Délire mystique...
Ce type de délire pousse sur un terreau religieux. Il peut se manifester de différentes façons, mais tourne toujours autour de la religion. La personne considère que la plupart des actions réalisées par les personnes qui l'entourent sont des péchés et recherche la perfection dans dans le moindre de ses faits et gestes. Elle passe la plupart de son temps à prier. Elle s'imagine qu'elle est un envoyé de Dieu et qu'elle doit accomplir une mission divine (ou bien que la vierge lui a confié une mission). Elle pense que les différents faits de sa vie quotidienne sont des signaux envoyés par Dieu pour l'inciter à poursuivre son oeuvre et accomplir sa mission.
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Lourdes. « Les délires mystiques, ça arrive vite »
Lundi, une femme a tué sa mère à coups de crucifix. Médecin aux Sanctuaires, le docteur Theillier revient sur l'attirance qu'exerce la cité mariale sur les personnes fragiles.
Elle aurait eu une vision… Pas celle de la Vierge, mais celle du diable. Et devenue le Mal incarné, c'est pour cela qu'Elizabeth, 34 ans, aurait tué sa mère de 81 ans, en s'acharnant sur elle à coups de lampe de chevet, de latte de bois et finalement avec un crucifix. Un drame qui s'est donc déroulé dans la nuit de dimanche à lundi, dans un petit appartement de la place de l'Église à Lourdes. Scellant le destin de « deux paumées de la vie » pour reprendre les mots du père Saint-Voirin. La mort pour Thérèse qui avait rompu tout contact avec son mari et ses sept autres enfants. L'hôpital psychiatrique d'office et jusqu'à nouvel ordre pour sa fille.
litanie d'histoires
Et drame qui rappelle alors en chaîne d'autres histoires. Celle de cette mère restée cinq mois avec le cadavre de sa fille chez elle, toujours à Lourdes (lire ci-dessous). Comme celles moins tragiques qui régulièrement émaillent la chronique locale, de l'ermite « miraculé » d'une chute depuis une falaise du Béout au pèlerin tchèque allant se coincer sous la dalle de la source, dans la grotte et qu'il faut extraire par la force…
Oui, « Lourdes, comme tous les lieux sacrés, attire aussi des gens avec un psychisme fragile », constate ainsi le docteur Patrick Theillier, médecin permanent du Bureau médical de Lourdes, dont le métier est d'authentifier les guérisons inexpliquées, aux Sanctuaires. Mais qui connaît bien aussi cette « clientèle » d'illuminés aimantés par la Grotte. Choisissant de s'installer, même, à demeure, au plus près de son rêve de ciel.
fêlure et lumière
Des mystiques ? « Non. Car le mot mystique en soi n'est pas négatif, il évoque une vie spirituelle très approfondie, qui parfois nous dépasse. Sainte Thérèse d'Avila est une mystique, mais garde les pieds sur terre tout en aspirant à une vie en Dieu. Il ne faut donc pas confondre le mystique et le délire mystique, le mysticisme, le fait de ceux qui, en recherche d'une vie spirituelle, tombent dans des délires parce que leur psychisme n'est pas solide », poursuit le docteur Theillier. Ce qui se passe alors la plupart du temps ? « Rien de grave, c'est une majorité de doux dingues qui est attirée par des lieux comme Lourdes. « Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière », ai-je l'habitude de dire. Mais il y en a quelques-uns dont la fêlure ne fait que s'aggraver et qui, au contact du surnaturel, déraillent et un délire, ça arrive très vite, sans prévenir. C'est d'autant plus difficile à détecter que ce sont des gens qui refusent d'être soignés, d'être suivis, parce qu'ils croient avoir un lien direct avec Dieu. Ils sont ingérables.
Certes, il y en a partout, mais bien sûr un peu plus ici », explique le praticien. Qui par deux fois a envoyé lui aussi au centre hospitalier de Lannemezan des personnes qui revendiquaient vigoureusement avoir eu des apparitions du Christ et de la Vierge. La différence entre vrais et faux « prophètes » alors ? « L'authentique est toujours calme, généreux, ouvert et surtout, il ne se prend pas au sérieux. Le fou, lui, n'est jamais porteur de paix et on se sent immédiatement mal près de lui », estime le docteur Theillier qui souligne surtout l'immense solitude à laquelle font finalement face « toutes ces détresses du monde venant s'échouer à Lourdes ».
« Car ces gens croient trouver ici la fraternité et se retrouvent en fait très seuls, face à eux-mêmes, malgré toutes les organisations dédiées à leur accueil. » Élisabeth et Thérèse ? Elles voyaient régulièrement un prêtre… « Mais la foi n'aide à guérir que ceux qui se savent malades et veulent se soigner », conclut en substance le docteur Theillier.
Mère, fille : une autre forme de folie tragique…
C'était en janvier 2007, à Lourdes aussi… une autre histoire terrible liant une mère et sa fille. Certes, rien de comparable avec le geste meurtrier de lundi, mais un autre drame où ne s'étaient pas moins conjugués mysticisme et folie dans un étouffant huis clos familial. Et l'histoire d'une famille anglaise qui était venue s'installer cinq ans auparavant dans la cité mariale : le grand-père, la grand-mère, leur fille souffrant d'un cancer et la fille de cette dernière, une adolescente. Profondément croyantes, la grand-mère et sa fille refusaient toute médecine conventionnelle et s'en remettaient à une éventuelle guérison miraculeuse. Mais l'état de la mère a évidemment empiré jusqu'à l'empêcher de quitter son lit : en septembre 2006, elle est morte. Dépassé, le grand-père était déjà parti. Durant cinq mois, la grand-mère a alors gardé le corps de sa fille dans la chambre, en expliquant à la petite restée avec elle qu'il ne fallait pas déranger sa mère, qu'elle était trop malade… Durant cinq mois, elle a vécu ainsi à côté du cadavre de sa fille tout en tenant à l'écart de la chambre maternelle la propre fille de la morte… Seule la perspicacité d'un enseignant a permis de découvrir le drame. Lorsque les policiers sont arrivés, la grand-mère a paru soulagée. P. C.
« Le diable existe »
Médecin et homme de foi, le docteur Theillier est aussi président de l'Association médicale internationale de Lourdes. Dans son livre « Lourdes, des miracles pour notre guérison », il réfléchit au côté indissociable des guérisons physiques et spirituelles. Et il ne traite pas par la dérision l'évocation du diable qu'aurait faite la jeune femme pour expliquer son geste meurtrier à la police. « Le diable existe, tous les grands spirituels en sont convaincus, c'est une force surnaturelle et les gens fragiles, sans discernement, peuvent entrer dans son œuvre, explique-t-il avant de préciser, qu'il faut revenir au sens originel du mot diable : celui qui sépare, qui sépare l'homme o u la femme du monde réel, qui fait partir une personne dans l'irréel, par l'illusion. » De fait, pour lui, « il ne faut pas le voir partout. L'essentiel des maladies psychiques n'a rien de démoniaque, et dans 9 cas sur 10, lorsqu'on appelle l'exorciste, ce n'est jamais justifié. Mais parfois, il y a bien une manifestation diabolique et l'église sait la traiter. »
Par Pierre Challier