Alexandrina priait continuellement, même pendant les moments de plus grande souffrance ; elle priait et offrait et s’offrait par ses simples mots : Seigneur, que votre volonté soit faite.
Dans son autobiographie elle explique encore :
« Je faisais ensuite la Communion spirituelle déjà décrite, puis je demandais à Notre-Dame de répéter, pour moi, à son Fils Bien-Aimé :
— Ô Jésus, voilà la Petite-Maman chérie, écoutez-la; c'est Elle qui va vous parler pour moi. Et vous, Maman chérie, emportez mes baisers, d'innombrables baisers, d'innombrables caresses et marques de tendresse à tous les Tabernacles du monde. Tout pour Jésus-Hostie ! Tout pour la très Sainte-Trinité, tout pour vous, douce et tendre Maman. Multipliez mes baisers, multipliez-les et, avec une tendresse et un amour pur et saint, avec un amour sans bornes, avec une immense nostalgie, offrez-les de la part de celle qui ne peut pas se déplacer jusqu'aux tabernacles.»
Puis, dans son élan d’amour envers Jésus-Hostie elle composa ce qui reste l’une des plus belles prières eucharistiques : l’l’hymne aux Tabernacles qui par moments ressemble à la prière bien connue de saint François d’Assise. Cette prière qui peut être prise comme telle, peut aussi servir comme méditation eucharistique et, elle se “déguste” dans le silance de l’âme. Lisez plutôt :
Hymne aux Tabernacles
Ô Jésus, je veux que chacune de mes douleurs, chaque battement de mon cœur, chacune de mes respirations, chaque seconde de ma vie, chaque minute, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque mouvement de mes pieds, de mes mains, de mes lèvres, de ma langue, chacune de mes larmes, chaque sourire, joie, tristesse, tribulation, distraction, contrariété ou ennui, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je veux que chaque lettre des prières que je récite ou entends réciter, toutes les paroles que je prononce ou entends prononcer, que je lis ou entends lire, que j’écris ou vois écrire, que je chante ou entends chanter, soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque baiser que je déposerai sur vos saintes images, celles de la vôtre et de ma sainte Mère, celles de vos saints et saintes, soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je veux que chaque goutte de pluie qui tombe du ciel sur la terre, que toute l'eau des océans et tout ce qu'ils renferment, que toute l'eau des fleuves et des rivières, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Je vous offre les feuilles de tous les arbres, et tous les fruits qui sur eux mûrissent; chaque pétale de toutes les fleurs; toutes les graines que contient le monde; tout ce qu'il y a dans les jardins, dans les champs, dans les vallées, sur les montagnes: tout cela je veux vous l'offrir comme autant d'actes d'amour pour vos tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre les plumes des oiseaux et leurs gazouillements, les poils des animaux et leurs cris, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre le jour et la nuit, la chaleur et le froid, le vent, la neige, la lune, le clair de lune, le soleil, les étoiles du firmament, mon sommeil et mes rêves, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque fois que j'ouvre ou ferme les yeux, ce soit autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre toutes les grandeurs, richesses et trésors du monde, tout ce qui se passe en moi, tout ce que j'ai l'habitude de vous offrir, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, le ciel et la terre, l'océan et tout ce qu'ils contiennent, je vous les offre comme s'ils m'appartenaient et si je pouvais en disposer; acceptez-les comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles”.»
Mais cette prière a quelque chose de bien particulier pour la “Petite malade de Balasar” : Elle l’avoue humblement :
«Pendant que je faisais cette offrande à Jésus, je me sentais ravie, d’une façon que je ne sais pas expliquer, et en même temps je ressentais une forte chaleur qui semblait m’embraser. Cela me parut étrange, car les journées étaient plutôt froides et, émerveillée, j’ai même regardé si mon corps ne transpirait pas. C’est comme si l’on m’embrassait intérieurement.(1)
Cela me fatiguait assez.»
Ceci veut tout simplement dire qu’elle lévitait, quand elle la récitait et, plus encore :
«Je crois que c’est à l’une de ces occasions que j’ai senti cet appel de Notre Seigneur : “Souffrir, aimer, réparer”»
1) Deolinda témoigne: “Un jour, Alexandrina nous a demandé, en 1931, à moi et à Sãozinha, si nous ne sentions pas, lorsque nous priions, cet embrasement. Ayant reçu une réponse négative et pensant que cet état était dû à sa maladie, elle demanda qu’on lui mette sur la poitrine un chiffon trempé à l’eau froide. Elle constata, toutefois, que cela était inutile”.