SES PREMIÈRES “CONTEMPLATIONS”
Depuis son plus jeune âge, comme déjà dit, Alexandrina se sentait attirée par le Ciel et pas les œuvres de Dieu. Mieux qu’un long discours, lisons ces quelques lignes extraites de son Autobiographie :
« Vers les neuf ans, quand je me levais de bonne heure pour les travaux des champs et que je pouvais être seule, je m’extasiais à contempler la nature: l’aurore, le lever du soleil, le chant des oiseaux, le gargouillement de l’eau me pénétraient et me transportaient à une si profonde contemplation qu’un peu plus j’oubliais que je vivais dans le monde. Je restais là, absorbée par cette pensée : combien grand est le pouvoir de Dieu !
Lorsque je me trouvais au bord de la mer, je m’extasiais devant cette grandeur infinie !
La nuit, en contemplant le ciel et les étoiles, je me perdais dans l’admiration des beautés du Créateur.
Souvent, dans mon petit jardin, j’admirais le ciel, j'écoutais le murmure de l’eau et je pénétrais chaque fois davantage dans l’abîme des grandeurs divines ! »
Puis, vient un constat qui prouve sa grande et inébranlable humilité :
« Quel dommage que je n’aie pas su profiter de ces moments-là pour m’adonner à la méditation. »
Vers le même âge va se déroulé un épisode assez cocasse : sa première confession générale à un religieux qui sa vie durant a prêché plus de 5 000 sermons dans tout le Portugal et qui était aussi recherché par les fidèles pour ses dons extraordinaires de confesseur.
Alexandrina raconte :
« En enfer, moi je n’irai pas !... »
« À l’âge de neuf ans, j’ai fait ma première confession générale à frère Manuel das Santas Chagas qui prêchait à Gondifelos. Moi, ma sœur Deolinda et ma cousine Olívia, avions pris quelques victuailles, et nous y sommes allées, et nous y sommes restées toute l’après-midi pour écouter le sermon. Je me souviens que nous ne sommes même pas sorties de l’église pour aller jouer. Nous avons pris place tout près de l'autel du Sacré-Cœur de Jésus, j'ai placé mes sabots à l'intérieur de la balustrade.
Le sermon avait pour sujet l’enfer.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention le prédicateur qui, à un certain moment, nous invita à nous transporter, par la pensée, en ce lieu. Incapable de comprendre le vrai sens de cette invitation et, persuadée que le Père était un saint, je suis restée convaincue, que d'un moment à l'autre, il nous y amènerait. Placée en face de cette conjecture, je me suis révoltée et me dis à moi-même: “en enfer, moi je n'irai pas ! Si le Père et tous les autres veulent y aller, moi, je prendrai mes jambes à mon coup et je m'échapperai promptement”.
Et, sans plus attendre, j'ai ramassé mes sabots afin d'être prête à fuir à la première alerte. Quand j'ai remarqué que personne ne bougeait, alors je me suis un peu calmée... Mais, mes sabots, je ne les ai plus quitté des yeux... » (À SUIVRE)