié, page 86 à 91.
« I – Attributs de Dieu.
Nous avons reconnu qu’il existe un Dieu, auteur de l’ordre physique et de l’ordre moral.
Que savons-nous maintenant de cet être, et comment pouvons-nous en déterminer les attributs ?
Nous avons pour cela deux principes sûrs :
En premier lieu, Dieu est la cause universelle du monde et des êtres que le monde contient.
Par conséquent, Dieu doit posséder d’une manière éminente toutes les perfections de ces êtres, tout ce qui, dans ces êtres, est tel qu’il vaille mieux le posséder qu’en être privé.
Sans cela, il y aurait dans l’effet ce qu’il n’y a pas dans la cause ; le moins produirait le plus.
En second lieu, Dieu est le premier des êtres ; il est la cause première, il n’est produit ni causé par un autre être.
Par conséquent, on ne doit admettre en Dieu aucune propriété qui suppose qu’il soit produit par une cause supérieure.
Au moyen du premier principe, nous avons déjà reconnu que Dieu possède les propriétés de l’âme humaine, l’intelligence, la conscience de soi, l’amour, la bonté, la justice.
En effet, s’il ne possédait pas ces propriétés, il serait inférieur à l’homme.
Au moyen du second principe nous voyons d’abord que Dieu n’a pas de corps, qu’il est un pur esprit ; un être simple.
En effet, s’il avait un corps, il serait composé d’éléments distincts liés ensemble. De plus, comme il lui faudrait une âme, puisqu’il possède l’intelligence et l’amour, propriétés de l’âme, il faudrait que son âme fût unie à son corps.
Mais alors il faudrait qu’une cause supérieure eût réuni et assemblé les éléments qui composeraient le corps de Dieu, qu’elle eût joint le corps et l’âme de Dieu ensemble.
Dieu ne serait donc plus le premier être. Il y aurait un Être supérieur qui ne pourrait plus avoir de corps, et qui serait le seul Vrai Dieu.
Dieu est donc un être simple, un pur esprit.
Par un raisonnement semblable en partant de ce que Dieu est le premier être, nous découvrons d’autres attributs. Dieu doit être éternel, sans commencement ni fin. Il doit être infiniment parfait, car s’il n’avait qu’une perfection limitée, la limite aurait dû être posée par un être supérieur qui serait le vrai Dieu. Il doit être immuable, car tout changement est une imperfection.
Nous pouvons donc définir ainsi Dieu considéré en lui-même :
Dieu est un pur esprit, éternel, immuable, infiniment parfait, doué d’intelligence et d’amour.
11 – Dieu créateur du monde
Dieu est évidemment le principe de l’ordre qui existe dans le monde.
L’ordre ne peut être que l’œuvre d’une intelligence.
Mais Dieu est-il le principe du monde lui-même ? Comment le produit-il ?
Les réponses à cette question sont très diverses parmi les philosophes. Elle est cependant facile à résoudre d’après les principes que nous avons posés.
Il y a quatre principales opinions au sujet de ces rapports entre Dieu et le monde.
1) Selon la première opinion, Dieu ne serait que le principe de l’ordre ; la substance du monde ne serait pas l’œuvre de Dieu, elle serait éternelle. Dieu serait, comme les ouvriers humains, obligé de chercher en dehors de lui une matière première de son œuvre.
2) Selon la seconde, Dieu serait le monde même. Dieu serait le grand Tout comprenant tous les êtres. Cette doctrine s’appelle le panthéisme.
3) Selon la troisième, le monde sortirait de Dieu par émanation ; Dieu tirerait le monde de lui-même, comme l’araignée fait sa toile.
4) Selon la quatrième enfin, Dieu créerait le monde de rien, par sa seule volonté.
1) La première opinion n’est plus soutenue de nos jours. On ne comprend pas, en effet, ce que serait cette matière première du monde, en laquelle il ne pourrait pas y avoir d’ordre, ni de lois, puisque l’ordre vient de Dieu. Quelque loin que la science pénètre dans l’intérieur des corps, elle trouve partout l’ordre, le nombre, la mesure ; les atomes chimiques se combinent dans des proportions arithmétiques ; les molécules élémentaires ont des formes géométriques.
D’un autre, côté, comment cette matière première imparfaite serait-elle éternelle ? Dieu est éternel, mais il est en même temps parfait et immuable ; c’est un mystère qui est au-dessus de notre raison. Mais une matière imparfaite, destinée à être organisée, ne peut pas être éternelle ; ce serait une absurdité.
2) La seconde opinion, ou le panthéisme, est enseignée de nos jours par beaucoup de philosophes. C’est cependant une doctrine contraire à la raison et même au bon sens.
Dire que Dieu est la même chose que le monde, c’est dire qu’un pur esprit, infiniment parfait, intelligent, juste et bon, est la même chose qu’un monde composé de matière, plein d’imperfections, et qu’une nature aveugle et inconsciente, qui ne connaît ni le bien ni le mal.
C’est une contradiction absolue. Selon cette doctrine encore, nous serions une partie de Dieu, nous serions Dieu ; quelle absurdité !
Enfin, si Dieu était tout, Dieu serait aussi bien le criminel que l’homme vertueux ; ce serait Dieu qui commettrait les crimes.
Observons que Dieu, tel que le conçoivent les panthéistes, n’a aucun rapport avec le principe moral que notre conscience atteste et réclame. Ce que la conscience demande, cet Être en qui elle croit, c’est un être supérieur à l’homme, par conséquent au monde entier ; c’est un législateur et un juge. C’est parce que le principe de la loi morale et sa sanction ne se trouvent ni dans l’homme ni dans le monde que la conscience demande un Être supérieur. Lui dire que cet Être n’est autre que le monde même, c’est se moquer.
Dire que Dieu est le monde, c’est dire qu’il n’y a pas de véritable Dieu. Le panthéisme est un athéisme déguisé.
3) La troisième opinion n’est pas plus admissible. Comment, si Dieu est un esprit pur, le monde pourrait-il émaner de la substance de Dieu ?
L’émanation suppose une division de la substance, qui n’est possible que quand il s’agit d’une substance matérielle. L’araignée produit sa toile de la substance de son corps qui est divisible. Il est absurde de supposer que Dieu tire le monde de sa substance qui est spirituelle, simple et sans parties.
4) Reste la dernière opinion, la seule conforme à la raison.
Elle consiste à dire que Dieu a créé le monde par sa seule volonté.
Sans doute nous ne comprenons pas comment il a pu le faire. Sans doute Dieu, en créant l’univers par sa volonté seule, a fait une œuvre que nous ne pouvons pas accomplir.
L’homme et tous les êtres inférieurs ne peuvent que transformer une matière déjà existante.
Dieu seul peut créer, comme Dieu seul est éternel, comme Dieu seul est parfait.
Dieu est un être supérieur à tous les autres, différent de tous les autres, un être transcendant. Il ne faut pas lui appliquer les règles qui résultent de l’expérience appliquée aux êtres inférieurs.
Les autres êtres sont imparfaits, ils ont une puissance limitée. Dieu est tout puissant. Les autres êtres sont causes partielles ; ils ont reçu le pouvoir d’exercer leur action sur une certaine portion de la matière.
Dieu leur a tracé leur tâche, et leur fournit la matière nécessaire.
Dieu, cause universelle, cause première, crée l’univers entier ; il lui donne à la fois sa matière, sa forme, sa substance et son organisation. Il fait cela, et il peut le faire seul, parce qu’il est l’Être éternel, le Tout-Puissant, l’Être suprême.
III – Dieu souverain maître
Si Dieu est le créateur de l’univers, il s’ensuit qu’il en est le maître et le Seigneur souverain. La justice gravée dans notre conscience, qui est l’image de la justice éternelle, déclare que l’œuvre appartient à l’ouvrier qui l’a faite. Ce principe, fondement de la propriété limitée de l’homme sur certaines parties de l’univers, est le fondement de l’absolue et universelle souveraineté de Dieu.
Le monde a donc un maître souverain. L’homme, l’être le plus haut placé dans la hiérarchie des créatures qui nous soient connues, a également un maître auquel il doit obéir et qu’il doit respecter. L’autorité suprême de ce maître est éternelle et indestructible.
Cette vérité, conséquence dernière du raisonnement appliqué à l’ordre, moral et à l’ordre physique, est l’explication des opinions diverses qui règnent parmi les hommes sur l’origine du monde.
En vertu du principe de causalité gravé dans la raison de l’homme, en vertu du principe que le moins ne saurait produire le plus, l’intelligence remonte jusqu’à une cause universelle et suprême, jusqu’au Dieu parfait et créateur.
Mais la conséquence directe de cette démonstration étant que l’homme est obligé de reconnaître un maître, l’orgueil humain regimbe et résiste. Un grand nombre d’hommes veulent être leurs propres maîtres, ou n’avoir au-dessus d’eux que des maîtres qu’ils méprisent ou qu’ils peuvent changer ou renverser. Ils s’efforcent alors, par des sophismes, d’ébranler la grande vérité que proclament à la fois la raison et la conscience. Ils ne veulent pas de Dieu, parce qu’ils ne veulent pas de maître.
Mais la conscience droite, interrogée de bonne foi, répond que nous avons au-dessus de nous un maître et un juge, contre lequel nous pouvons nous révolter par l’abus de notre liberté, mais auquel nous ne pouvons pas échapper. »
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