Jeune prêtre américain très suivi sur les réseaux sociaux, le père David Michael Moses n’hésite pas à diffuser ses homélies mais aussi des conseils très pratiques pour mieux prier. Il explique aux lecteurs d'Aleteia ce que c’est d'être un jeune prêtre, en 2023, avec les enjeux, les joies mais aussi les difficultés qu’il rencontre.
Très connu aux États-Unis où il rassemble une communauté conséquente sur les réseaux sociaux, notamment sa chaîne Youtube de près de 30.000 abonnées, le père David Michael Mose est aussi un peu connu des lecteurs d’Aleteia, à qui il a donné des conseils pour vivre un bon carême avec un paquet de chips ! Dans une interview accordée à l’édition américaine d’Aleteia, ce jeune prêtre de 29 ans, né à Houston au Texas, revient en profondeur sur son sacerdoce, avec les joies qu’il vit mais aussi les peines ou les difficultés qu’il endure.
Aleteia: Vous êtes devenu prêtre à l’âge de 25 ans, comment l’avez-vous vécu ?
Père David Michael Mose : Quand je suis arrivé dans ma première paroisse, à Sainte-Faustine (à Fulshear au Texas), à l’âge de 25 ans, tout le monde m’a appelé « Père » dès le premier jour. Y a-t-il une façon plus intime de s’adresser à quelqu’un ? Ils ne me connaissaient pas, ils ne m’avaient jamais vu. Mais ils m’appelaient simplement « Père » parce que Jésus m’avait envoyé vers eux. Et si j’étais assez bon pour Jésus, alors j’étais assez bon pour eux.
C’était extraordinaire. Après trois années passées là-bas, il m’a été difficile de leur dire au revoir. Mais j’ai ressenti une grande paix et je suis très reconnaissant d’avoir été accueilli si intimement dans leur vie. Mes nouveaux paroissiens du Christ-Bon-Pasteur (à Spring au Texas) ont été à leur tour incroyablement gentils et accueillants. Je pense qu’il est inestimable, pour un jeune prêtre, de voir une autre façon de faire les choses dans une nouvelle paroisse, et je suis donc reconnaissant de cette opportunité. Je ne serai probablement là que pour deux ou trois ans, alors j’essaie d’en profiter au maximum.
J’aime être prêtre. J’aime mon peuple. C’est pour cela que je vis.
Quel est l’aspect positif de la fonction de prêtre ? Quelle a été la meilleure surprise ?
La meilleure partie de la vocation de prêtre est d’avoir la responsabilité d’agir en « Persona Christi », la personne du Christ, pour son peuple. Être prêtre signifie que je suis si étroitement lié à Jésus-Christ que lorsque je dis « Ceci est mon corps », le pain dans mes mains devient son corps. Lorsque je dis « Je t’absous », Jésus pardonne les péchés. Lui et moi sommes si proches que je parle pour lui. Je le dis et il le fait, à chaque fois. La surprise la plus positive est de constater à quel point le ministère est passionnant. Chaque jour est différent et il y a toujours une nouvelle aventure.
Quelle est la partie la plus difficile du métier de prêtre ? Vous arrive-t-il d’avoir envie de quitter votre « job » ?
Je n’ai aucun scrupule à dire que la partie la plus difficile du métier de prêtre est le célibat… Et je crois qu’il doit en être ainsi. Je crois profondément que c’est ainsi que cela doit se passer. Après mon désir de servir Dieu, le désir de me marier a été aussi très fort tout au long du séminaire. Mais pour moi, ce n’est pas triste, c’est magnifique, parce que le fait que je choisisse le célibat devrait être un signe pour tous ceux que je rencontre. Le signe que je ne vis clairement pas pour ce monde. Heureusement, je n’ai jamais douté de ma vocation, mais il y a des moments qui sont plus durs que d’autres. C’est l’occasion alors de prendre conscience de la grande valeur qu’est celle de l’engagement, c’est-à-dire faire ce que l’on a dit, même si les sentiments ne sont plus là. Les moments où je suis tenté de prendre un chemin plus facile sont en fait des occasions qui me sont données d’aimer plus.
Quelle est votre approche pour bien vivre le célibat dans le monde d’aujourd’hui?
Nous avons beaucoup parlé du célibat au séminaire, ce qui m’a inculqué une conscience saine de la dynamique relationnelle et les bonnes limites à avoir, par exemple en évitant de me retrouver dans une situation qui pourrait être inconfortable ou compromettante. Mon approche de la pureté est toujours la suivante : « Je ne sais pas à quel point je suis fort, et je n’ai pas l’intention de le découvrir. » En d’autres termes, je ne veux jamais me trouver dans une situation où le péché est même une option. En fin de compte, j’essaie toujours de renforcer, en moi et dans ceux qui m’entourent, la nature de ma présence : celle d’un homme spirituel au service de Jésus.
J’aime porter le col romain et même la soutane parce que, quand les gens me voient, ils pensent à Jésus et à son Église.
Vous portez toujours un col romain, pourquoi ?
En fait, j’aime porter le col romain et même la soutane parce que, quand les gens me voient, ils pensent à Jésus et à son Église. J’aime quand les gens en public me demandent : « Êtes-vous prêtre ? » Pendant mes premières années de prêtrise, je répondais simplement à la question par « Oui ». Mais aujourd’hui, j’ai compris qu’en réalité, les gens ne demandent pas seulement si je suis prêtre. Lorsqu’ils posent cette question, en fait ils veulent plutôt dire, « Pouvez-vous m’aider ? ». Et si je ne portais pas cet habit, à qui auraient-ils pu demander ? Aujourd’hui, je chéris ces moments. Même si j’ai un emploi du temps très chargé, j’aime que les gens me saluent en public, je suis toujours prêt pour donner une bénédiction à quelqu’un à l’épicerie, prier avec eux au restaurant ou encore entendre une confession rapide à l’aéroport. J’aime être prêtre. J’aime mon peuple. C’est pour cela que je vis.
Avez-vous un sacrement préféré ?
J’aime profondément tous les sacrements mais mon préféré est l’Eucharistie. Et la raison est simple : les autres sacrements nous apportent Jésus, mais l’Eucharistie est Jésus.
Avez-vous un saint préféré ?
En ce moment, c’est vers saint Jean-Marie Vianney que je me tourne le plus, parce qu’il est le saint patron des curés. Quand il est arrivé dans sa première paroisse, seules deux personnes venaient à la messe. Après tant d’années de séminaire, il a dû être déçu : « C’est ça, Dieu ? J’ai donné ma vie pour cela ? » Il lui aurait été facile de se concentrer sur autre chose, commencer à écrire des livres, devenir très bon au golf ou encore demander à son évêque une autre affectation ! Mais au lieu de cela, il a prié tous les soirs : « Mon Dieu, convertissez ma paroisse. Je suis prêt à souffrir toute ma vie, même 100 ans des douleurs les plus aiguës, seulement pour que mon peuple se convertisse ». Il s’est donné à fond : 18 heures par jour en confession, mangeant principalement des pommes de terre, dormant sur un sol froid et dur.
Soudain, 100.000 personnes venaient chaque année dans sa paroisse… Les gens attendaient des jours entiers pour le voir. Ce genre de dévouement au salut des âmes est la raison pour laquelle il est un grand saint. J’ai commencé à dire sa prière tous les jours et j’espère pouvoir devenir ne serait-ce qu’une parcelle de ce qu’il était.
En tant que jeune prêtre, que pensez-vous pouvoir apporter à vos paroissiens ?
La meilleure façon de répondre à cette question est peut-être de parler de mes amis jeunes prêtres. Nous sommes cinq, tous à peu près de mon âge, à prendre le petit déjeuner ensemble toutes les deux ou trois semaines, vers 6 heures du matin, seul moment où nous sommes tous disponibles. Et c’est un vrai plaisir ! Ils sont priants, charitables et hilarants. Le monde semble parfois fou et hors de contrôle mais à chaque fois que je commence à me sentir mal à propos de la façon dont les choses se passent, je pense à eux. Je pense au fait que, parmi tout ce qu’ils auraient pu faire, ils ont choisi d’être prêtres. Ils ont tout laissé derrière eux parce qu’ils s’intéressent aux âmes, et qu’à présent, chaque jour, ils entendent des confessions, disent la messe et donnent l’onction aux malades. Et ils vont passer le reste de leur vie à faire cela. Il y a beaucoup de ténèbres dans le monde, certes. Mais ces hommes, ces jeunes prêtres, sont une lumière.
Lire la suite : David Mose : « J’aime être prêtre, c’est pour cela que je vis »