Les 15-30 ans, leur smartphone collé au creux de la main, préfèrent le virtuel au réel. Ils ont été élevés dans le culte du moi. Ils croient aux centaines d’amis et aux « J’aime » de Facebook. Ils vivent dans la tyrannie du présent, mais ils se font kidnapper leur adolescence et leur entrée dans la vie adulte à cause de la pandémie.
Ce microbe fait exploser leurs espoirs et leurs désirs. C’est une génération d’ores et déjà accablée. Ils ont cru s’affranchir du passé et de leurs parents souvent trop distants pour les écouter. Ils ont le sentiment que les luttes collectives des générations précédentes étaient dépassées. C’est une génération qui ne jure que par des mobilisations pour des engouements passagers.
Hélas, ces jeunes seront les héritiers de la catastrophe qu’est la COVID-19. Ils en assumeront ou plutôt en subiront les conséquences. Et ils vont en payer la note. Une note élevée, presque inimaginable.
Avenir incertain
Les 15-30 ans étaient à l’aube de leurs études collégiales ou universitaires ou ils avaient déjà décroché un emploi. Depuis six mois, leur vie a basculé. La plupart des collèges ont fermé leurs portes et les travailleurs ont perdu leur emploi. Les moins motivés risquent de décrocher de l’école et ceux qui occupaient des emplois précaires ou dans des secteurs d’activité en train de faire faillite deviennent totalement dépendants des subventions gouvernementales.
À l’âge des amours et des amitiés sélectives, cette génération est limitée dans ses élans. Le masque, la distanciation physique, les activités sociales et culturelles en tout genre réduites par les règles les obligent à vivre dans une anormalité dont on ne peut prédire la fin.
Une partie de ces jeunes, peu armée contre l’endoctrinement ambiant, est susceptible d’être attirée par les gourous de toute espèce, qui leur offrent sur un plateau d’argent une explication unique. Les manipulateurs les dépossèdent de leur esprit en identifiant leurs ennemis, à savoir des élites politiques, intellectuelles et scientifiques supposément maléfiques.
Relativisme
Ils se découvrent des « amis » nouveau genre qui croient comme eux à la « liberté », c’est-à-dire au droit de refuser les lois et les règles émises par ceux qui seraient les créateurs des faux virus et d’idées destructives. Le relativisme dans lequel ils ont baigné dans le système éducatif en fait des proies parfaites pour les gourous qui les flattent et les courtisent avant de les assujettir. Car ils sont souvent en quête d’une croyance, ayant été privés de repères historiques, culturels ou même religieux.
Les 15-30 ans se sont crus des citoyens du monde. Les frontières n’avaient donc pas de sens pour eux. Or, le microbe de la COVID-19 exige un confinement des plus stricts. Finie la liberté de voyager, même de rêver de voyager. Terminés les aventures planétaires, le sac à dos, et l’esprit ouvert à d’autres cultures. Chacun doit rester désormais chez soi.
Comment cette génération peut-elle se soumettre à pareilles contraintes ? Comment leur demander de penser comme leurs parents et grands-parents bénéficiaires de toutes les libertés désormais entravées ? Comment les convaincre que l’avenir leur appartient ?
Denise Bombardier