Bonjour,
Je viens de lire quelque chose chez moi à propos de la Vierge Marie. C'est très beau. Le partage s'impose. J'ai eu l'impression que cela pouvait se placer dans la continuité de la réflexion plus haut, pensant ici à la salutation de l'Ange lors de l'Annonciation, et qui serait tout sauf banal en réalité.
Jugez-en vous même :
"La Vierge est "trop". "Toujours première !" Examinons quels titres Marie peut décliner pour une telle primauté, hors sa maternité divine.
Selon l'ordre de la bonté, la Vierge l'emporte sur tous : sa maternité spirituelle en fait la créature la plus proche du Dieu trois fois saint et infiniment bon. D'ailleurs, cette bonté de Marie a déjà éclaté avant son intercession au ciel, dès le "oui" qu'elle donne à notre rédemption au pied de la croix - alors même que le salut s'effectuait au dépend de la vie de son Fils. La Vierge est "l'image de sa bonté"(Sg 7,26)
Dans l'ordre de l'efficacité, la Vierge est la créature la plus efficiente parce qu'elle est la première collaboratrice de Dieu dans l'exécution de son plan de rédemption. Or, c'est selon la contribution que nous apportons à cette rédemption (et nous ne sommes pas exemptés de le faire, même si l'initiative en revient à Dieu) que doit être calculé le degré d'efficience qu'il est donné à l'homme d'atteindre.
Mais tout n'est pas une question d'action : l'homme est appelé à accueillir le don de Dieu, à se rendre disponible pour cela. Sur ce registre, la Vierge est également imbattable. Elle est la créature qui a offert la meilleur hospitalité à la grâce du Très-Haut.
Selon l'ordre de la beauté, la Vierge est la plus belle des créatures. Qu'est-ce qui nous permet de tenir une pareille affirmation ? Comme le péché a partie liée avec la laideur, la conclusion logique s'impose d'elle-même : l'Immaculée, celle qui est sans péché, est conséquemment sans laideur aucune. La Vierge est la "Conçue avant l'aurore". "Le Beau est terrible", disait Rilke. Même s'il n'est pas judicieux d'appliquer cette sentence à la Vierge, en revanche convenons que la beauté est paralysante. Le Cantique ne dit-il pas de la bien-aimée : "Charmante comme Jérusalem, redoutable comme des bataillons" (Ct 6,4) Verset qu'on a nulle peine à appliquer à celle qui a séduit le Très-Haut : "Le roi sera séduit par beauté", nous révèle le psaume (Ps 44,12)
La Vierge est la plus proche de Dieu et la plus proche des hommes.
Outre qu'elle ait été favorisée par Dieu - surtout sous le rapport de l'intelligence du plan du salut qu'il lui a donnée - de toutes sortes de dons, comme celui de pouvoir contempler les événements de la vie de son fils [...] de surcroît elle est présente aux moments les plus décisifs de l'économie rédemptrice : Incarnation - Croix - Effusion de l'Esprit. Sa collaboration est décisive à ces instants, alors qu'un regard superficiel la croirait toute passive.
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Il est très important de la représenter lors de l'Annonciation en face d'un psautier, priant par exemple ce verset du psaume 26 : "J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie." Résultat : c'est le Seigneur qui vient habiter chez elle !
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Un prophète porte la parole Dieu, et la proclame. La Vierge, elle, a porté au monde la Parole en personne; Jésus-Christ. De plus, la vie d'un prophète est une parabole vivante : celle de Marie idem. Son Immaculée Conception nous dit que nous sommes élus par Dieu depuis tout éternité pour reproduire l'image de son Fils. A l'autre bout de son existence, son Assomption anticipe notre transfiguration future.
En accordant son pardon à ceux qui ont tué celui qui lui était plus cher que sa propre vie, Marie est l'image du pardon eschatologique de Dieu. En priant pour les pécheurs, elle seconde son Fils, notre intercesseur auprès du Père : Marie est prophète du Prophète par excellence.
Au passage, rappelons que le plus grand mérite de la Vierge Marie a consisté à s'associer au pied de la croix à l'acte rédempteur de son Fils. Association par la compassion, la souffrance partagée, l'intention (de sauver le monde), la communion à la volonté divine de la Trinité, le pardon de ceux qui persécutaient Jésus, enfin association par oblation de ses droits maternels. Marie rend en effet son fils au Père. Par cette offrande d'elle-même, et de celui qu'elle chérit plus qu'elle-même, Marie mérite d'être exaucée en tout ce qui touche l'application à chacun d'entre nous de l'infinie fécondité et puissance de la Croix et de la Résurrection. Mérite contemporain de l'acte rédempteur, contrairement à ceux des autres saints, qui ne feront que profiter de l'application de la puissance de la Croix. Marie, elle, s'est tenue à la source de notre enfantement à la vie surnaturelle sur le Calvaire : "Mais on appelle Sion : "ma mère !" car en elle, tout homme est né." (Ps 87,5)
Cependant ses mérites ne s'arrêtent pas là, puisqu'elle intercède toujours en faveur de ceux qui continuent de crucifier son fils durant tout le temps de l'Église, et pour les autres aussi.
Elle est la victoire de Dieu dans ses créatures."
(Jean Michel Castaing, 48 objections à la foi chrétienne et 48 réponses qui les réfutent, Paris, Salvator, 2013, p. 242)