Peut-on être certain que Jésus a réellement existé ? C’est à cette question que s’attaque Matthieu Lavagna, qui, après Soyez rationnel, devenez catholique !, nous offre maintenant sa Libre réponse à Michel Onfray – NON le Christ n’est pas un mythe. L’auteur, conférencier et apologète présente dans son dernier livre un plaidoyer en faveur de l’historicité du Christ. Il contredit le philosophe français, qui, dans son essai Théorie de Jésus – Biographie d’une idée, remet en question l’existence même du protagoniste des évangiles. Jésus : mythe ou réalité historique ?
Le Verbe : Dans votre livre, vous critiquez de façon frontale la thèse d’Onfray, selon laquelle le Christ est un mythe plutôt qu’une figure historique. Que lui reprochez-vous, principalement ?
Matthieu Lavagna : Je lui reproche une certaine forme de négationnisme historique. Pour rappel, personne dans le monde ayant un doctorat en histoire antique et enseignant dans une université majeure ne doute de l’existence de Jésus. Les preuves sont tellement solides qu’avant le XVIIIe siècle, personne n’avait osé remettre son existence en question.
Sur quelles sources les historiens s’appuient-ils pour démontrer l’existence du Christ ?
En réalité, nous avons de meilleures sources concernant l’existence et la vie de Jésus que nous n’en avons pour la plupart des grandes figures de l’histoire. En plus d’être attestée dans les Évangiles, dans les écrits du Nouveau Testament et dans ceux des Pères apostoliques, l’existence de Jésus est aussi confirmée par un grand nombre d’auteurs non chrétiens : Flavius Josèphe, Tacite, Suétone, Pline le Jeune, Lucien de Samosate, Galien, Mara bar Sérapion et Celse, de même que dans le Talmud de Babylone.
Selon l’historien athée Bart Ehrman, il existe au moins 15 sources historiques différentes attestant de la crucifixion du Christ dans les 100 ans après sa mort. Au total, nous avons 42 sources datant de moins de 150 ans après la mort de Jésus mentionnant son existence, dont 9 non chrétiennes. En matière historique, c’est une chose excellente et inespérée ! En comparaison, pour Jules César, nous avons seulement cinq sources rapportant ses opérations militaires. C’est huit fois moins que le nombre de sources concernant Jésus !
Voilà pourquoi même les juifs ne remettaient pas en cause l’existence du Christ. Ce point est crucial, car s’il y avait eu le moindre doute quant à son existence, les juifs n’auraient pas manqué de le faire savoir ! Cela aurait été un excellent moyen pour eux de ridiculiser les chrétiens (ils auraient pu se moquer d’eux en les accusant d’adorer un Messie inexistant). Or, ils ne firent rien de tel et se contentèrent de critiquer le christianisme pour des raisons théologiques. Comme disait Pascal, les juifs sont des « témoins irréprochables ».
L’Église n’aurait-elle pas pu inventer le personnage et l’histoire de Jésus ?
Si l’existence de Jésus était une fiction montée de toutes pièces par l’Église primitive, pourquoi celle-ci aurait-elle inventé un évènement aussi embarrassant que la crucifixion ? Si quelqu’un voulait créer le personnage de Jésus pour convaincre les juifs qu’il était le Messie, pourquoi l’avoir inventé pour qu’il connaisse une mort aussi lamentable ? En effet, pour les juifs, la crucifixion était abominable. Le Messie était censé renverser les ennemis et conquérir la terre. Personne n’aurait donc eu l’idée d’inventer un Messie humilié, torturé et tué par ses ennemis. Ce serait exposer son propre récit au ridicule.
En outre, la thèse mythiste pose un autre problème d’ordre plus général : qui, parmi les apôtres, aurait accepté de mourir pour un personnage inexistant ? Comment peut-on croire qu’une douzaine de pauvres Galiléens aient soudainement accepté de risquer la persécution et la torture pour des histoires qu’ils auraient inventées ?
À sa manière, l’idée d’une invention secrète de Jésus par les premiers chrétiens ressemble à une théorie complotiste !
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Matthieu Lavagna