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Les origines douloureuses d'une grande oeuvre

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saint-michel


Masculin Messages : 499
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Les origines douloureuses d'une grande oeuvre Empty Les origines douloureuses d'une grande oeuvre

Message par saint-michel Dim 30 Oct - 8:22

Les origines douloureuses d'une grande oeuvre Les_or10

Le neuvième chapitre du livre « Telle mère, tels fils », issu de la vie de saint Jean Bosco, dont les pages sont consacrées à Mamma Margherita, s’intitule « les origines douloureuses d’une grande œuvre ».


« Telle mère, tels fils ». Chapitre IX. Les origines douloureuses d’une grande œuvre. Page 60 à 71


« Au sortir du séminaire, le jeune prêtre hésitait entre plusieurs emplois qu’on lui offrait ; finalement, il suivit les conseils de son confesseur, un saint, qui a été canonisé en juin 1947, Don Cafasso, et il accepta d’entrer à l’Institut Saint-François-d’Assise où de jeunes prêtres se préparaient à leur vie d’apostolat en étudiant, sous des maîtres savants et pieux, la science des âmes. Entre temps, il s’adonnait à mille œuvres de charité : catéchismes, visite des malades dans les hôpitaux, visite des détenus dans les prisons, visite des pauvres dans leurs misérables taudis.


Turin, où il habitait, était à cette époque une capitale en voie d’agrandissement avec toutes les plaies morales de nos grandes cités modernes. Aussi le jeune apôtre découvrit dans les premiers exercices de son zèle, des misères qu’il n’eut jamais soupçonnées. En traversant les hôpitaux, il vit les pires maladies ronger de pauvres petites créatures à peine formées ; dans les prisons, il vit les pires canailles mêlées fatalement à des demi-coupables, à des jeunes gens plus faibles que pervertis, les premiers achevant de corrompre les seconds ; dans les mansardes, il vit la misère des familles nombreuses, leur entassement, l’abandon moral des enfants ; par la ville enfin, à chaque détour de rue, il vit, attirés par les industries nouvelles et les constructions d’édifices, quantité de jeunes gens incapables de trouver un logis salubre et moral. La jeunesse, la jeunesse, partout et toujours, c’était elle la victime dans cette société mal faite et ce monde de passions et d’intérêts déchaînés. Il comprit alors nettement la signification de son rêve de jadis : pasteur de brebis perdues, c’était bien là sa mission. Il se demandait comment s’y prendre et par où commencer. La réponse ne se fit pas attendre.


Un matin, le 8 décembre 1841, il se disposait à dire la messe dans l’église Saint-François-d’Assise ; tandis qu’il revêtait les ornements sacerdotaux, il entendit le bruit d’une dispute et tourna la tête ; le sacristain secouait ainsi qu’un prunier un jeune garçon qu’il traitait de mendiant et de propre à rien :


« Si tu n’es même bon à servir la messe tu peux filer d’ici » criait-il.


Et comme l’enfant interdit ne bougeait pas, il le poussa brutalement dehors. Don Bosco ordonna aussitôt à cet homme de le ramener.


« Voyons, fit-il, n’aie pas peur : comment t’appelles-tu ?
– Barthélémy Garelli.
– D’où es-tu ?
– D’Asti.
– As-tu des parents ?
– Ils sont morts.
– Ton âge ?
– Seize ans.
– Sais-tu lire et écrire ?
– Je ne sais rien.
– Sais-tu au moins les prières ?
– Je ne sais rien. »


Don Bosco lui proposa alors de suivre les cours de catéchisme de la paroisse ; mais l’enfant avoua qu’il serait trop humiliant pour lui de se trouver, à son âge, au milieu de bambins plus jeunes qui se moqueraient de son ignorance.


« Eh bien, s’écria Don Bosco, dis oui, et je t’apprendrai moi-même le catéchisme. »


L’enfant accepta et reçut le soir même sa première leçon.


Cet élève conduit par la Providence, un matin d’hiver, dans la sacristie d’une église de Turin, eut vite fait d’amener des petits camarades à son maître ; bientôt, leur nombre dépassa la centaine. Où abriter tout ce petit peuple quand, avec le soir tombé, il revenait à Don Bosco ? Le jeune prêtre se le demandait lorsqu’il fut chargé de s’occuper, en collaboration avec un bon prêtre de ses amis, l’abbé Borel, d’un refuge fondé par une descendante de Colbert, la marquise de Barolo. C’est dans ce local que Don Bosco transporta son domicile et sa modeste chambre devint le rendez-vous de ses protégés. Mais elle fut bientôt trop petite : les enfants, à plus de trois cents, débordaient dans les corridors et l’escalier. L’apôtre aménagea alors deux pièces du refuge, l’une en classe, l’autre en chapelle. Il y était à peine installé avec ses gamins, que la marquise, contrariée probablement par la turbulence de ces petits, l’invita à déménager. Alors commença une chasse désordonnée à la recherche d’un gîte. Avec l’appui de l’archevêque, on lui permet d’occuper un vieux sanctuaire abandonné, l’église Saint-Martin ; mais les voisins troublés dans leur repos par ces gamins qui s’ébattaient devant l’église, exigent de la police le départ de toute la troupe. Don Bosco obtient la jouissance d’une autre église, Saint-Pierre-aux-Liens ; mais le curé, soucieux de sa tranquillité réclame, et la concession est retirée. Alors, pendant deux mois, il réunit sa marmaille en plein air, dans les champs ; mais l’hiver est proche, il ne peut catéchiser sous la pluie ; il loue trois chambres dans le quartier ; hélas, les Propriétaires de l’immeuble se plaignent et le propriétaire finit par lui donner congé. De guerre lasse, l’hiver étant passé, il loue un pré ; mais le possesseur du champ, s’apercevant que le piétinement de cette bande d’enfants détruit jusqu’à la racine des herbes, somme son locataire de décamper.


Du coup, le pauvre prêtre se désespère. Il comprend que l’époque de la grande tribulation annoncée par sa mère est sonnée ; son âme se résigne. Mais quelle douleur l’étreint à la pensée de dire adieu à tous ces petits, et de les relivrer aux hasards de la rue ! Aucune maison, aucun asile, aucun champ ne voulaient d’eux !


Courbé sous le fardeau de sa peine, Don Bosco à genoux priait l’âme angoissée tandis que ses pauvres enfants pleuraient.


À ce moment, un brave homme entra dans le pré et dit à Don Bosco :


« Est-il vrai que vous cherchez un emplacement ? J’ai un camarade, nommé Pinardi, qui possède un superbe hangar et serait désireux de le louer. Voulez-vous que nous allions le voir ? »


Don Bosco le suivit ; le superbe hangar était une sorte de chenil au toit très bas et crevé en maint endroit.


« C’est tout de même trop bas, dit Don Bosco un peu déçu.
– Qu’à cela ne tienne, dit l’homme, nous creuserons le sol d’un demi-mètre et nous le garnirons d’un plancher ; puis vous aurez la jouissance du terrain qui entoure le hangar, le tout pour 300 francs par an.
– Avec bail, hasarda Don Bosco, instruit par ses mésaventures ?
– Avec bail, et le tout sera prêt pour dimanche. »


L’affaire fut conclue. Don Bosco revint à son pré, et le soleil couchant éclaira une scène vraiment touchante : tous ces pauvres mioches apprenant que désormais et pour toujours ils avaient un asile assuré ne pouvaient plus contenir leur joie ; ils dansaient, ils chantaient, ils acclamaient leur grand ami qui, sur l’heure, récita avec eux, Dieu sait avec quelle ferveur, un chapelet d’actions de grâces.
Ce hangar providentiel était situé dans le quartier du Val d’Occo, ou Valdocco, le Val des Occis. Ce n’était pas un lieu banal, c’était là qu’aux premiers temps du christianisme, les martyrs étaient décapités : mais aussi, hélas, c’était alors l’un des quartiers les plus mal famés de la ville. Les saltimbanques, les montreurs d’ours, les chenapans de toute espèce y campaient ; des guinguettes et des cabarets d’allure louche, repaires d’une population équivoque, le couvraient ; et le dimanche comme les jours de fête, ce faubourg excentrique devenait pour la jeunesse des deux sexes, avec ses divertissements grossiers, le lieu attitré de ses rendez-vous. Aussi ce ne fut pas un des moindres bienfaits de l’œuvre naissante d’assainir progressivement ses alentours, et petit à petit de transformer l’aspect moral de ce quartier, qui actuellement est un des plus solidement chrétiens de tout Turin.


Cependant le nombre des enfants groupés à l’oratoire du Valdocco croissait toujours ; il atteignait maintenant sept cents. L’œuvre aussi se développait : en plus du patronage du dimanche, Don Bosco qui avait touché du doigt l’ignorance lamentable de ces pauvres petits, s’était fait instituteur et avait ouvert un cours d’adultes ardemment fréquenté. Comme il ne pouvait suffire à tout et assurer le progrès de toutes les classes, il songea à se faire aider par les plus éveillés de ses jeunes gens : il les prit à part, leur donna des leçons particulières, et dès qu’ils se sentirent un peu solides et sur pattes il les jeta à l’eau, selon son expression pittoresque, c’est-à-dire leur confia une division de petits à instruire et à élever sous son contrôle.


Malheureusement, à cumuler ce métier avec son emploi d’aumônier de petits orphelins, la visite des prisons, l’enseignement du catéchisme, la recherche du travail pour ses enfants, le pauvre abbé n’y tint pas longtemps. Au début de juillet 1846, une pneumonie violente l’arrêta net.


Ce fut un soir de dimanche, après une journée épuisante du patronage, que le jeune apôtre, remonté à son logis, s’évanouit d’épuisement. On dut le transporter sur son lit et dès lors la fièvre ne le quitta pas. En huit jours il fut aux portes de la tombe.


Le dimanche suivant, l’abbé Borel, accompagné des plus grands du patronage, sanglotant à chaudes larmes, lui administrait le viatique. Sa mère et son frère Joseph étaient là, accourus à son chevet d’agonisant.


Mais la prière de ses petits protégés, prière obstinée et fervente accompagnée d’actes héroïques de sacrifice offerts à Dieu pour sa guérison, sauva du péril le jeune prêtre, à qui l’on dut, après une telle secousse, imposer une longue convalescence. Il la prit aux Becchi. Seule, la terre natale pouvait le remettre pleinement sur pied.


Trois mois de vrai repos lui rendirent assez de forces pour qu’à la fin d’octobre, il se crût capable de reprendre le collier. Aussi bien il souffrait trop, loin de ses clients de misère. Il se résolut donc à partir dès la Toussaint.


Congédié par la marquise de la Barolo, qui n’admettait pas qu’il s’occupât en même temps de ses petites orphelines et de cette bande de grands garçons, il avait loué dans la maison Pinardi quatre chambres au premier étage. Cela lui permettait d’habiter au milieu même de son œuvre ! Mais la maison Pinardi et les deux habitations contiguës, dont une s’intitulait l’Auberge de la Jardinière, n’étaient pas précisément des îlots de sainteté. Même en semaine le scandale s’y étalait effrontément. Un prêtre ne pouvait habiter seul ce logis, sans éveiller de suite les soupçons. Il fallait donc trouver quelqu’un de sûr, d’irréprochable, qui partageât le pauvrement logement de l’abbé :


« Prends donc ta mère », lui dit le doyen de Castelnuovo, le bon Don Cinzano, toujours si bienveillant.


Prendre sa mère, il y avait bien pensé ; mais il n’avait pas osé lui en faire la proposition. Sa mère ! Elle n’était plus jeune, et elle avait bien mérité de se reposer un peu dans la paix solitaire des Becchi ! Et qu’allait-il lui offrir, grand Dieu, en échange des petits soucis quotidiens de son humble ménage ? Le tracas, le bruit, les exigences, la mauvaise éducation de sept cents gaillards. C’était tous ses souvenirs de jeunesse, toute sa petite vie réglée et uniforme, le calme et ses champs, la douceur de ses amitiés qu’elle allait devoir lui sacrifier pour une existence déracinée, bousculée, en pleine ville fiévreuse. Et puis, du fait qu’elle accepterait, elle passerait sous ses ordres, elle lui obéirait, elle subordonnerait sa vie à la sienne. Non, cela ne se pouvait. Mais le moyen de se tirer autrement d’affaire ? Alors il s’arma de courage et lui fit part de son désir :


« Si tu crois que Dieu le veut, répondit-elle sans hésiter, tu peux compter sur moi. »


Ils se mirent donc en route le lendemain des Morts, 3 novembre 1846. Les jours précédents, Maman Marguerite sachant la misère qu’elle allait trouver au Valdocco, avait consenti à un sacrifice douloureux. Tout au fond de son armoire, embaumée de lavande, reposait sa robe de jeune épouse. Depuis trente ans elle dormait là, évoquant de temps à autre à sa pensée fidèle ses meilleurs souvenirs d’amour, le cher mari défunt, toute sa jeunesse… Du coin d’ombre elle sortit la belle étoffe, qui avait abrité les plus forts battements de son cœur, et elle courut la vendre, oh, pas cher, pour faire quelque argent, afin de subvenir aux premières dépenses. Sainte, sainte femme ! Paysanne qui ne savait pas lire, mais dont le cœur égalait les plus nobles !


Et un matin de novembre, elle, portant dans un panier toutes ses petites affaires, un peu de linge, ses instruments de bonne ménagère ; lui, ayant sous le bras un missel, quelques cahiers et son bréviaire, ils descendirent vers Turin, à pied. La route était longue, plus de trente kilomètres, sept heures de marche. Pour un convalescent et une vieille femme, c’était excessif. Aussi arrivèrent-ils exténués au terme. Au carrefour du Rondo, là où le Cours Reine-Marguerite coupe le Cours Valdocco, ils se heurtèrent à un ami, Don Vola, qui, les voyant ainsi épuisés, poussiéreux, les interrogea :


« Oh ! D’où venez-vous comme ça, tout fourbus et couverts de poussière ?
– Des Becchi.
– À pied ?
– À pied. Que veux-tu ? C’est ça qui nous manque. »


Et le geste complétait la pensée.


« Et où vas-tu loger ?
– À la maison Pinardi, avec ma mère.
– Quels moyens de vivre as-tu maintenant que tu es sans emploi ?
– Voilà une question mon cher, à laquelle je serais bien embarrassé de répondre ; mais nous nous confierons en Dieu et Il pensera à nous.
– On vous attend chez Pinardi ?
– Penses-tu ?
– Alors, qu’allez-vous manger ce soir ?
– Laisse faire ; tout à l’heure nous y songerons.
– Mon pauvre Don Bosco, tu me fais pitié. Je voudrais faire quelque chose pour toi. Attends ! Attends ! »


Et ce disant, le bon prêtre fouillait dans ses poches.


« Pas un centime ce soir. On voit que j’ai changé de soutane. Au moins accepte cela, lui dit-il en décrochant sa montre.
– Mais toi ?
– Oh moi ! J’en ai une autre. Vends ce bijou : tu auras quelque chose pour commencer à vivre. »
Et le généreux ami les quitta.
« Tu vois, mère, que la Providence pense à nous », souligna Don Bosco.


Encore deux cents mètres à parcourir et ils étaient chez eux. Au premier étage de la maison Pinardi, l’humble logement les attendait. Deux des quatre chambres étaient meublées, si l’on peut appeler mobilier un misérable lit, une table de bois blanc, une chaise de paille, le strict nécessaire pour travailler, se reposer, vivre.


Depuis très longtemps la nuit était tombée.


À la maigre lueur d’une bougie, pendant que sa mère commençait à s’occuper de la pitance, Don Bosco suspendait à la tête des lits un bénitier, un rameau de buis, une image sainte.


Sous leur balcon, comme ils le faisaient chaque soir depuis qu’ils espéraient son retour, des jeunes gens s’étaient groupés, se demandant en face de ces fenêtres pâlement éclairées, si c’était bien lui. Ils n’osaient monter n’étant pas sûrs. Mais voici que soudain, dans le silence de cette heure calme, une jolie voix de ténor monta, doublée d’une autre, plus faible, de femme. Toutes deux chantaient un cantique, que Silvio Pellico avait jadis composé en l’honneur de l’Ange Gardien :


Habitant des parvis célestes,
Que faites-vous à mon côté ?


Ô les âmes simples ! Ô les cœurs purs ! Pour toute richesse il n’y avait au logis que le prix de la jolie robe de mariée, et la montre de l’ami Vola ; demain était peu sûr ; ce soir, pour le souper, rien n’était prêt. Ils étaient épuisés de fatigue. Mais toute la joie du Paradis triomphait dans leurs cœurs.
Et ils chantaient, ils chantaient… »

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