Ayant caché des Juifs pour les soustraire aux arrestations et à la déportation pendant l'occupation allemande des Pays-Bas, Corrie ten Boom (1892-1983) se vit reconnue par l'institution israélienne Yad Vashem par le titre de "Justes parmi les nations", le 12 décembre 1967. S'opposant aux persécutions nazies, ten Boom travailla en conscience avec ses croyances religieuses et son expérience familiale. Elle coopère avec la résistance néerlandaise. Elle fut arrêtée et internée dans un camp de concetration. de nombreux membres de sa famille subirent le même sort et succombèrent aux mauvais traitements et à la torture.
La famille ten Boom était membre de l'Eglise réformée néerlandaise, qui dénonça les persécutions des Juifs comme une injustice faite à des êtres humains frères et un affront à l'autorité divine. Dans son autobiographie, ten Boom explique à plusieurs reprises les motivations religieuses qui la poussèrent à cacher des Juifs, et en particulier la conviction très forte dans sa famille de l'égalité de tous les êtres humains devant Dieu. Par ses activités religieuses, la famille avait développé des contacts personnels avec des membres de la communauté juive. Le grand-père de Corrie avait déjà travaillé, au XIXème siècle, à l'amélioration des relations entre chrétiens et Juifs. Son frère Willem, pasteur de l'Eglise réformée néerlandaise chargé de la conversion des Juifs, avait étudié les doctrines antisémites et gérait une maison de santé pour personnes âgées où des gens de toutes religions étaient accueillis. A la fin des années 1930, cette maison devint un refuge pour les Juifs fuyant l'Allemagne.
Après le début de la Seconde Guerre mondiale, des membres de la famille ten Boom s'impliquèrent dans des mouvements de résistance, dont deux de ses neveux. Plusieurs membres de sa famille abritèrent des jeunes gens recherchés par les nazis pour le travail forcé et aidèrent des Juifs à trouver des refuges chez des personnes acceptant de les cacher. Corrie s'impliqua directement dans ces efforts avec son père et sa soeur Betsie, et elle décida de cacher des Juifs dans leur maison familiale à Haarlem, aux Pays-Bas. Utilisant comme couverture son travail d'horlogère dans le magasin de son père, Corrie établit des contacts avec des membres de la résistance, qui l'aidèrent à se procurer des carnets de rationnement et à installer une cachette dans la maison familiale.
Six personnes, dont des Juifs et des membres de la résistance, se cachait là lorsque la Gestapo (la police d'Etat secrète allemande) fit une descente dans la maison le 28 février 1944. Elles ne furent pas découvertes. Quelques jours plus tard, des membres de la résistance les placèrent ailleurs. Dans le même temps, cependant, la Gestapo avait arrêté Corrie ten Boom, son père, son frère et ses deux soeurs, ainsi que d'autres membres de sa famille. En outre, la Gestapo arrêta plusieurs membres de la résistance qui étaient entrés dans la maison par hasard pendant l'opération, ainsi que des amis de la famille qui assistaient à une réunion de prière dans le salon. Au total, ce jour-là, la Gestapo arrêta 30 personnes dans la maison de la famille ten Boom.
Après une brève détention dans le pénitencier de Scheveningen, une ville côtière près de La Haye, la Gestapo les relâcha toutes, à l'exception de trois membres de la famille ten Boom. Corrie ten Boom, sa soeur aînée Betsie et son père Casper restèrent en prison. Casper ten Boom tomba malade en prison et mourut dans un couloir d'hôpital dix jours seulement après son arrestation. Les soeurs restèrent dans la prison de Scheveningen jusqu'en juin 1944, date à laquelle elles furent transférées dans un camp d'internement à Vught, aux Pays-Bas. En septembre 1944, les nazis les déportèrent au camp de concentration de Ravensbrück, en Allemagne. Les soeurs parvinrent à rester ensemble jusqu'à la mort de Betsie en décembre de la même année.
L'administration du camp relâcha Corrie ten Boom à la fin de décembre 1944. Avec d'autres prisonniers libérés, elle voyagea en train jusqu'à Berlin où elle arriva le 1er janvier 1945. De là, ten Boom traversa l'Allemagne en train jusqu'aux Pays-Bas, où elle retrouva les survivants de sa famille.
Après la guerre, ten Boom prôna la réconciliation pour surmonter les cicatrices psychologiques laissées par l'occupation nazie. Elle voyagea ensuite de par le monde comme évangéliste, conférencière engagée et critique sociale, se référant à ses expériences à Ravensbrück lorsqu'elle réconfortait les prisonniers. Elle fut également une opposante à la guerre du Vietnam.