Nativité du Seigneur
Je vous propose de lire ce magnifique passage où Marie raconte la Naissance de Jésus aux apôtres durant leur visite de la grotte de Bethléem. C'est un extrait du Tome 3 de "L'évangile tel qu'il m'a été révélé" (deuxième année de vie publique de Jésus)
Que ce Noël vous soit source de grâces et de paix.
Vers Bethléem avec les apôtres et les disciples
Après avoir quitté Béthanie au premier sourire de l'aurore, Jésus va vers Bethléem avec sa Mère, Marie d'Alphée et Marie Salomé, suivi des apôtres et précédé de l'enfant qui trouve un motif de joie dans tout ce qu'il voit : les papillons qui s'éveillent, les oiseaux qui chantent ou becquettent sur le sentier, les fleurs que font resplendir les diamants de la rosée, l'apparition d'un troupeau avec quantité d'agnelets bêlants. Après avoir passé le torrent qui est au sud de Béthanie, tout écumeux et riant au milieu des roches, la troupe se dirige vers Bethléem entre deux rangées de collines, toutes vertes d'oliviers et de vignes, avec de petits champs de moissons dorées qui arrivent à maturation. La vallée est fraîche, et la route assez commode.
Simon de Jonas s'avance pour rejoindre le groupe de Jésus et demande : "On y va d'ici à Bethléem ? Jean dit que l'autre fois il avait suivi un autre chemin."
"C'est vrai" répond Jésus. "Mais c'était parce que nous venions de Jérusalem. D'ici, c'est plus court. Au tombeau de Rachel que les femmes veulent voir, nous nous séparerons comme vous avez décidé il y a un moment. Nous nous retrouverons ensuite à Bétsur où ma Mère désire séjourner."
"Oui, nous l'avons dit... mais ce serait si beau d'y être tous... la Mère spécialement... car, enfin, la reine de Bethléem et de la Grotte, c'est elle et elle sait parfaitement tout... Entendu de sa bouche... ce serait différent, voilà."
Jésus sourit en regardant Simon qui insinue doucement son désir.
"Quelle grotte, père ?" demande Margziam.
"La grotte où est né Jésus."
"Oh ! c'est beau ! J'y viens moi aussi !..."
"Ce serait vraiment beau !" disent Marie d'Alphée et Salomé.
"Très beau !... Ce serait revenir en arrière... à l'époque où le monde t'ignorait, c'est vrai, mais ne te haïssait pas encore... Ce serait retrouver l'amour des simples qui ne surent que croire et aimer, avec humilité et foi... Ce serait déposer ce fardeau d'amertume qui me pèse sur le cœur depuis que je te sais ainsi haï, le déposer là dans ta crèche... Elle doit avoir encore gardé la douceur de ton regard, de ta respiration, du sourire incertain que tu avais là... et tout cela me caresserait le cœur... Il est rempli de tant d'amertume !..." Marie parle doucement, exhalant son désir et sa tristesse.
"Alors nous y allons, Maman. A toi de nous conduire. Aujourd'hui tu es la Maîtresse et Moi l'enfant qui apprend."
"Oh ! Fils ! Non ! Tu es toujours le Maître..."
"Non, Maman. Simon de Jonas a bien parlé. Sur la terre de Bethléem, c'est toi qui es la Reine. Ce fut ton premier château. Marie, descendante de David, conduis ce petit peuple dans ta demeure."
L'Iscariote va parler, mais il se tait. Jésus, qui remarque son attitude et l'interprète, dit : "Si quelqu'un, à cause de la fatigue, ou pour une autre raison ne veut pas venir, qu'il poursuive librement sa route pour Bétsur." Mais personne ne parle.
Ils continuent leur route par la fraîche vallée orientée d'est en ouest, puis ils tournent légèrement vers le nord, côtoient une colline qui se dresse là et rejoignent ainsi la route qui de Jérusalem conduit à Bethléem, justement à côté du cube surmonté d'une coupole ronde du tombeau de Rachel. Tous s'approchent pour prier avec respect.
"Ici, nous nous sommes arrêtés, Joseph et moi. Tout est comme alors. Il n'y a que la saison qui diffère. C'était alors une froide journée de Casleu. Il avait plu et les routes étaient devenues boueuses, puis il s'était levé un vent glacial et peut-être que pendant la nuit il avait gelé. Les chemins s'étaient durcis mais, tous sillonnés par des chars et par la foule, ils étaient comme une mer couverte de barques et mon petit âne fatiguait beaucoup... "
"Et toi, non, Mère ?"
"Oh ! moi, je t'avais Toi !..." et son regard exprime une telle béatitude qu'il est émouvant. Puis elle se remet à parler : "La nuit tombait et Joseph était très préoccupé... Il se levait toujours plus fort un vent cinglant... Les gens se hâtaient vers Bethléem s'entrechoquant et plusieurs prenaient à parti mon petit âne qui avançait si doucement, cherchant où il devait mettre les sabots... Il semblait savoir que tu y étais Toi... et que tu faisais ton dernier somme dans le berceau de mon sein. Il faisait froid... mais moi, je brûlais. Je te sentais arriver... Arriver ? Tu pourrais dire : "Depuis neuf mois j'y étais, Maman". Oui, mais alors, c'était comme si tu venais des Cieux. Les Cieux s'abaissaient, s'abaissaient sur moi et moi, j'en voyais les splendeurs... Je voyais la Divinité qui brûlait dans la joie de ta toute proche naissance, et ces feux me pénétraient, m'incendiaient, m'abstrayaient... de tout... Froid... vent... foule... tout cela n'était rien ! Je voyais Dieu... De temps à autre, avec effort, je réussissais à ramener mon esprit sur la terre et je souriais à Joseph qui avait peur pour moi du froid et de la fatigue, et qui conduisait le petit âne par crainte d'un faux pas et qui m'enveloppait dans une couverture de peur que je ne prenne froid... Mais il ne pouvait rien arriver. Les secousses, je ne les sentais pas. Il me semblait avancer sur un chemin d'étoiles, au milieu de nuées éclatantes que soutenaient les anges... Et je souriais... D'abord à Toi... Je te regardais à travers les barrières de la chair dormir avec tes petits poings fermés dans un petit lit de roses vivantes, mon bouton de lys... Puis je souriais à l'époux si affligé, si affligé, pour l'encourager... et aussi aux gens qui ne savaient pas que déjà ils respiraient dans l'aura du Sauveur...
ous nous arrêtâmes près du tombeau de Rachel pour faire reposer le petit âne et pour manger un peu de pain et d'olives, nos provisions de pauvres. Mais moi, je n'avais pas faim. Je ne pouvais pas avoir faim... Ma joie me nourrissait... Nous reprîmes le chemin... Venez que je vous montre où nous avons rencontré le berger... Ne craignez pas que je me trompe. Je revis cette heure et je retrouve chaque endroit car je vois tout à travers une grande lumière angélique. Peut-être les multitudes des anges sont de nouveau ici, invisibles pour les corps, mais visibles pour les âmes avec leur lumineuse blancheur, et tout se découvre et tout est indiqué. Eux ne peuvent se tromper, et ils me conduisent... pour ma joie et votre joie. Voici : c'est de ce champ à celui-là que vint Élie avec ses brebis et Joseph lui demanda du lait pour moi. Et, c'est ici, dans ce pré que nous nous sommes arrêtés pendant qu'il trayait le lait chaud et nourrissant et qu'il donnait ses conseils à Joseph.
Venez, venez... Voici, voici le sentier du dernier vallon avant Bethléem. Nous l'avons pris parce que la route principale aux abords de Bethléem était encombrée de gens et de montures... Voici Bethléem. Oh ! chère ! chère terre de mes pères qui m'as donné le premier baiser de mon Fils ! Tu es ouverte, bonne et odorante comme le pain dont tu portes le nom :
[Bethléem signifie "Maison du pain"]
pour donner le Vrai Pain au monde qui meurt de faim ! Tu m'as embrassée, toi en qui est demeuré le maternel amour de Rachel, comme une mère, terre sainte de la Bethléem de David, premier temple élevé au Sauveur, à l'Étoile du matin née de Jacob pour enseigner la route des Cieux à toute l'Humanité ! Regardez comme la ville est belle en ce printemps ! Mais alors aussi, bien que les champs et les vignes fussent dépouillés, elle était belle ! Un léger voile de givre faisait resplendir les branches nues et elles se couvraient d'une poussière de diamants comme si elles étaient enveloppés dans un impalpable voile de paradis. En chaque maison la cheminée fumait pour le souper tout proche et la fumée, montant d'échelon en échelon jusqu'à ce sommet, montrait la ville elle-même toute voilée... Tout était chaste, recueilli, dans l'attente... De Toi, de Toi, Fils ! La terre te sentait venir... Et ils t'auraient senti aussi les Bethléemites, car ils ne sont pas méchants, bien que vous ne le croyiez pas. Ils ne pouvaient nous abriter... Dans les maisons honnêtes et bonnes de Bethléem s'entassaient, arrogants comme toujours, sourds et orgueilleux ceux qui maintenant encore le sont, et eux ne pouvaient te sentir Toi... Combien de pharisiens, de sadducéens, d'hérodiens, de scribes, d'esséniens il y avait ! Oh ! leurs cœurs maintenant fermés c'est la suite de leur dureté de cœur d'alors. Ils ont fermé leurs cœurs à l'amour à l'égard de la pauvre sœur ce soir là... et ils sont restés et ils restent dans les ténèbres. Ils ont repoussé Dieu dès cet instant, en repoussant loin d'eux l'amour du prochain.
Venez. Allons à la Grotte. Il est inutile d'entrer dans la ville. Les plus grands amis de mon Enfant n'y sont plus. La Nature amie nous suffit avec ses pierres, sa petite rivière, son bois pour faire du feu. La Nature qui a senti venir son Seigneur... Voilà, venez, rassurés. On tourne ici... Voici les ruines de la Tour de David. Oh ! elles me sont chères plus qu'un palais de roi ! Ruines bénies ! Ruisseau béni ! Arbre béni, que comme par miracle le vent a dépouillé de tarit de branches pour que nous trouvions du bois et puissions faire du feu !"
Marie descend rapidement vers la Grotte, franchit le ruisseau sur une planche qui sert de pont, court sur l'emplacement qui se trouve devant les ruines et tombe à genoux sur le seuil de la Grotte. Elle se penche et en baise le sol. Tous les autres la suivent. Ils sont émus... L'enfant, qui ne la quitte pas un instant, semble écouter une merveilleuse histoire et ses yeux noirs boivent les paroles et les gestes de Marie sans en perdre un seul.
Marie se relève et entre en disant : "Tout, tout comme alors !... Mais alors il faisait nuit... Joseph fit de la lumière à mon entrée. Alors, alors seulement, en descendant de l'âne, je sentis à quel point j'étais fatiguée et gelée... Un bœuf nous salua, j'allai à lui pour sentir un peu de chaleur, pour m'appuyer au foin... Joseph, ici, où je suis, étendit du foin pour me faire un lit et le sécha pour moi comme pour Toi, Fils, à la flamme allumée dans ce coin. ..car il était bon comme un père dans son amour d'ange-époux... Et nous tenant par la main, comme deux frères perdus dans l'obscurité de la nuit, nous mangeâmes du pain et du fromage et puis il alla là-bas pour alimenter le feu, enleva son manteau pour boucher l'ouverture... En réalité, il fit tomber le voile devant la gloire de Dieu qui descendait des Cieux, Toi, mon Jésus... et je restai sur le foin, dans la tiédeur des deux animaux, enveloppée dans mon manteau et dans une couverture de laine... Mon cher époux !... En cette heure d'anxiété où j'étais seule devant le mystère de la première maternité, toujours pleine d'inconnu pour une femme et, pour moi, dans mon unique maternité, remplie aussi du mystère qu'aurait été la vision du Fils de Dieu émergeant d'une chair mortelle lui, Joseph, fut pour moi une mère, il fut un ange... mon réconfort... alors, toujours...
Et ensuite, le silence et le sommeil qui vinrent envelopper le Juste... pour qu'il ne vît pas ce qui était pour moi le baiser quotidien de Dieu... Et pour moi, après l'intermède des nécessités humaines, voici les flots démesurés de l'extase arrivant de la mer paradisiaque et qui me soulevaient de nouveau sur des crêtes lumineuses toujours plus hautes, me portant en haut, en haut, avec eux, dans un océan de lumière, de lumière, de joie, de paix, d'amour jusqu'à ce que je me trouve perdue dans la mer de Dieu, du sein de Dieu... Une voix de la terre, encore : "Tu dors, Marie ?" Oh ! si lointaine !... Un écho, un souvenir de la terre !... Et si faible que l'âme n'en est pas touchée, et je ne sais quelle réponse j'y fais pendant que je monte, que je monte encore dans cet abîme de feu, de béatitude infinie, d'avant-goût de Dieu... jusqu'à Lui, jusqu'à Lui... Oh ! mais, est-ce Toi qui es né ou est-ce moi qui suis née de la fulguration Trinitaire, cette nuit-là ? Est-ce moi qui t'ai donné Toi, ou Toi qui m'as aspirée pour me donner ? Je ne sais pas...
Et puis la descente, de chœur en chœur, d'astre en astre, de nuage en nuage, douce, lente, bienheureuse, tranquille comme celle d'une fleur qu'un aigle a portée dans les hauteurs et qu'il a laissée tomber, et qui descend lentement sur les ailes de l'air, devenue plus belle par une pluie de pierres précieuses, par un morceau d'arc-en-ciel dérobé au ciel et qui se retrouve sur la terre natale... Mon diadème : Toi ! Toi sur mon cœur...
M'étant assise ici, après t'avoir adoré à genoux, je t'ai aimé. Finalement j'ai pu t'aimer sans la barrière de la chair et d'ici je me suis levée pour te porter à l'amour de celui qui comme moi était digne de t'aimer dans les premiers. Et ici, entre ces deux rustiques colonnes, je t'ai offert au Père. Et ici, tu as reposé pour la première fois sur le cœur de Joseph... Et puis, je t'ai emmailloté et, ensemble, nous t'avons déposé ici... Je te berçais pendant que Joseph séchait le foin à la flamme et le tenait au chaud en le mettant sur sa poitrine et puis, à cet endroit, pour t'adorer tous les deux, penchés sur Toi ainsi, ainsi comme moi maintenant, pour boire ta respiration, pour voir à quel anéantissement peut conduire l'amour, pour verser les larmes que certainement on verse au Ciel pour la joie inépuisable de voir Dieu."
Marie est allée et venue pendant cette évocation, indiquant les endroits, haletante d'amour, une larme scintillant dans ses yeux bleus et un sourire de joie sur les lèvres, elle se penche réellement sur son Jésus qui s'est assis sur une grosse pierre pendant cette évocation, et elle baise ses cheveux en pleurant et adorant comme alors...
"Et puis les bergers... à l'intérieur, ici, pour adorer avec leur âme bonne, avec le grand soupir de la terre qui entrait avec eux, avec leur odeur d'hommes, de troupeaux, de foin; et au-dehors, et partout les anges, pour t'adorer par leur amour, par leurs chants que ne peut redire une créature humaine, et par l'amour des Cieux, par l'atmosphère des Cieux qui entrait avec eux, qu'eux apportaient avec leurs clartés... Ta naissance, béni !..."
Marie s'est agenouillée à côté de son Fils et elle pleure d'émotion, la tête appuyée sur ses genoux. Pendant quelques instants, personne n'ose parler. Plus ou moins émus, les assistants regardent autour d'eux comme si au milieu des araignées et des cailloux raboteux ils espéraient avoir le spectacle de la scène décrite...
Marie se ressaisit et dit : "Voilà, j'ai dit la naissance de mon Fils dans son infinie simplicité et son infinie grandeur, avec mon cœur de femme, non pas avec la sagesse d'un maître. Il n'y a rien d'autre car ce fut la chose la plus grande de la terre, cachée sous les apparences les plus communes."