Merci de votre compréhension, Angela. Sur la page du site Foi Bible et Apologétique : D’une certaine façon, on peut dire que le sédévacantisme est une peu une version « catholique » du protestantisme. Pendant la réforme protestante, des gens comme Luther, Calvin et Zwingli utilisaient certains textes de la Bible pour tenter de démontrer que les enseignements de l’Église catholique étaient en oppositions avec l’interprétation qu’ils avaient de ces textes. De leur côté, les sédévacantistes utilisent les documents des conciles antérieurs ainsi que des écrits de docteurs ou de Pères de l’Église pour montrer que le concile de Vatican II et les papes subséquents qui appuient ce Concile sont en contradictions avec la tradition de l’Église catholique antérieure au Concile.
Il y a quand même une bonne différence. Plus encore, l'accusation pourrait même être renversée.
Je m'explique :
Les interprétations personnelles de l'Écriture sainte (une pour chaque protestant si on veut) et qui seraient amenées pour contredire l'interprétation traditionnelle qui sera celle de l'Église sont justement en rupture avec cette tradition ex : le refus du purgatoire et le refus des prières d'intercession. Le protestant trouvera contre lui et le magistère de l'Église et la tradition de l'Église.
Le sédévacantiste qui contesterait l'idée que l'Église catholique puisse désormais trouver excellent le régime de séparation de l'Église et de l'État (cf. idée de Lamennais "Une Église libre dans un État libre") n'est pas quelqu'un qui conteste à raison d'une interprétation des choses qui lui serait toute personnelle. Non, mais il se sentirait comme obligé de le faire parce que le magistère de l'Église catholique aura pu déjà s'être prononcé clairement là-dessus et l'avoir fait de manière négative anciennement.
La différence est grande.
La condamnation du système de séparation (avec la liberté des cultes, américanisme, etc.) se trouve déjà présent à la fois dans le magistère de l'Église catholique et dans la tradition de l'Église également. Cette opposition ne correspond pas à une invention personnelle du sédévacantiste. Tous les papes du XIXe siècle condamnaient clairement la chose, et jusqu'au cardinal Ottaviani en plein XXe siècle, au moment même du Concile. Oui, le cardinal à Rome qui était le patron du Saint-Office ! Quand c'est le responsable qui était justement chargé de veiller sur la doctrine qui viendra confirmer ce que les précédents papes disaient, pour refuser lui aussi l'idée que l'Église devrait faire la promotion du régime de séparation, vous comprenez que les "intégristes" ne fabulent pas.
Il est là le problème pour les sédévacantistes.
Anciennement, l'Église aura toujours condamné le fameux système. Maintenant, l'Église se refusera-t-elle à le condamner mais - pire encore ! -, elle laisse même entendre que ce système serait idéal, génial, très bon, tel celui qui convient le mieux à la dignité humaine, etc. Ce n'est pas du tout comme si le magistère actuel prônait la patience, le fait de devoir supporter malgré soi un système plutôt détestable en lui-même, et tout en continuant de dire qu'Il y aurait une meilleure alternative.
Dès lors ...C'est bien facile de dire que les sédévacantistes n'auraient qu'à se ranger à ce aura pu résulter du concile. C'est nier le fait qu'il puisse bien y avoir rupture avec la tradition et les enseignements passés du magistère.
Quand l'Église aura voulu mieux définir le purgatoire dogmatiquement au Moyen-Âge, elle ne se trouvait pas à nier des enseignements antérieurs. Elle ne venait pas proposer une doctrine nouvelle qui eût été singulièrement absente dans les siècles plus anciens. Quand le dogme de l'Assomption de Marie est proclamé, il n'est pas proposé à croire un article de foi que l'Église aurait anciennement combattue, rejeté à de multiples reprises chez cinq ou six papes différents.
Rupture ou discontinuitéAvec Vatican II, on voit justement apparaître de la nouveauté. Et pas n'importe quelle nouveauté, mais l'acceptation franche de ce qui était farouchement repoussé jusque-là comme devant être mauvais, nuisible, très dangereux, à éviter absolument, etc.
Le seul argument opposable aux sédévacantistes est l'argument d'autorité : il vous faut obéir parce que le pape a tranché et que la majorité des évêques auront approuvé.
Sauf que Vatican II représente comme un cas unique. Le seul précédent qui pourrait équivaloir à cela, c'est peut-être au Ier siècle et lorsque l'Église aura pu faire sa rupture complète avec la judaïté, avec l'ancien système de Moïse. Si on transpose avec nous, c'est comme si l'on nous disait maintenant : tenez l'ancien mode de fonctionnement de l'Église (concile de Trente, Pie IX, Pie X, etc.) comme si ce devait être du vieux légalisme judaïque. Pour s'ouvrir enfin à la modernité, comprenez qu'il faille sacrifier les vieilles lois dignes de l'Ancien Testament !
Condamner l'homosexualité = AT; discriminer les femmes = AT; condamner des hérétiques = AT; condamner à mort des criminels = AT, une religion d'État = AT, etc.
Ainsi, ce sont des sédévacantistes qui pourraient avoir le droit (de leur point de vue) de percevoir les conciliaires comme une sorte de protestants ! Ce sont ces néo-protestants de l'an 1964 ou 1965 qui parlaient de nouvelle Pentecôte. Comme si le mouvement de réforme de 1517 qui a échoué dans l'Église catholique de l'époque avait pu réussir au contraire en 1965.
P.S. : je me fais ici l'avocat du diable, si vous voulez. Mais c'est pour prendre la mesure de toute l'affaire.