Texte de 2019 d’un diocèse sur la « messe à gogo »
Pdf ici : https://www.dsjl.org/fr/la-liturgie
La liturgie et le chant dans les célébrations
De plus en plus, on peut voir, et sans doute on le verra davantage, que la question du
choix de chants et de musique, lors de célébrations eucharistiques, est devenue un enjeu
de dispute ou, du moins, une réalité qui provoquera des désaccords. On peut déjà voir
cette problématique depuis assez longtemps lors de funérailles et de célébrations du
mariage, par exemple. Les responsables du chant et les pasteurs de certaines paroisses
ne permettent plus du tout l’utilisation de ce que l’on appelle des chants profanes dans
aucune sorte de célébration. De leur point de vue, si on accepte l’utilisation de chansons
non liturgiques, on ouvre la porte à toutes sortes d’autres éléments.
Très bien vu. Le novus ordo de 1975 (PGMR) semble avoir été imprécis sur ca. Le nouveau novus ordo de 2002 semble avoir rétabli au #41 L’obligation du chant grégorien, sauf qu’au # 390 les postconciliaires locaux semblent conserver du pouvoir là-dessus, ce qui peut annuler la disposition :
https://sociocatho.forumactif.com/t81-la-messe-western-au-quebec#362
Chose certaine,
l’utilisation de chansons dites profanes a donné lieu à des situations où l’on n’avait pas
l’impression d’être dans un lieu de culte chrétien et encore moins dans une célébration
chrétienne. Beaucoup de pasteurs ont donc choisi la ligne dure, si je puis dire.
Toutefois, il me semble que certaines chansons dites profanes sont directement inspirées
de la foi chrétienne. Je me dis, par conséquent, qu’il faut apprendre à gérer cela à la pièce.
Théoriquement défendable mais très glissant. De mon point de vue personnel il est bien plus sécuritaire (grâce au latin-grégorien qui servent de défenses antimondaines donc de préservation de l’extramondain) d’aller à la forme extra.
D’après mon expérience, informer les gens, créer des relations et cheminer ensemble
dans la préparation d’une célébration permet souvent de ne pas se retrouver dans une
situation où l’on a l’impression d’être un gendarme liturgique, si j’ose dire.
Encore glissant. Le vetus ordo semble disposer d’un très utile gendarme liturgique
Avant tout, il
faut faire preuve d’écoute et essayer de comprendre ce qui amène les gens à expliquer
leur choix. On peut, dans un autre temps, leur transmettre le sens des moments
liturgiques et leur faire prendre conscience que certaines pièces ne respectent pas ces
moments en question. Peut-être même, leur proposer d’autres pièces. Car, disons-le, la
plupart des personnes ne font pas ces liens et ne comprennent pas le sens de tel geste ou
rituel.
Dans le mille!
Une bonne information leur permettra de faire des choix plus appropriés.
Cela étant dit, il n’y a pas que l’utilisation de chansons profanes lors de célébrations qui
posent problème. Il y a aussi l’influence de certains chants religieux*. Quelques chants à
caractère religieux proviennent des milieux pentecôtistes américains, par exemple.
Étrangement, avant que le Québec soit influencé par ce style de musique religieuse, il a
fallu qu’il se rende en France avant d’atterrir ici. Il faudrait aussi parler des styles musicaux
en lien avec la liturgie. Mais ce n’est pas l’objectif de cet article.
La difficulté que posent ces chants religieux de style pop si on veut, et pour ne nommer
que ceux-là, c’est qu’ils ne sont pas toujours construits de sorte à favoriser le sens des
célébrations et la participation de l’assemblée, par exemple.
Absolument incomplet, voire à côté de la plaque : il faut préciser participation à un saint sacrifice expiatoire (pas uniquement mais j’insiste pour illustrer le point en jeu)
Pour être juste, il faut aussi
dire que ce que l’on appelle le chant sacré ne l’a pas toujours été non plus.
Attention. Le chant sacré a l’expérience des siècles, surtout en ce qui concerne la participation non verbale, plus focalisée intérieurement.
Quoiqu’il faille
aussi ici nuancer, les croyants d’une époque s’étaient habitués à chanter en latin ou en
grec même s’ils ne comprenaient pas toujours ce qu’ils chantaient, puisque le chant sacré
a longtemps et surtout été écrit en langue latine.
Faux, ils avaient toutes les traductions sous les yeux
* Ici, j’utilise chants religieux en opposition à ce que l’on appelle le chant sacré, i.e.
chants latins et en grecque. Chants à différencier, à mon avis, de ce que l’on appelle le
chant liturgique.
Il y avait aussi des livres de chants dans lesquels on avait la traduction française au côté
de la version latine. **
Plus tard avec Vatican II, les chants ont été composés en langue vernaculaire. On pouvait
dorénavant chanter dans sa propre langue. Par ailleurs, on a gardé pendant un certain
temps les mêmes styles musicaux. Il y a bien eu des tentatives pour moderniser un peu le
style de musique. On pense ici aux chants plus rythmés que l’on commençait à vouloir
utiliser après le Concile. On a même eu des célébrations eucharistiques que l’on nommait
les « messes rythmées » ou appelées péjorativement les « messes à gogo ».
Voilà. Certaines pages d’opinions des lecteurs (rares il est vrai) font l’éloge des « messes à gogo » (leur expression) et en demandent davantage
*** Quoi qu’il
en soit, comprendre ce que l’on chantait était un grand pas dans l’Église d’ici. Il me semble
que cela favorise la participation de l’assemblée.
A un saint sacrifice expiatoire? Non, impossible avec la musique pop, et surtout celle des ans 60.
Au fond, on peut sans aucun doute
affirmer que c’était le désir des pères conciliaires**** :
« 14. La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à
cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques,
qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de
son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue,
sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5). »
CONSTITUTION SUR LA SAINTE LITURGIE, SACROSANCTUM CONCILIUM,
no. : 14
La musique pop a un effet distrayant et désacralisant, donc la participation dévie vers autre chose de beaucoup moins précis…. Donc certaines participations actives peuvent être des désastres
Enfin, il ne s’agit pas de faire le procès des différents styles musicaux. Chacun a sa place
selon les sortes de rassemblements (liturgique, anniversaire, spirituel, etc.) et les
différents lieux (églises, lieux de culte, salle paroissiale, etc.).
Ce qui importe, c’est que le sens de ce que nous célébrons soit respecté. Il est aussi
important de dire que la liturgie possède ses propres règles qu’il faut respecter pour faire
en sorte de vivre pleinement ce que nous célébrons.
Exactement, d’un point de vue abstrait. Dans le concret observable il est beaucoup plus prudent de garder la rigidité musicale de la forme extra. C’est une nécessité absolue.
** Voir l’article sur le WEB https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-
religieuse-2013-1-page-53.htm#
*** Voir un article très intéressant sur cette période https://ici.radio-
canada.ca/premiere/emissions/aujourd-hui-l-
histoire/segments/entrevue/114660/messes-gogo-rythmees-eglise-concile-vatican
**** Article sur l’histoire de la musique Catholique Romaine au
Québec https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/musique-religieuse-
catholique-romaine-au-quebec
Michel Boutot
Responsable des communications
Et de la liturgie
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
La phrase la plus défendable et à la fois dangereuse du texte me semble celle-Ci :
Toutefois, il me semble que certaines chansons dites profanes sont directement inspirées
de la foi chrétienne.
C’est pas faux, et Ce schème de pensée rejoint la mentalité de Gaudium et Spes : rejoindre le monde en ce qu’il a de bon, pour s’adapter efficacement, en conservant une purification de ce qu’il y a de mal et de peccamineux. Tout n’est pas mauvais dans la musique pop. N’y est-il pas question sans cesse d’amour? Et Dieu est amour (plus exactement charité, c’est pas pareil). Etc. Etc.
Mais il y a du bon dans le communisme et le nazisme, la fraternité et l’amour de ses proches familiaux, nationaux. Et le processus de purification contre la musique pop ne pourra pas fonctionner, car ces choses sont trop subtiles, complexes, le mal et le péché vont passer, ou au moins l’occasion de péché (par exemple par mépris de l’éternité, ou de méditation de la mort , ou du péché mortel) faute de défense antimondaine explicite et active. Il va y avoir contamination (mot de Paul VI, Ecclesiam suam, sur le dialogue avec le monde). Et le saint sacrifice expiatoire va tout naturellement sauter (par l’atmosphère du chant).
Ce N’est pas pcq le chant pop est mauvais qu’il faut l’éviter, c’est qu’il peut l’ëtre et que le processus de purification est trop compliqué pour être applicable. Le chant de la forme extra doit donc être maintenu pour des raisons de prudence (C’est pas blanc et noir).
Suite ici
https://sociocatho.forumactif.com/t84-une-position-diocesaine-sur-la-messe-a-gogo-2019#363
Pdf ici : https://www.dsjl.org/fr/la-liturgie
La liturgie et le chant dans les célébrations
De plus en plus, on peut voir, et sans doute on le verra davantage, que la question du
choix de chants et de musique, lors de célébrations eucharistiques, est devenue un enjeu
de dispute ou, du moins, une réalité qui provoquera des désaccords. On peut déjà voir
cette problématique depuis assez longtemps lors de funérailles et de célébrations du
mariage, par exemple. Les responsables du chant et les pasteurs de certaines paroisses
ne permettent plus du tout l’utilisation de ce que l’on appelle des chants profanes dans
aucune sorte de célébration. De leur point de vue, si on accepte l’utilisation de chansons
non liturgiques, on ouvre la porte à toutes sortes d’autres éléments.
Très bien vu. Le novus ordo de 1975 (PGMR) semble avoir été imprécis sur ca. Le nouveau novus ordo de 2002 semble avoir rétabli au #41 L’obligation du chant grégorien, sauf qu’au # 390 les postconciliaires locaux semblent conserver du pouvoir là-dessus, ce qui peut annuler la disposition :
https://sociocatho.forumactif.com/t81-la-messe-western-au-quebec#362
Chose certaine,
l’utilisation de chansons dites profanes a donné lieu à des situations où l’on n’avait pas
l’impression d’être dans un lieu de culte chrétien et encore moins dans une célébration
chrétienne. Beaucoup de pasteurs ont donc choisi la ligne dure, si je puis dire.
Toutefois, il me semble que certaines chansons dites profanes sont directement inspirées
de la foi chrétienne. Je me dis, par conséquent, qu’il faut apprendre à gérer cela à la pièce.
Théoriquement défendable mais très glissant. De mon point de vue personnel il est bien plus sécuritaire (grâce au latin-grégorien qui servent de défenses antimondaines donc de préservation de l’extramondain) d’aller à la forme extra.
D’après mon expérience, informer les gens, créer des relations et cheminer ensemble
dans la préparation d’une célébration permet souvent de ne pas se retrouver dans une
situation où l’on a l’impression d’être un gendarme liturgique, si j’ose dire.
Encore glissant. Le vetus ordo semble disposer d’un très utile gendarme liturgique
Avant tout, il
faut faire preuve d’écoute et essayer de comprendre ce qui amène les gens à expliquer
leur choix. On peut, dans un autre temps, leur transmettre le sens des moments
liturgiques et leur faire prendre conscience que certaines pièces ne respectent pas ces
moments en question. Peut-être même, leur proposer d’autres pièces. Car, disons-le, la
plupart des personnes ne font pas ces liens et ne comprennent pas le sens de tel geste ou
rituel.
Dans le mille!
Une bonne information leur permettra de faire des choix plus appropriés.
Cela étant dit, il n’y a pas que l’utilisation de chansons profanes lors de célébrations qui
posent problème. Il y a aussi l’influence de certains chants religieux*. Quelques chants à
caractère religieux proviennent des milieux pentecôtistes américains, par exemple.
Étrangement, avant que le Québec soit influencé par ce style de musique religieuse, il a
fallu qu’il se rende en France avant d’atterrir ici. Il faudrait aussi parler des styles musicaux
en lien avec la liturgie. Mais ce n’est pas l’objectif de cet article.
La difficulté que posent ces chants religieux de style pop si on veut, et pour ne nommer
que ceux-là, c’est qu’ils ne sont pas toujours construits de sorte à favoriser le sens des
célébrations et la participation de l’assemblée, par exemple.
Absolument incomplet, voire à côté de la plaque : il faut préciser participation à un saint sacrifice expiatoire (pas uniquement mais j’insiste pour illustrer le point en jeu)
Pour être juste, il faut aussi
dire que ce que l’on appelle le chant sacré ne l’a pas toujours été non plus.
Attention. Le chant sacré a l’expérience des siècles, surtout en ce qui concerne la participation non verbale, plus focalisée intérieurement.
Quoiqu’il faille
aussi ici nuancer, les croyants d’une époque s’étaient habitués à chanter en latin ou en
grec même s’ils ne comprenaient pas toujours ce qu’ils chantaient, puisque le chant sacré
a longtemps et surtout été écrit en langue latine.
Faux, ils avaient toutes les traductions sous les yeux
* Ici, j’utilise chants religieux en opposition à ce que l’on appelle le chant sacré, i.e.
chants latins et en grecque. Chants à différencier, à mon avis, de ce que l’on appelle le
chant liturgique.
Il y avait aussi des livres de chants dans lesquels on avait la traduction française au côté
de la version latine. **
Plus tard avec Vatican II, les chants ont été composés en langue vernaculaire. On pouvait
dorénavant chanter dans sa propre langue. Par ailleurs, on a gardé pendant un certain
temps les mêmes styles musicaux. Il y a bien eu des tentatives pour moderniser un peu le
style de musique. On pense ici aux chants plus rythmés que l’on commençait à vouloir
utiliser après le Concile. On a même eu des célébrations eucharistiques que l’on nommait
les « messes rythmées » ou appelées péjorativement les « messes à gogo ».
Voilà. Certaines pages d’opinions des lecteurs (rares il est vrai) font l’éloge des « messes à gogo » (leur expression) et en demandent davantage
*** Quoi qu’il
en soit, comprendre ce que l’on chantait était un grand pas dans l’Église d’ici. Il me semble
que cela favorise la participation de l’assemblée.
A un saint sacrifice expiatoire? Non, impossible avec la musique pop, et surtout celle des ans 60.
Au fond, on peut sans aucun doute
affirmer que c’était le désir des pères conciliaires**** :
« 14. La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à
cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques,
qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de
son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue,
sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5). »
CONSTITUTION SUR LA SAINTE LITURGIE, SACROSANCTUM CONCILIUM,
no. : 14
La musique pop a un effet distrayant et désacralisant, donc la participation dévie vers autre chose de beaucoup moins précis…. Donc certaines participations actives peuvent être des désastres
Enfin, il ne s’agit pas de faire le procès des différents styles musicaux. Chacun a sa place
selon les sortes de rassemblements (liturgique, anniversaire, spirituel, etc.) et les
différents lieux (églises, lieux de culte, salle paroissiale, etc.).
Ce qui importe, c’est que le sens de ce que nous célébrons soit respecté. Il est aussi
important de dire que la liturgie possède ses propres règles qu’il faut respecter pour faire
en sorte de vivre pleinement ce que nous célébrons.
Exactement, d’un point de vue abstrait. Dans le concret observable il est beaucoup plus prudent de garder la rigidité musicale de la forme extra. C’est une nécessité absolue.
** Voir l’article sur le WEB https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-
religieuse-2013-1-page-53.htm#
*** Voir un article très intéressant sur cette période https://ici.radio-
canada.ca/premiere/emissions/aujourd-hui-l-
histoire/segments/entrevue/114660/messes-gogo-rythmees-eglise-concile-vatican
**** Article sur l’histoire de la musique Catholique Romaine au
Québec https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/musique-religieuse-
catholique-romaine-au-quebec
Michel Boutot
Responsable des communications
Et de la liturgie
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
La phrase la plus défendable et à la fois dangereuse du texte me semble celle-Ci :
Toutefois, il me semble que certaines chansons dites profanes sont directement inspirées
de la foi chrétienne.
C’est pas faux, et Ce schème de pensée rejoint la mentalité de Gaudium et Spes : rejoindre le monde en ce qu’il a de bon, pour s’adapter efficacement, en conservant une purification de ce qu’il y a de mal et de peccamineux. Tout n’est pas mauvais dans la musique pop. N’y est-il pas question sans cesse d’amour? Et Dieu est amour (plus exactement charité, c’est pas pareil). Etc. Etc.
Mais il y a du bon dans le communisme et le nazisme, la fraternité et l’amour de ses proches familiaux, nationaux. Et le processus de purification contre la musique pop ne pourra pas fonctionner, car ces choses sont trop subtiles, complexes, le mal et le péché vont passer, ou au moins l’occasion de péché (par exemple par mépris de l’éternité, ou de méditation de la mort , ou du péché mortel) faute de défense antimondaine explicite et active. Il va y avoir contamination (mot de Paul VI, Ecclesiam suam, sur le dialogue avec le monde). Et le saint sacrifice expiatoire va tout naturellement sauter (par l’atmosphère du chant).
Ce N’est pas pcq le chant pop est mauvais qu’il faut l’éviter, c’est qu’il peut l’ëtre et que le processus de purification est trop compliqué pour être applicable. Le chant de la forme extra doit donc être maintenu pour des raisons de prudence (C’est pas blanc et noir).
Suite ici
https://sociocatho.forumactif.com/t84-une-position-diocesaine-sur-la-messe-a-gogo-2019#363
Dernière édition par chriscato le Jeu 13 Avr - 21:54, édité 1 fois