Lors d'une dernière confession, le prêtre ne m'as pas donné de pénitence, et je ne lui a pas demandé ! (C'était un prêtre âgé) Selon vous, est-ce que je risque le purgatoire pour cela ?
Lors du sacrement de la réconciliation, le prêtre propose au fidèle une pénitence, comme signe de conversion, pour réparer la faute commise. Prière, réflexion ou acte concret : quels types de pénitence un prêtre peut-il présenter avant de donner l’absolution ?
Une dizaine de chapelet, un « Notre-Père », trois « Je vous salue Marie »… Dans le rituel du sacrement de la réconciliation, l’Église demande, par la pénitence, une réparation du mal commis, c’est-à-dire le plus souvent une action, et si ce n’est pas possible, une prière. Le sacrement de la réconciliation vient pardonner ce mal commis délibérément en suivant les trois étapes essentielles que sont la confession, la réconciliation et la pénitence.
Pour le père Benjamin Boisson (c. b.), auteur de Vivre sa confession dans la joie, « la pénitence fait partie du rituel, elle est donc obligatoire : si le prêtre oublie, il faut la demander. Je me souviens de cette image que l’on nous a donnée au séminaire : si je casse le vase de ma grand-mère, je vais d’abord lui demander pardon, mais je vais aussi essayer de le réparer. La pénitence, c’est précisément cette réparation, qui doit parfois être concrète. Elle doit coûter un peu à la personne, sans être trop lourde bien sûr, mais elle ne doit pas toujours être trop simple ».
Faire pénitence : une attitude spirituelle pour recevoir le pardon de Dieu
À la confession, qu’est l’aveu des péchés, succède la réconciliation, c’est-à-dire la remise de ses fautes à celui qui se repend, non par le prêtre, mais par Dieu qui agit en la personne du prêtre. Rappelons ici que toute faute, même la plus grave qui soit, peut être pardonnée, si celui qui l’avoue est dans une véritable démarche de contrition. Il n’y a pas de limite à la miséricorde du Seigneur.
Vient ensuite le temps de la pénitence, lorsque le prêtre peut proposer au fidèle une action concrète pour réparer la faute commise. Comme l’étonnante pénitence de saint Philippe Néri, celle-ci peut même devenir une véritable leçon de vie. « On peut donner un acte de miséricorde physique ou spirituelle, poursuit le père. La pénitence peut être concrète : je donne souvent à méditer un psaume ou à réciter le Magnificat ou le Credo, mais la pénitence ne se limite pas toujours à la prière. Le prêtre peut demander au fidèle de donner de l’argent à un mendiant dans la rue, ou d’aider une personne qu’il sait être en difficulté. Si ce sont des péchés qui touchent Dieu, comme l’orgueil, le manque de prière ou la paresse, le prêtre aura plus naturellement tendance à conseiller une pénitence d’ordre spirituel, comme la récitation d’un psaume ou d’une prière.
Si le péché est tourné vers l’autre, la réparation sera d’ordre matériel. Si quelqu’un vient me voir et confesse avoir volé trois cent euros à ses parents, j’aurais tendance à lui demander, comme pénitence, de leur rendre cette somme ».
Matérielle ou spirituelle : jusqu’où peut aller la pénitence ?
Pas de manuel, ni de guide : l’attribution de la pénitence est donc laissée au discernement du prêtre.
« Si la faute commise est très grave, comme dans le cas du meurtre, du vol ou de l’agression, souligne le père, il est évidemment nécessaire que le pénitent ait affaire à la justice. Pour essayer autant que possible de réparer son tort, la pénitence sera plus concrète : une réparation financière ou un service dans les milieux médical ou social pour aider les personnes qu’il aurait pu blesser par son acte. Mais la pénitence est ponctuelle, et le prêtre ne peut pas non plus demander au fidèle de s’engager sur le long terme. En revanche, si le fidèle se sent mal à l’aise avec la pénitence reçue, il peut bien sûr en parler avec le prêtre : la confession reste avant tout un dialogue, et le prêtre peut la réajuster. Après, si le fidèle est mal à l’aise, voire se sent abusé par le prêtre, ou que la pénitence est contraire à la décence chrétienne, il peut, et doit, en référer à un autre prêtre, ou, s’il le juge nécessaire, aller directement voir l’évêque ou le supérieur de la communauté s’il s’agit d’un religieux. Il ne faut bien sûr pas hésiter : notre conscience est souvent un bon indicateur ».
L’absolution n’est quant à elle pas liée au fait d’appliquer ou non la pénitence : si le prêtre absout, les péchés sont pardonnés. « Elle permet simplement de réparer les effets du mal commis, de les réparer dès ici-bas pour ne pas avoir à les réparer au Purgatoire. Attention toutefois à ne pas confondre pénitence et punition : la pénitence répare, là où la punition ajoute du mal. L’Église ne punit jamais, elle propose uniquement de réparer le mal qui a été fait ».