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Le triomphe d’une vocation - St Jean Bosco

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saint-michel


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Message par saint-michel Dim 23 Oct - 18:37

Le triomphe d’une vocation - St Jean Bosco Le_tri10

Le huitième chapitre du livre « Telle mère, tels fils », issu de la vie de saint Jean Bosco, dont les pages sont consacrées à Mamma Margherita, s’intitule « le triomphe d’une vocation ».


« Telle mère, tels fils ». Chapitre VIII. Le triomphe d’une vocation. Page 50 à 59


« Chiéri, où le plus jeune des fils de Marguerite allait demeurer presque dix ans est une vieille petite ville piémontaise, couchée aux pieds des derniers contreforts des Alpes. Ville d’étudiants et de fabriques de tissage, ville de couvents aussi. Quel ordre religieux n’y a son église et son monastère ?


La vie qu’en cette minuscule cité les étudiants pauvres, comme le jeune Bosco, devaient mener était très dure. De nos jours une vocation sans ressources finit toujours par trouver le bienfaiteur ou la bourse fondée qui lui permettront d’étudier ; alors, c’était très rare. Comment s’en tirait-on ? Héroïquement, souvent.


Ordinairement, ces pauvres étudiants prenaient pension chez des connaissances qui leur offraient le toit, le lit et la soupe ; on payait en argent ou en nature avec des sacs de grains, de patates, de châtaignes, ou des brentas de vin ; on payait aussi en services, en se mettant au retour de la classe à la disposition du logeur pour toute espèce de travaux. Les parents fournissaient le vivre. Chaque samedi par exemple, on voyait Maman Marguerite arriver à Chiéri avec son gros pain bis pour la semaine et sa provision de maïs, de farine et de châtaignes. Il va sans dire que par les pires soirées d’hiver – et au pied de ces monts il est parfois cruel – on ignorait la douceur d’une flamme. On soufflait dans ses doigts, on battait la semelle, et l’on se repenchait sur ses livres. Et ces livres, ce papier, cet encrier, ces plumes et tout le reste, il fallait l’acheter à la sueur de son front, par sa propre industrie, en s’embauchant à gauche ou à droite, qui pour des répétitions, qui pour des travaux d’écriture, qui pour des services manuels.


La part des misères qui échut au fils de Marguerite ne fut pas petite. Pour payer sa pension, il accepta avec joie non seulement l’emploi de domestique chez sa logeuse, mais encore celui de répétiteur auprès de son fils. Il vécut deux ans, de la sorte ; après quoi, les études de son élève étant terminées, il fallut que Jean trouvât un autre toit dans les mêmes prix. Ce fut celui d’un pâtissier aubergiste, dont la boutique voisinait avec la grand’place de Chiéri. Ses deux dernières années d’humanités s’écoulèrent là, dans ce café, qu’il nettoyait le matin avant de partir au cours, et où le soir, à la prière des joueurs de billard, il était de faction pour compter les coups. Son adresse eut vite fait d’apprendre la confection des spécialités de l’endroit, voire d’y passer maître, si bien que son patron lui offrit plus d’une fois de lui faire sa fortune commerciale. La proposition le faisait sourire, et il continuait, à ses heures de répit, à travailler ferme le latin. On montre encore sous l’escalier du confiseur, le réduit obscur où il logea, et où, après avoir clos les volets du café, à la lueur vacillante d’une bougie de suif, il étudiait ses leçons et rédigeait ses devoirs.


Jamais le courage ne lui manqua, et cependant à certaines heures, Dieu sait s’il en eut besoin ! Il avait dix-huit ans, il travaillait de l’aube à la nuit avancée, ses muscles ou sa pensée ne reposant pas une minute : quelle dépense d’énergie ! Pour soutenir cet effort, il lui eût fallu un régime substantiel. Hélas ! En plus de la soupe traditionnelle que lui fournissait son logeur, il n’avait pour tromper son appétit que la maigre ration hebdomadaire de maïs, de patates et de châtaignes que lui apportait sa mère. Plus d’une fois, l’estomac de ce grand garçon était dans ses talons et ses camarades s’en apercevaient. L’un d’eux, dont l’histoire nous a conservé le nom, un certain Blanchard, en avait fréquemment pitié, et son dessert passait souvent de sa poche dans celle du compagnon miséreux.


En dépit de ces obstacles, peut-être même à cause d’eux, le jeune étudiant s’avança dans ses études à la vitesse de deux classes par année. À ce train-là, en trois ans, il eut achevé sa préparation au Grand Séminaire.


Jusqu’alors tant bien que mal, à coups de privations et de sacrifices, il avait pu faire face aux dépenses de ses études ; mais, à la veille d’entrer au Grand Séminaire, il se demanda avec angoisse comment il y payerait sa pension. Plus de gains à côté – le règlement et les rares loisirs de la maison ne les eussent pas permis – et une note implacable à solder chaque trimestre ! Jamais les humbles ressources de sa mère, mêmes grossies de charités certaines, n’auraient pu y suffire. Il pensa alors se faire religieux en entrant chez les Franciscains. Les Pères avaient à Chiéri un couvent, où il fréquentait assidûment. Leur vie simple, frugale, toute de dévouement et de prières, lui avait souri ; et lui-même avait conquis les sympathies de ces religieux. Avant de faire le pas décisif, il voulut tout de même s’en ouvrir à son bon curé, Don Dassano. Il faut croire que les raisons de Jean ne le persuadèrent pas, car, à quelques jours de là, nous voyons l’excellent homme entreprendre Maman Marguerite pour la pousser à détourner son fils de cette voie.


« Vous n’êtes plus jeune, lui dit-il ; dans quelques années vous serez un peu lasse. Qui donc vous recueillera, sinon Jean, devenu vicaire ou curé ? Votre intérêt est de l’engager à renoncer à ce projet. Le sien aussi d’ailleurs, doué comme il l’est, il ne peut que réussir, et vous fera grand honneur. »


La vieille maman laissa dire son pasteur, elle le remercia vivement de sa démarche ; mais elle garda pour elle sa pensée.


Le lendemain elle était à Chiéri.


« J’ai reçu hier la visite de Monsieur le Curé, dit-elle à son fils ; il paraît que tu veux te faire Franciscain ?
– Oui, maman ; et je crois que vous n’y mettrez aucun obstacle.
– Dieu m’en garde ! Je te demande seulement de bien étudier ta vocation. Après cela, fais ce que tu veux. Ce qui importe, c’est de sauver ton âme. Monsieur le curé voulait que je te dissuade de ce projet par égard pour moi, dans mes vieux jours. Cela n’a rien à faire dans la circonstance, rien du tout. Ne te mets pas en peine pour mon avenir. De toi, je ne veux rien, je n’attends rien. Retiens même ceci : je suis née pauvre, j’ai vécu dans la pauvreté, et je veux mourir pauvre. Et je t’assure que si, par hasard, tu te décidais pour la vie de paroisse et que tu devinsses riche, je ne mettrais jamais les pieds chez toi. Ne l’oublie pas. »


Cet obstacle de la pauvreté, dressé devant la vocation de Jean, fut heureusement écarté par les générosités et le conseil d’un saint prêtre de son pays, l’abbé Cafasso, en résidence à Turin, qui le dissuada d’entrer au couvent. Le 25 octobre 1838, à l’âge de vingt ans, il revêtait donc la soutane dans l’église de Castelnuovo, et cinq jours plus tard, il prenait congé de sa mère, aux Becchi, pour entrer au Grand Séminaire.


La veille du départ, quand amis et connaissances, venus saluer le jeune séminariste, se furent retirés, elle prit à part ce fils de sa tendresse et les yeux bien dans les yeux, avec un accent qu’au soir de sa vie il se rappelait encore, elle lui adressa cette prière touchante :


« Voici que tu as revêtu la soutane, mon petit Jean. Tu devines la joie et la douceur que met en mon cœur cet événement. Mais rappelle-toi que ce n’est pas l’habit qui honore l’état, mais la pratique des vertus. Si par malheur tu viens à douter de ta vocation, je t’en supplie, ne déshonore pas cette livrée. Quitte-la tout de suite, car j’aime mieux avoir pour fils un pauvre paysan, qu’un prêtre négligent dans ses devoirs. Quand tu es venu au monde, je t’ai consacré à la Sainte Vierge ; quand tu as commencé tes études, je t’ai recommandé presque exclusivement la dévotion à la Madone ; maintenant je te supplie de lui appartenir tout entier. Aime ceux qui l’aiment, et si un jour tu deviens prêtre, propage sans cesse la dévotion à cette bonne Mère. »


Elle s’arrêta brisée par l’émotion. Son fils pleurait.


« Mère, reprit-il après un long temps de silence, laissez-moi, avant de vous quitter pour cette vie nouvelle, vous remercier de tout ce que vous avez fait pour moi. Vos conseils, gravés dans mon âme, seront comme le trésor où chaque jour je puiserai. »


Le lendemain soir l’abbé Jean Bosco franchissait la lourde porte du Grand Séminaire de Chiéri ; il devait y demeurer six ans, nourri, entretenu, on peut le dire, par la charité de tous. C’était elle qui déjà l’avait habillé des pieds à la tête au jour de sa vêture ; un notable du pays avait fourni la soutane, le maire le chapeau, le curé le manteau, un autre paroissien la paire de souliers. Sa première année de Séminaire, ce fut un prêtre éminent de Turin, Don Guala, directeur du Collège Ecclésiastique, aussi riche que bienfaisant, qui la paya. Pour les années suivantes, voici comment Bosco s’en tira : d’abord, chaque année il obtint le prix de soixante francs assignés à l’élève ayant mérité les meilleures notes de conduite et de travail ; dès la seconde année de philosophie on lui accorda même la demi-gratuité dont on gratifiait fréquemment les séminaristes studieux et besogneux ; en seconde année de théologie il fut nommé sacristain et, de ce chef, perçut soixante francs de rémunération : le reste de la pension – et c’était encore quelque chose – ce fut Don Cafasso qui le solda.


Jean demeura six années au Grand Séminaire, deux années de philosophie et quatre de théologie. Quand, à la veille de son ordination, ses maîtres porteront sur lui un dernier jugement, ils écriront en face de son nom : Plus quam optime, mieux que très bien.


Ce fut à la fin de ses années de séminaire qu’un troisième rêve, aussi expressif que les deux premiers, vint lui confirmer la volonté du Ciel. Aux pieds de la ferme de son frère s’étendait une large vallée qui, à ses yeux, prit soudain l’aspect d’une populeuse cité. Dans ses rues, sur ses places grouillait une jeunesse, abandonnée à elle-même, qui jouait, hurlait, blasphémait. Les jurons avaient le don de le faire bondir hors de lui ; il s’élança vers ces malheureux, leur intima de se taire, et comme ils n’en faisaient rien, les menaça de coups. Peine perdue. Alors il passa aux actes, et malmena les plus effrontés. Ceux-ci répondirent du tac au tac, d’un poing vigoureux. Accablé par le nombre, l’abbé prit la fuite ; mais sa retraite fut coupée par un personnage mystérieux, qui lui enjoignit de retourner à ces malheureux et de les corriger par la persuasion. Pour toute réponse, le rêveur montra les horions reçus. Alors cet inconnu le présenta à une grande Dame, qui s’avança vers lui :


« Voici ma Mère, lui dit-il ; prends son avis. »


La douce apparition le couvrit d’un regard plein de bonté, et murmura :


« Si tu tiens à gagner à toi ces terribles gamins, ne les prends pas à coups de pieds ou de poings, mais conquiers les par la douceur et la persuasion. »


Ce qu’il fit. Alors, comme dans le premier songe, ces enfants se changèrent d’abord en fauves, pour devenir l’instant d’après les plus doux agneaux.


En attendant que surgît l’occasion de transformer ainsi les cœurs des enfants, l’abbé Jean Bosco achevait sa formation au Grand Séminaire. Il fut ordonné sous-diacre en septembre 1840 à Turin ; diacre, au printemps de l’année suivante ; et prêtre, le 26 mai, fête de saint Philippe Néri.


C’était un dimanche. Le jeudi suivant, pour satisfaire le désir de ses compatriotes, il chanta la grand’messe à Castelnuovo, et présida la procession de la Fête-Dieu. Il y eut, pour fêter l’événement, grand festin à la cure, où l’archiprêtre avait invité tous les parents de Jean, le clergé d’alentour et les personnalités du lieu.


Mais le nouveau prêtre avait hâte de se soustraire à ces démonstrations bruyantes d’estime, pour se retrouver, seul avec sa mère, en face de leurs communs souvenirs. À la nuit tombante, ils partirent donc tous deux pour remonter aux Becchi. On soupçonne le flot de sentiments aussi forts que doux, qui devaient soulever le cœur de l’un et de l’autre. Ces chemins, ces sentiers, que de fois il les avait parcourus depuis quinze ans, hanté par le rêve sublime et voilà que d’un coup ce rêve était devenu une réalité. Cette dernière pente à gravir traversait le pré où, par une nuit d’hiver, il s’était vu transporté en songe et avait entendu la voix de la Madone lui tracer clairement la route. Par des voies mystérieuses mais sûres il avait, lui aussi, été adorablement mené. Une main de femme et de mère – la plus haute de toutes les femmes, la plus tendre de toutes les mères, – avait saisi sa menotte d’enfant et, à travers l’épreuve, l’avait amené à ce sommet : la prêtrise. Il n’avait eu qu’à se laisser faire, à ne jamais désespérer. Admirable histoire ! À l’évoquer à cette heure recueillie et calme, dans cet humble décor de toute sa jeunesse, l’homme sentit une émotion intense étreindre son cœur. Les mots manquèrent pour la traduire et un flot de larmes lui jaillit des yeux. Le petit Jean d’autrefois, l’humble pastoureau devenu prêtre, exprimait ainsi la gratitude enivrée de son âme.


Quelques pas encore, et le couple franchissait le seuil de la chaumine témoin de tant de joies et de larmes. La mère alluma la bougie, alla disposer toutes choses pour le repos de la nuit, puis, comme jadis, il y a vingt ans, la prière du soir monta de ces deux cœurs purs vers le ciel. Quand ils se furent relevés, la vieille maman qui, tout au long de cette journée d’émotions, avait été plutôt silencieuse, prit dans ses mains celles de son fils, et d’un accent très grave et très doux :


« Te voilà prêtre, mon petit Jean ! Désormais chaque jour tu diras la messe. Rappelle-toi bien ceci : commencer à dire la messe, c’est commencer à souffrir. Tu ne t’en apercevras pas de suite, mais un jour, avec le temps, tu verras que ta mère avait raison. Chaque matin, j’en suis sûr, tu prieras pour moi. Je ne te demande rien d’autre. Désormais, ne songe qu’au salut des âmes, et ne te préoccupe pas de moi. »


Admirables paroles ! Achevons ce chapitre sur cette scène de pure beauté surnaturelle. Aussi bien elle nous livre la clef de tout un avenir. Plus tard, quand le fils nous émerveillera par la grandeur de ses entreprises, sa passion pour Dieu et les âmes, sa foi intrépide et calme, nous nous souviendrons de l’humble paysanne des Becchi, de la pauvre femme sans lettres, mais à l’esprit si haut, sa mère, qui lentement, patiemment, à travers quinze années de misères et d’épreuves, avait formé ce cœur de prêtre.


René Bazin, le grand écrivain catholique, a écrit :


« Il y a des mères qui ont une âme de prêtre. »


Comme cette parole est juste, bien appropriée, quand on songe à l’humble paysanne des Becchi qui avait tant souffert et enduré pour voir ce jour ! »


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