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Le terrorisme intellectuel (livre)

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Message par Pilgrim Mer 20 Jan - 17:41

Le terrorisme intellectuel
de 1945 à nos jours

par 

Jean Sévillia


La France, dit-on, est le pays de la liberté. Dans le domaine des idées, cela reste à démontrer. Car tout se passe comme si un petit milieu détenait les clés de la vérité. Et ceux qui contestent sont monopole sont victimes d'une censure insidieuse, qui les réduit au silence. Sur la scène politique, culturelle et médiatique, ce terrorisme intellectuel s'exerce depuis cinquante ans. 

En 1950, les élites exaltaient le paradis soviétique et chantaient la louange de Staline. En 1960, elles assuraient que la décolonisation suffirait à garantir le bonheur des peuples d'outre-mer. En 1965, elles s'enflammaient pour Fidel Castro, Hô Chi Minh ou Mao. En mai 1968, elles rêvaient de libérer l'individu de toute contrainte sociale. En 1975, elles saluaient la victoire des communistes en Indochine. En 1981, elles croyaient quitter la nuit pour entrer dans la lumière. En 1985, elles proclamaient que la France devait accueillir les déshérités de la terre entière. Dans les années 1990, l'idéologie libertaire et l'ultralibéralisme se rejoignaient pour affirmer que le temps des nations, des familles et des religions était terminé. 

Pendant cinquante ans, les esprits réfractaires à ces positions ont été victimes du terrorisme intellectuel, car ils ont été traités de réactionnaires, de fascistes, de capitalistes, d'impérialistes, de colonialistes, de racistes, de xénophobes, d'obscurantistes ou de partisans de l'ordre moral, même quand ils ont eu raison avant tout le monde. 

Le terrorisme intellectuel est une mécanique totalitaire. Pratiquant l'injure, l'anathème, le mensonge, l'amalgame, le procès d'intention et la chasse aux sorcières, il fait obstacle à tout vrai débat sur les questions essentielles qui engagent l'avenir. Quand on sera enfin débarrassé de telles méthodes, la France redeviendra le pays de la liberté. 

(quatrième de couverture)
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Message par Pilgrim Mer 20 Jan - 18:52

(extrait)

Il est interdit d'interdire

Le changement effectué dans les mentalités, au cours de la décennie 1970, s'observe par une anecdote. En 1972, le chanteur Michel Polnareff s'exhibe fesses nues sur six cent affiches pour annoncer son récital à l'Olympia : il récolte cent cinquante mille francs d'amende. En 1981, quand une séduisante personne découvre ses avantages en 4 X 3 mètres ("Demain j'enlève le bas"), cette campagne publicitaire fait rire, et l'afficheur "qui tient ses promesses" n'engrange que des bénéfices. En moins de dix ans, le regard de la société s'est renversé. Le corps est un objet dont chacun est libre de disposer comme il le désire. 

Cependant, la sagesse des siècles a toujours estimé que la sexualité doit obéir à des prescriptions : engager les sens, c'est engager l'âme.

[...]

Place de l'Étoile, 26 août 1970. Un groupe se rassemble sous l'Arc de triomphe. Autour de la dalle sur laquelle brûle la flamme perpétuelle, les manifestantes déploient une banderole : "Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme". Le Mouvement de libération des femmes est né. [...] Elles sont marxistes, et raisonnent en fonction d'un schéma : il y a toujours un exploitant et un exploité. Déplaçant l'analyse du social au sexuel, elles veulent s'affranchir du règne masculin. La lutte des sexes remplace la lutte des classes. 

Simone de Beauvoir niait l'existence d'une nature féminine, considérant notamment le sentiment maternel comme une invention culturelle. Prônant l'égalité des sexes, elle appelait à dissocier maternité et sexualité. 

[...]

Le 5 avril 1971, une bombe explose dans le ciel des idées. Dans le Nouvel Observateur, 343 signatures bravent le scandale : "Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons la libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre !" Parmi ces 343 femmes (Charlie-Hebdo les appelle les "343 salopes", mais c'est un compliment) une immense majorité est inconnue. Des noms célèbres y figuraient toutefois. Ce sont eux que l'opinion va retenir :

 Stéphane Audran, Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Marguerite Duras, Gisèle Halimi, Ariane Mnouchkine, Jeanne Moreau, Bulle Ogier, Marie-France Pisier, Micheline Presle, Françoise Sagan, Nadine Trintignant, Agnès Varda, Marina Vlady. 

S'engage un des plus véhéments débats survenus en France depuis la guerre. Il est d'une extrême gravité, car il intéresse la définition de l'homme. Toutes les religions monothéistes, considérant que l'embryon est un être humain, proscrivent l'avortement.

 Mais la République laïque l'interdit également. La loi du 31 juillet 1920 punit d'emprisonnement et d'amende la provocation à l'avortement. Celle du 27 mars 1923 a fait de cet acte qui relevait auparavant de la cour d'assises, un délit justiciable du tribunal correctionnel : celui qui s'associe à un avortement encourt une peine de un à cinq ans de prison. Un médecin qui le pratique risque de un à dix ans de prison, et la radiation de l'Ordre. 

Dans les faits, cette législation est inégalement appliquée. Chaque année ont lieu plusieurs milliers d'avortements clandestins, drame sanitaire et social qui appelle à l'évidence des réponses. Mais la pensée 68 s'empare de cette question en l'envisageant sous le seul angle de valeur désormais dominant : la liberté de l'individu. Puisque la maternité doit être consentie, puisque le "droit à disposer de son corps" est un dogme, l'avortement est légitime. 

Des voix s'élèvent, donnant un autre point de vue. Des hommes, des femmes, des médecins, des juristes, des sociologues, des moralistes affirment que traiter l'avortement exclusivement du point de vue de la femme, c'est occulter la moitié du problème. Que la liberté de disposer de son corps dispose en fait d'une autre liberté, le droit de naître, détenu par celui qui repose dans le sein de sa mère. Que les grossesses non désirées et les cas de détresse nécessitent des solutions - éducatives, psychologiques, juridiques, financières. Qu'il ne faut juger personne, mais maintenir un principe : autoriser l'avortement, ce serait ouvrir la porte aux pires dérives éthiques et sociales, en déresponsabilisant l'être humain dans son rapport à la transmission de la vie. 

Ces voix, on les fait taire. En leur coupant la parole, en les insultant, en les caricaturant, en déformant leur propos ou en les ensevelissant sous le silence. Leurs objections ne reçoivent même pas de réponses : la véritable controverse philosophique et scientifique n'a pas lieu. Ce qui est sacré pour l'époque, c'est de "choisir" - Gisèle Halimi nomme ainsi l'association qu'elle crée en 1971. Refuser l'avortement, c'est vouloir mettre un frein à la liberté sexuelle : or la liberté sexuelle est intangible. 

A un pays qui est au départ hostile, l'action des tenants de l'avortement "libre et gratuit" impose en quelques années un renversement radical : ce qui était un crime devient un geste légal.  

Certains savants tiennent néanmoins un autre discours. Jérôme Lejeune est un généticien de réputation mondiale, titulaire de multiples distinctions scientifiques. Découvreur de la trisomie 21, "nobélisable non nobelisé", selon l'expression de Pierre Chaunu, ce professeur s'engage contre la législation de l'avortement. Dans la presse, il ne rencontre que sarcasme ou mutisme. A Paris, sur un mur de la faculté de médecine, une main anonyme peint cet avertissement : "Il faut tuer Lejeune". 

Le 4 février 1973 dans le Nouvel Observateur, 331 médecins reconnaissent avoir violé la loi en pratiquant l'acte interdit : aucune sanction ne leur est infligé, et leur manifeste est répercuté par tous les médias. Le 5 juin suivant, 18 031 médecins déclarent leur refus de l'avortement : leur appel est à peine mentionné dans les journaux. Suivent des pétitions d'infirmières, de juristes, d'élus locaux contre l'avortement : même black out. 

Le 17 janvier 1975, la loi présentée par Simone Veil est adoptée par l'Assemblée nationale : contre la majorité politique du moment, avec les voix des députés de gauche. Cette loi dépénalise ce qu'elle appelle, d'un euphémisme révélateur, l'interruption volontaire de grossesse. 

Sartre lui-même avait écrit un jour : "Un avortement n'est pas un infanticide, c'est un meurtre métaphysique." Ce débat-là aura-t-il jamais lieu ?

p. 96

(Commentaire : Sartre voyait dans l'avortement le meurtre de Dieu-le-Père. Un moyen pour tenter d'assassiner Dieu. C'est bon à savoir)
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Message par Stéphane Mer 20 Jan - 19:56

Bonsoir @Pilgrim et merci de vos informations Smile


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Message par Pilgrim Jeu 21 Jan - 2:15

Vous êtes bienvenue !

  Salue


(poursuivant la lecture, plus loin)

 Plus de codes, plus de règles, plus d'interdits. L'essentiel, c'est de s'accomplir. Telle est la philosophie dominante. Son effet le plus abrupte regarde l'homosexualité. En une quinzaine d'années, la société française (et occidentale) a vécu ce bouleversement considérable : il n'est plus tolérable d'affirmer que l'homosexualité et l'hétérosexualité ne sont pas équivalentes. Pour les héritiers de 68, toutes les sexualités sont égales, puisqu'elles visent à la satisfaction de l'individu. La portée de ce relativisme ne peut être prise qu'à l'échelle de l'histoire de la civilisation. En ruinant tous les repères anthropologiques, l'époque est saisie par un vertige suicidaire. Car il est évident que la société n'existe que par la continuité des êtres, par la chaîne des générations. Or, le fait est là, l'homosexualité est inapte à transmettre la vie. Pour le discours intellectuel, culturel et médiatique, ce n'est qu'un détail. Rien d'étonnant à cela : dans l'univers de l'éphémère, la durée n'a d'autre unité de mesure que l'individu. Peu importe qu'un choix sexuel ne soit générateur de rien d'autre que son plaisir : l'essentiel c'est d'être bien dans sa peau. 

Bien dans sa peau ? L'homosexualité a toujours existé, elle existera toujours. Les homosexuels sont des citoyens comme les autres, pourvus des mêmes droits et des mêmes devoirs. Souvent, artistes et créateurs, ils incarnent une sensibilité dont la richesse bénéficie à toute la collectivité. Il reste que l'homosexualité est une singularité dont l'apport n'est pas du même ordre que les relations hommes-femmes : la pérennité du genre humain ne lui doit rien. Cette différence ne peut donc être érigée en modèle, sauf à éliminer des principes fondateurs de la société la dimension de l'avenir. 

D'autant que s'il est des homosexuels heureux, il en est qui subissent leur disposition comme un tourment. Les psychologues savent qu'au moment ou cette tendance se manifeste, il est possible d'y échapper. Encore faut-il que cette perspective soit envisagée. Normaliser l'homosexualité, c'est condamner certains à la souffrance à vie. Et la désintégration de la famille ne fera que multiplier les victimes : l'oblitération de la figure du père comme de la mère nourrit la confusion des genres. Le syndrome de la culpabilisation qui domine notre temps retourne l'explication : si les homosexuels étaient naguère malheureux, c'est qu'ils étaient empêchés de s'épanouir en tant que tels. Mais l'exhibitionnisme de la Gay Pride respire-t-il la sérénité et l'harmonie ? Il est des milliers d'homosexuels que cette parade obscène répugne - comme tout le militantisme gay. Vivant leur spécificité dans la discrétion, ils ne croient pas appartenir à une "communauté" à qui une législation particulière devrait être réservée. Mais ceux-là, par définition, ne s'expriment jamais à la télévision.

Le Pacs

Contre le Pacs, le 31 janvier 1999, 100 000 personnes défilent dans les rues de Paris, répondant à l'appel de Christine Boutin. Une foule familiale, jeune, joyeuse. Et naïve : persuadée que ses bons sentiments sont capables de faire reculer la machine. "Une France moisie", dit Philippe Sollers, deux jours avant la manifestation. 

Aux informations, les comptes rendus se partagent entre le sarcasme, l'ironie, le mépris ou l'amalgame. Les slogans du rassemblement ne comportaient aucune allusion à l'homosexualité, a fortiori aucune agression contre les homosexuels - la presse du lendemain en témoigne :"le discours des uns et des autres s'en tient à la stricte défense des valeurs familiales, évitant les dérapages homophobes", écrit Libération, le 1er février 1999.

Trois jours après, cette réalité est occultée. Et depuis dans les médias il passe pour acquis que, le 31 janvier 1999, 100 000 Français ont marché en scandant des cris de haine ("Les pédés au bûcher") contre les homosexuels. C'est un mensonge, mais c'est un mensonge calculé. 

"Cette France de l'ordre moral nous menace", met en garde L'Événement (4 février 1999) : "Cent mille manifestants pour dire leur haine des pédés, des anormaux, des atypiques, de l'autre, de tout ce qui n'est pas conforme. L'enjeu de cette croisade ? Tout simplement le contrôle de nos vies privées, l'installation d'un ordre moral très ancien, qui régentait nos âmes et nos rêves, le bon et le mauvais goût, la vie et le corps des femmes." C'est une pure divagation. Les réseaux de Mme Boutin (au sein desquels, par parenthèse, le souci des "anormaux", en la personne des enfants handicapés et notamment trisomiques, est sans doute supérieur à celui qui se démontre ailleurs), ces réseaux, le voudraient-ils, ne disposeraient d'aucun moyen pour imposer quelque comportement que ce soit à qui que ce soit. Mais battre le rappel contre ce péril imaginaire rempli une fonction : mieux faire passer la métamorphose des symboles sociaux imposée par les élites. 

[...]

L'activisme des extrémistes ne connaît pas de bornes. Leur dernière revendication en date : la création d'un délit de provocation à la haine homophobe. Libération, le 3 décembre 1999, publie un manifeste pour une stratégie contre l'homophobie [...] La bataille des mots a déjà été gagnée, puisque le terme d'homophobie s'est imposé : ce mot piégé confond (volontairement) le refus de la normalisation symbolique et sociale de l'homosexualité avec l'animosité à l'égard de la personne des homosexuels. L'homophobe, c'est le fasciste d'aujourd'hui. Libération, le 26 juin 1999, dans un cahier spécial consacré à la Gay Pride qui se tient ce jour-là, établit ce rapprochement idéologique :"L'homophobie, rejeton de la bête immonde qui accouche régulièrement des nouvelles formes de racisme, exige un nécessaire devoir de vigilance." Dans les rangs de la manifestation, une banderole porte cette formule : "Homophobie, haine, racisme, antisémitisme, même combat."

Accuser de racisme et d'antisémitisme ceux qui critiquent le prosélytisme homosexuel, c'est leur ôter le droit à la parole. Mais à l'ignominie, les spécialistes de l'amalgame ajoutent d'étranges contradictions. Car Joseph Sitruk, interrogé par Karl Zéro sur Europe 1, ne s'embarrasse pas de circonlocutions :" - Que dit la religion juive des homosexuels ? - Elle pense que c'est un travers moral. Je pense qu'il ne faut pas les rejeter, qu'il faut les aider dès lors qu'ils sont eux-mêmes d'accord pour diagnostiquer qu'ils sont malades." (Paris Match, 27 mai 1999) Demain, le grand rabbin de France tombera-t-il sous le coup de la loi ?

p.224
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Message par Pilgrim Jeu 21 Jan - 3:17

(plus loin)

En 1992 paraît le nouveau Catéchisme de l'Église catholique. C'est un livre de sept cent pages. Sept paragraphes concernent la sexualité. Ce sont les seuls qui passionnent les médias. En 1995, Jean-Paul II publie l'encyclique Evangelium vitae, dans laquelle il développe les raisons de l'hostilité de l'Église à l'avortement, en affirmant que la loi morale peut être supérieure à la loi civile. Rive gauche, c'est un tollé : le pape est accusé de menacer les fondements de la République.

 Le 16 novembre 1995, France 2 diffuse une émission sur les "Croisés de l'ordre moral". Jean-Paul II y est présenté comme l'inspirateur d'un fanatisme rétrograde, manoeuvrant des troupes occultes prêtes à étouffer la liberté d'expression. En 1997, séjournant à Paris pour les JMJ, Jean-Paul II, en compagnie de la famille du professeur Jérôme Lejeune, se recueille sur la tombe de son ami généticien engagé contre l'avortement. Cet acte de piété privée est stigmatisé comme un attentat. "Provocation", s'indigne le Planning familial. "Mépris du Vatican pour les femmes et les jeunes", fulmine Gisèle Halimi. 

Le phénomène a culminé en 1996, pendant l'année Clovis. Célébrer le 1500e anniversaire du baptême de Clovis, c'était rappeler que la France possède des racines très anciennes et que le christianisme est une veine qui a irrigué son histoire. Mais cette commémoration provoque un renouveau de la querelle laïque. 

En janvier 1996, une visite d'État de Jacques Chirac au Vatican commence par faire scandale. "Dans la discrétion générale, la France est en train d'abandonner l'un des principes majeurs de sa tradition républicaine, celui de la laïcité", assène Odon Vallet dans une tribune du Monde (11 mai 1996). Le prétexte de cette campagne d'opinion, c'est la venue de Jean-Paul II, prévue pour l'automne. La vraie raison est autre, et se révèle pendant la mobilisation contre la visite pontificale : les arguments tournent toujours autour de la résistance à l'idéologie de la liberté sexuelle incarnée par le catholicisme. Le 22 de chaque mois (le Souverain Pontife doit célébrer une messe à Reims le 22 septembre), une banderole est déployée :"Avorter la venue du pape". Le 18 septembre, Charlie Hebdo publie un numéro spécial rempli d'injures à l'égard de Jean-Paul II : les trois-quart sont à connotation sexuelle.

Le 19 septembre, le Souverain Pontife arrive pour trois jours en France. Saint-Anne-d'Auray, Tours, Reims : il est acclamé par 500 000 personnes. La coordination anti-pape, avec un considérable relais médiatique, a appelé à un rassemblement, à Paris, le dimanche 22 : on compte 5000 manifestants.

Anticonformiste de gauche, Delfeil de Ton les interpelle :

"Quant à l'avortement, condamné par toutes les religions et pas seulement celle du pape, pourquoi les laïques eux-mêmes n'auraient-ils pas le droit de s'interroger en conscience sur sa légitimité, sans se retrouver du même coup en opposition avec les mouvements antiracistes ? (le Nouvel Observateur, 10 octobre 1996)

Un an plus tard, en 1997, les Journées Mondiales de la Jeunesse se déroulent à Paris. Les nouveaux anticléricaux tentent une nouvelle offensive, sans succès. Les médias eux non plus, n'embrayent pas. Ils préfèrent le silence. Le 15 août, le Monde titre sur la difficulté de l'épiscopat français à mobiliser les catholiques. Mais le 21 août, leur surprise est immense : au Champ-de-Mars, 500 000 jeunes venus du monde entier accueillent Jean-Paul II. Le 24, pour la messe de clôture à Longchamp, ils sont 1 250 000, dont 500 000 Français. 

Dans les rédactions, on s'étonne. Pourquoi des jeunes viennent-ils écouter un vieillard qui leur parle un langage d'un autre temps ? Mais dans les rédactions, on ne comprend pas que le pape ne tient pas un langage du passé : il parle un langage éternel. Il parle de ce qui élève l'homme. Il parle de ce qui nourrit l'âme. 

Un bel hommage sera rendu à Jean-Paul II, dans le Point (21 septembre 1996) :

"Qu'il y ait un lieu en ce monde ou continue d'être dit que la condition humaine ne peut pas faire l'impasse sur la question du mal, du péché, de l'interdit, qu'il s'y trouve un pape pour rappeler que l'espèce ne fera jamais complètement l'économie de sa part noire ou maudite est peut-être difficile à entendre - ce n'en est pas moins une bonne nouvelle parce que c'est un gage de civilisation et un rempart contre la barbarie. Merci au pape d'exister."

Ces lignes sont de Bernard Henri Lévy.

p. 228
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Message par Pilgrim Jeu 21 Jan - 15:17

(une autre page intéressante)

Contre le principe de réconciliation, le terrorisme intellectuel entretient un réflexe d'ostracisme. La mentalité de nos censeurs contemporains relève de la Terreur - dans l'acception historique du terme. "Y-a-t-il guillotine aujourd'hui ? Oui, car il y a toujours trahison", disait un sans-culotte. "Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé", soutenait Saint-Just. Cette logique a été celle du communisme, elle a été celle du nazisme. C'est l'utopie folle d'une société habitée par des purs, délivrée de tout opposant, de tout contradicteur. Ce système est totalitaire. Il attise une haine perpétuelle : puisqu'il y aura toujours des rebelles à l'ordre établi, il y aura toujours des individus à éliminer. 

Sans doute, dans le cas du terrorisme intellectuel, l'épuration s'opère-t-elle par les mots et l'image, mais l'effet reste le même. Il aboutit à considérer celui qui tient un discours autre comme un citoyen indigne de ce nom. Alors que la citoyenneté consiste à admettre que ceux qui ne partagent pas ses idées sont néanmoins des citoyens. 

Vouloir que tous les Français soient bâtis sur un modèle uniforme, c'est travailler contre la paix civile. Car l'uniformité est le contraire de l'unité. L'uniformité divise, l'unité rassemble. La politique, ce n'est pas la guerre civile. C'est l'art de faire cohabiter différentes familles de pensée autour d'un dénominateur commun. Dans un pays divisé de croyances, la nation constitue le lieu géographique ou se résout - sur le plan civique - la dialectique de l'universel, de l'identité et du particulier. Encore faut-il rétablir la conscience que les Français, par-delà leurs divisions, appartiennent à la même communauté de destin - et pas seulement un soir de victoire au Mondial de football.

La nation, à cet égard, représente le seul moyen de dépasser les conflits de mémoire. Pour se diriger, la mémoire est nécessaire : un amnésique est perdu dans l'espace et le temps. La mémoire collective de la nation est constituée de mémoires particulières. Chacune est légitime, chacune est précieuse : après l'effondrement de l'utopie révolutionnaire qui rêvait de faire table rase du passé, on a redécouvert le prix des valeurs permanentes et transmises. Cependant, le culte de la mémoire n'est pas un but en soi : le souvenir ne doit pas faire obstacle à l'avenir. Il faut être vigilant à préférer ce qui unit à ce qui divise : la mémoire nationale, c'est la mémoire de tous les Français.

p. 256
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Message par Anayel Jeu 21 Jan - 20:23

Merci pour ces extraits Pilgrim, je les trouve intéressants ^^
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Message par Pilgrim Mar 26 Jan - 23:37

https://fr.aleteia.org/2021/01/21/lintelligence-de-jerome-lejeune-etait-orientee-vers-la-verite/

En parlant de Jérôme Lejeune ... Le Vatican vient de le déclarer "vénérable", le 21 janvier dernier.  Amusant. Le texte que j'ai édité qui évoque son action, je l'aurai édité entre le 20 et le 21 janvier. J'ignorais tout au sujet de cette étude de son dossier à Rome. 

  Super

(Vous voyez ici mon ange-gardien qui fait "tope-là !" avec l'ange de la cité du Vatican; des initiés. Carl Gutav Jung aurait peut-être parlé de synchronicité)
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