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Le système préventif de saint Jean Bosco

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saint-michel


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Message par saint-michel Sam 16 Avr - 10:27

Le système préventif de saint Jean Bosco Le_sys10

LA PÉDAGOGIE SALESIENNE
par Xavier Thévenot (1) (Une présentation synthétique destinée aux éducateurs chrétiens)
Don Bosco a donné à ses intuitions éducatives, lors d’une visite en France en 1877(2), le nom de système préventif (3). C’est ce système pédagogique que nous présentons ici de façon très rapide et synthétique.
Une pédagogie informée par Dieu
La pédagogie de don Bosco s’appuie sur des bases anthropologiques très solides auxquelles peuvent adhérer non seulement les éducateurs chrétiens, mais aussi un grand nombre d’éducateurs incroyants, agnostiques, ou adhérant à d’autres visions religieuses.
Cependant, il semble souhaitable, surtout pour nous européens francophones qui vivons dans une société en bien des domaines postchrétienne, de percevoir d’entrée que le système préventif est radicalement théonome (Théos = Dieu; nomos = règle). C’est-à-dire qu’il trouve la règle dernière de son élaboration et de son application dans l’être, l’agir, et le désir de Dieu, tels que ceux-ci se sont fait connaître par la révélation chrétienne.
Cela signifie tout d’abord que, selon don Bosco, l’origine première de l’activité éducative est la prévenance de Dieu, le Créateur de toutes choses, qui éduque l’humanité en la sortant de ses aliénations. De même, la fin dernière de l’éducation est la « gloire »(4) de Dieu. D’un Dieu qui n’est pas n’importe quel dieu, mais bien Celui qui se révèle dans le Nouveau Testament comme Amour (1 Jn 4, Cool, ou comme Père exprimant une bonté affectueuse(5) (Lc 15, 11-32) envers chaque homme, fût-il le plus grand des pécheurs.
Cela implique ensuite que Jésus de Nazareth, autocommunication(6) de Dieu au monde, sauveur des hommes, soit vécu à la fois comme le modèle d’identification par excellence de l’éducateur et du jeune, et surtout comme celui en qui chaque homme doit vivre pour participer à la vraie Vie, celle qui vient de Dieu(7).
Cela veut dire enfin que l’Esprit(Cool de Dieu, source de liberté ( 2 Co 3, 17), est ressenti comme le dynamisme interne de l’activité éducative. Eduquer, c’est se faire l’aventurier du désir de l’Esprit. C’est entrer avec lui, de façon souvent surprenante, dans une voie qui mène à la Vérité et à la Vie (Jn 14, 6)
Ainsi, éduquer à la salésienne, c’est reconnaître que la réussite éducative n’est pas au bout des efforts acharnés de l’homme, mais qu’elle est d’abord le fruit de l’amour gratuit de Dieu. C’est sur cet amour que se repose l’éducateur salésien ; ce qui ne signifie pas pour autant qu’il aura une vie de tout repos ! Les jeunes sont parfois déstabilisants et exigent beaucoup de créativité ; et surtout, l’Esprit bouscule les programmations trop rigides de l’avenir. L’éducateur sera donc parfois conduit sur des chemins risqués, mais ce sera avec la certitude que le Dieu de la paix l’accompagne.
Une pédagogie ecclésiale
Don Bosco considérait que la façon dont Dieu se rendait présent sur terre était l’Église (9). La vision qu’il avait de cette « arche du salut et de la sainteté » était tout à fait représentative de celle qui était en vigueur dans le Piémont du dix-neuvième siècle. Elle se traduisait par la définition suivante : « L’Église est la société des fidèles chrétiens qui, sous la conduite du souverain pontife et des pasteurs légitimes, professent la religion établie par Jésus-Christ et participent aux mêmes sacrements ». On est évidemment assez loin de la vision ecclésiale contemporaine qui, dans la ligne du concile Vatican II, insiste sur l’idée de peuple de Dieu et de communion, sans pour autant négliger la dimension hiérarchique.
Quoi qu’il en soit, don Bosco ne concevait pas que l’on puisse se laisser modeler par Jésus-Christ sans que dans le même mouvement on ne développe la communion ecclésiale. Communion dont la théologie d’aujourd’hui a souligné qu’elle devait certes s’exprimer envers le pape et les évêques, mais aussi envers les autres baptisés et les autres Églises. L’éducation doit donc tenter de faire découvrir au jeune son appartenance au corps du Christ, qui est un corps vivant à la fois d’unité et de différence (1 Co 12). D’unité, car dans un corps circule la même vie ; ici celle de Dieu. De différence, car un corps est constitué de membres aux fonctions diversifiées, qui se mettent au service de l’ensemble.
Ces convictions théologiques confortaient don Bosco dans l’idée que la pédagogie devait, pour atteindre ses objectifs, s’appuyer autant que possible sur une institution convenablement structurée, ainsi que sur la communauté des éduquants (10). Aussi n’hésitera-t-il pas à inviter ses jeunes à former des groupes destinés à animer et évangéliser l’institution éducative. Ce furent les Compagnies. La pédagogie salésienne est ainsi constituée d’une subtile articulation d’attention à la singularité de chaque jeune et d’ouverture sur la vie communautaire.
Les finalités de l’éducation salésienne
Don Bosco avait une formule simple pour dire les finalités de sa tâche éducative : « Faire d’honnêtes citoyens et de bons chrétiens ». Malgré son vocabulaire quelque peu vieillot, cette formule articule bien les deux buts de toute éducation chrétienne digne de ce nom : inviter les jeunes à se laisser totalement saisir par le Christ ressuscité jusqu’à devenir saints, et les aider à prendre pleinement leur place comme citoyens intègres et responsables dans la vie sociale et politique.
On pourrait dire, en termes ramassés, que la fin du système préventif est d’apprendre à vivre dans la justice : d’une part la justice qui vient du Christ (Ph 3, 9), celle qui ajuste à l’amour libérateur de Dieu ; et d’autre part la justice sociale, sans laquelle il n’est pas de bonheur collectif possible. On devine donc que le système pédagogique salésien est marqué d’une double ouverture sur Dieu et sur le monde. Et cette ouverture doit toujours passer en priorité par l’attention aux pauvres. En effet, la justice qui vient de Dieu est celle qui proclame :
« Heureux les pauvres, car le Royaume des cieux est à eux » (Lc 6, 20). Quant à la justice sociale, elle n’a de sens qu’à tenter de mettre fin à la pauvreté. D’où l’obsession, oserait-on dire, de don Bosco pour l’attention envers les jeunes les plus défavorisés. Éduquer à la salésienne, c’est mettre les pauvres au centre de la problématique éducative. C’est faire que l’activité éducative soit reçue par eux comme une « bonne nouvelle ».
Une pédagogie de l’amour et de la joie
Ces deux finalités, l’épanouissement de « l’homme nouveau en Christ » (Ep 4, 17-24) et le développement de l’homme solidaire des démunis, le système préventif de don Bosco cherche à les atteindre par une pédagogie de l’amour et de la joie.
Une pédagogie de l’amour tout d’abord. Le terme d’amour est à entendre ici non pas d’abord avec sa connotation affective, mais avec l’acception qu’il a dans le Nouveau Testament où Il traduit le mot grec agapè (transcrit en latin par le terme caritas). Ce mot est difficile à définir par une formule brève. Le mieux sans doute pour approcher sa signification est de se reporter, comme le faisait d’ailleurs don Bosco, à la description qu’en a donnée St Paul dans la première épître aux Corinthiens (1 Co 13, 1-13) :
« L’amour est serviable, n’est pas envieux, ne fanfaronne pas, ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ; il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il met sa joie dans la vérité ; il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout ».
Ce qui doit informer jusqu’au plus profond de son être chaque éducateur salésien, c’est donc l’agapè. Toute autre attitude n’est que seconde ou n’est encore que mise en œuvre d’une technique pédagogique, nécessaire certes, mais insuffisante. Or comme l’agapè constitue l’être même de Dieu (1 Jn 4, Cool, on voit que le cœur du système préventif est constituée par la gratuité de l’amour de Dieu. Celle-ci se saisit de la liberté humaine non seulement pour lui donner toutes ses dimensions, mais encore pour la conduire à « participer à la nature divine » (2 P 1, 4).
La pédagogie salésienne est du coup une pédagogie de la joie ; à ne pas confondre avec une pédagogie de l’exaltation qui, elle, serait proprement manipulatrice et aliénante. La joie dont il s’agit ici est non pas l’objet d’une conquête, mais le fruit de l’Esprit en l’homme. C’est dire qu’elle surgit quand la personne accepte de lâcher prise pour se laisser travailler par la gratuité de Dieu. Décidément, l’éducation à la salésienne n’est pas de l’ordre d’une conquête volontariste, inlassablement recommencée.
Elle est de l’ordre d’une surabondance d’un Amour en quête de l’homme, que l’on apprend à accueillir. Ce qui n’exclut évidemment pas une éducation de la volonté avec ses exigences d’efforts répétés et même de rudes combats. Mais ceux-ci, au lieu d’être vécus comme une tentative de coïncider avec une belle image de soi-même, ne font que traduire alors une démarche qui cherche à être logique avec l’amour reçu.
Une pédagogie de l’alliance, de la confiance et de la loi
Mû par l’agapè de Dieu qui fait alliance avec l’homme, l’éducateur salésien, au sein de l’institution éducative, propose au jeune d’instaurer une alliance avec sa « partie éduquante ». Chaque jeune, en effet, dispose d’une liberté. Celle-ci se manifeste, comme l’a rappelé le philosophe Paul Ricœur, par trois grands types d’actes : décider, mouvoir les êtres et les choses, et consentir.
La « partie éduquante » du jeune est celle qui est capable de déployer toujours davantage ces trois façons d’exister, d’abord envers lui-même : se décider, « se bouger » ou se transformer, et enfin consentir à celles de ses limites qui ne peuvent être repoussées.
Cette partie éduquante, on l’imagine facilement, a besoin d’un éducateur qui fasse alliance avec elle et l’aide à se développer. Or une telle alliance n’est possible que dans la confiance mutuelle et le respect d’une loi, comme le montre la Bible quand elle décrit un des moments où Dieu fait alliance avec Israël (Ex 19-20).
C’est ce que don Bosco avait parfaitement compris. Il a créé une institution ouverte, l’Oratoire, toute régie par la confiance et le rapport souple à une loi. Il donnait ainsi à des jeunes, qui avaient perdu leurs repères en raison d’un déracinement sociologique, la possibilité de retrouver peu à peu une orientation de vie, et de devenir féconds dans la vie sociale.
Une trilogie centrale : raison-religion-affection
Toutes les réalités que nous venons de décrire informent une trilogie qui est le cœur même de la pédagogie de don Bosco : la raison, la religion, l’affection (l’amorevolezza). Ces trois réalités « forment système », comme l’on dit aujourd’hui. Ce qui signifie qu’elles sont indissociables et qu’elles rétroagissent les unes sur les autres, s’équilibrant mutuellement.
La raison. Don Bosco veut faire pleinement droit à cette faculté qui est le propre de l’homme. La raison doit être honorée non seulement en introduisant le jeune aux connaissances intellectuelles, mais en lui donnant l’occasion de confronter sa foi aux exigences du raisonnement, et en instruisant ses relations affectives par un mouvement de réflexion critique. Une telle attitude évite que la relation éducative ou l’institution ne sombre dans un fonctionnement de type sectaire.
La religion. Elle est évidemment le cœur de la pratique éducative de don Bosco, avec ses trois grandes manifestations que sont le culte rendu à Dieu par la prière individuelle et communautaire, la compréhension intellectuelle par l’étude, l’agir inspiré par une éthique conforme aux exigences de l’Évangile. Elle rythme le déroulement des journées, elle anime les façons d’être avec autrui, elle ouvre un sens global à l’existence.
L’affection ou plus précisément l’amorevolezza. Ce terme italien est difficilement traduisible. Il désigne une sorte de bonté affectueuse que don Bosco recommande d’exprimer dans la relation éducative avec le jeune. Non seulement l’éducateur doit manifester au jeune une affection qui est celle d’un père, ou d’un frère, ou encore d’un ami, mais il cherche à susciter une réponse d’amitié.
Ainsi, la dimension affective qui sous-tend toute relation humaine intense est prise en compte par la pédagogie salésienne. C’est là une de ses plus grandes originalités. Mais on imagine aussi que ce peut être là son talon d’Achille, tant l’affectif entre un jeune et un adulte peut facilement se dérégler, voire se pervertir. D’où la double insistance de don Bosco d’une part sur la vertu de chasteté qui permet une saine régulation des affects sexués, et d’autre part sur la nécessaire connexion de tous les éléments du système préventif, qui évite que tel ou tel élément n’entre dans un chemin déviant.
Une pédagogie régie par la douceur
Don Bosco, si l’on en croit les confidences qu’il a faites sur lui-même, avait un tempérament violent. Or au contact de la foi chrétienne, il comprend très tôt – dès l’âge de neuf ans, lors d’un songe(11) – que la douceur est le passage obligé de l’éducation. « Ce n’est pas avec des coups, mais par la mansuétude et la charité que tu devras gagner tes amis » lui dit le Christ dans ce songe. Aussi, dans la lignée de Saint François de Sales, s’inspire-t-il pour son mode de présence au milieu des jeunes de la charité du « Bon Pasteur ».
Celui-ci est « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29), mais en même temps, il n’hésite pas à exprimer de façon juste son agressivité quand le respect de la vraie foi et de la justice est en cause (Mt 23). La pédagogie salésienne conduit donc l’éducateur non pas à dénier l’agressivité qui est sous-jacente au vivre-ensemble, mais à la réguler par l’amour, afin qu’elle se mette au service de la croissance des personnes et des groupes.
Les deux piliers du système : la pénitence et l’eucharistie
La religion qui est au cœur du système préventif repose, selon don Bosco, sur deux piliers : le sacrement de la réconciliation et la célébration eucharistique.
D’un point de vue anthropologique, il est intéressant de remarquer qu’il y a là deux formes de ritualité ; l’une qui prend en charge la culpabilité individuelle et collective, l’autre qui fait mémoire d’une violence faite à un innocent condamné injustement, et de la victoire sur la mort par la résurrection. On fait ainsi droit à des réalités que beaucoup d’éducateurs ont tendance à négliger, telles que le besoin de langage symbolique, la nécessité de faire mémoire, la quête de communion groupale, le désir de purification, la recherche d’une source d’espérance, etc.(12)
D’un point de vue théologique, est ainsi célébré le cœur de la foi chrétienne, à savoir le mystère pascal de mort et de résurrection. Mystère par lequel la puissance salvatrice du Christ se déploie et se donne à l’homme. Célébrer la réconciliation et l’Eucharistie au centre de la vie d’une institution éducative, c’est induire, une fois de plus, l’idée que la vie trouve son vrai sens dans l’expérience d’une gratuité qui purifie, redresse et transfigure le réel dans un mouvement d’excès.
On pourrait récapituler tout cela en disant que la pédagogie salésienne est une pédagogie de la grâce. Le mot grâce devant être entendu avec ses multiples connotations de gratuité (c’est à titre gracieux), de salut (la grâce d’un condamné à mort), et de beauté (la grâce d’un enfant). En définitive, la réussite éducative est, de par la grâce, conduire les jeunes à vivre de la grâce. Ce qui les mène à vivre dans la douceur, l’attention aux autres, la chasteté, la paix,… ces multiples fruits de l’Esprit que signale St Paul dans l’épître aux Galates (Gal 5).
Une pédagogie de la présence
L’éducateur salésien n’aborde pas les jeunes seulement quand il doit exercer le rôle précis pour lequel il est engagé dans l’institution éducative ; par exemple dans les seules heures d’enseignement. Don Bosco insiste pour que l’éducateur se plaise au milieu des jeunes, soit cordial et ouvert envers eux, manifestant beaucoup de respect et patience, toujours prêt à faire le premier pas pour tenter de saisir de l’intérieur leur univers. C’est pourquoi dans ses institutions, il promeut la présence de tous les éducateurs dans les lieux de loisir des jeunes, sur la cour de récréation par exemple. Le jeu est, selon lui, une des réalités parmi les plus éducatives. L’éducateur doit donc prendre plaisir, si c’est possible, à jouer avec les jeunes.
Ce qui s’allie particulièrement bien avec la pédagogie de la joie. Et pour bien signifier que la présence salésienne au milieu des jeunes ne relève pas d’abord du registre de la surveillance, la tradition salésienne parle d’assistance. L’éducateur cherche à être l’assistant du jeune pour promouvoir sa liberté. Assistance qui devra s’inspirer de la façon dont Dieu lui-même se tient près de son peuple pour l’éduquer (ex-ducere), c’est-à-dire pour le conduire hors de ce qui nuit à sa liberté.
Une pédagogie préventive
Don Bosco a voulu donner à sa pédagogie le nom de système préventif, par opposition au système répressif. Les raisons du choix de ce qualificatif préventif font encore l’objet de discussions entre les historiens. Cependant il est clair que don Bosco rejoignait ainsi tout un courant de réflexion du dix-neuvième siècle qui mettait l’accent sur l’idée de prévention dans le domaine social et en éducation(13). Dans sa sensibilité préventive, il y avait une composante de protection, et une autre de promotion. Il convenait à la fois de préserver la société contre une menace d’une jeunesse par trop perturbée, et de faire des jeunes pauvres et en danger les protagonistes d’un projet global de renaissance sociale et religieuse.
Appliquer cette sensibilité préventive à la méthode éducative proprement dite, signifiait en premier lieu que l’éducateur devait cultiver une attention à toute expérience qui pourrait être chez le jeune irrévocablement déshumanisante, afin de la lui faire éviter. En deuxième lieu, cela impliquait de contribuer à la maturation du jeune, en lui faisant faire des expériences positives dans un climat éducatif porteur et un encouragement confiant. En somme, dans l’idée de prévenir, il y avait le désir d’éviter les réalités traumatisantes et d’anticiper les conditions d’une bonne maturation. Là encore, il est plausible que don Bosco puisait dans son expérience de la prévenance de Dieu de quoi alimenter sa vision concrète de ce qu’était une bonne prévention.
Des questions
Après avoir pris connaissance de ces données essentielles du système préventif, un certain nombre de lecteurs qui vivent dans une société où les références chrétiennes ne sont plus premières, ne manqueront pas d’être surpris par le lien intime existant entre la pédagogie de don Bosco et la vie spirituelle. Cette pédagogie, a-t-il été dit, est totalement théonome, c’est-à-dire trouve sa règle dernière en Dieu. Dès lors ces lecteurs auront envie de formuler des questions qui touchent au fondement même du système préventif, et dont les réponses conditionnent le caractère spécifique des institutions salésiennes :
Peut-on appliquer la pédagogie de don Bosco si l’on n’est pas chrétien ou si l’on n’adhère que partiellement aux convictions de l’Église catholique ?
Peut-on bénéficier de la pédagogie salésienne si, en conscience, on n’arrive pas à adhérer aux convictions de la foi chrétienne ?
Peut-on sauvegarder l’essence du système préventif si on lui enlève les éléments proprement chrétiens ?
Trois questions décisives ! Elles sont abordées dans un ouvrage collectif : Éduquer à la suite de don Bosco (14).
D’autres lecteurs, rompus par une longue expérience à la complexité des questions pédagogiques, ont peut-être eu une réaction de soupçon en prenant connaissance des grands thèmes de l’éducation salésienne. Par exemple, l’affection entre l’adulte et l’adolescent, la présence presque permanente de l’éducateur auprès du jeune, l’attitude de prévention-protection, ne risquent-elles pas de devenir gravement manipulatrices et donc d’être anti-éducatives ? Excellent soupçon ! Le système préventif a un pouvoir pédagogique puissant quand il est bien appliqué mais il peut facilement être perverti si l’éducateur n’est pas sur ses gardes. L’ouvrage collectif auquel on vient de faire allusion, tout en soulignant les possibilités de déviance des intuitions de don Bosco, montre qu’il est possible de les contrecarrer si l’on vit bien la pédagogie de don Bosco comme une réalité systémique. C’est une occasion de se rappeler qu’un système pédagogique n’est jamais une recette à appliquer de façon aveugle, mais une réalité qui convoque l’éducateur à exercer sa responsabilité éthique de personne humaine et de chrétien.
Enfin, pour que le lecteur puisse avoir une vue synthétique, nous présentons ici un schéma récapitulatif du système préventif.
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