Ils sont bien innocents ces téléfilms "dans l’esprit de Noël". Mais, se demande la philosophe Jeanne Larghero, que disent-ils de la puissante irruption de l’événement qui, un jour, répondit au cri de l’humanité ?
Après le pull moche de Noël, voici le téléfilm de Noël, tout droit descendu du ciel hollywoodien, et qui n’est franchement pas ce que le cinéma américain a fait de mieux, tout le monde n’est pas Capra. La question, la voilà : faut-il avouer que l’on regarde en douce un téléfilm de Noël pendant sa sieste du samedi après-midi, à l’heure même où passent de stimulants documentaires sur la datation des Évangiles ?
Tous ces films déversés en flot continu sur les chaînes de télé ou de streaming respirent le partage et la joie de vivre : dans les rues enneigées, des choristes au brushing impeccable enchantent la solitude de vieilles dames pauvres mais dignes, les sapins enguirlandés clignotent au rythme des déclarations d’amour, les célibataires grincheux redécouvrent en même temps leurs riants souvenirs d’enfance, l’amour familial et le chapon farci aux airelles. Et surtout le fameux « esprit de Noël » : quoi de plus chrétien ?
L’humanité depuis le fond des âges a crié son besoin d’être sauvée du désespoir de n’avoir à vivre que pour mourir un jour. Mais alors pourquoi le regarder sans vraiment s’en vanter ? Et d’où vous vient alors cette furieuse envie de suspendre par la bedaine le père Noël à son sapin, après l’avoir saucissonné dans le fil du lisseur à cheveux de l’héroïne ? Seriez-vous aigri avant l’heure, saisi du fameux blues de Noël ? L’affaire n’est pas simple.
Ce besoin de grand souffle épique
Tout cela monte de vos deux pieds campés au sol, et de votre regard tourné vers le ciel : si un jour vous avez appris l’incroyable histoire de l’humanité, si un jour quelqu’un vous a dit que cette histoire est une histoire sainte, dans laquelle le Dieu de l’univers a fait irruption, déchirant le ciel en la personne de Jésus pour que nous puissions loger notre cœur d’homme au creux du Sien, alors votre regard ne sera plus jamais le même. Vous aurez besoin de grand souffle épique, de cette fresque dramatique qui n’a rien d’un film romantique : l’humanité depuis le fond des âges a crié son besoin d’être sauvée du désespoir de n’avoir à vivre que pour mourir un jour. Dieu a entendu ce cri, et Il est venu lui-même nous donner à voir ce que c’est que vivre à nouveau et pour toujours : fait sidérant, le petit bébé posé dans cette crèche est Celui-là même qui vient essuyer toutes les larmes de nos yeux, celui qui traverse la mort pour nous ouvrir les portes d’une vie éternelle. Rien de moins. C’est une bonne nouvelle, et elle se partage.
Évidemment, à côté, le téléfilm de Noël fait pâle figure, même si à la fin tout finit bien. Voilà pourquoi on le regarde d’un œil, ou de deux yeux endormis. La véritable attente, elle, nous garde bien éveillés. Donc, vous l’aurez bien compris, laissons les téléfilms de Noël vivre leur vie et ne pas endormir notre véritable attente : Dieu est tout proche.