Bonjour Gilles,
Je lirai ton article avec plaisir demain ; en attendant, je donne vite fait mon avis, car ton sujet me semble intéressant ^^
Pour moi, si on veut, il y a une différence majeure entre l'homme, qui a une âme immortelle, et l'animal, qui quel qu'il soit est sensible, a des sentiments, a faim, soif, etc. comme tout le monde. Mais pour moi, il n'a pas de vie après la mort. Pas comme nous. Son existence s'arrête après avoir donné son dernier souffle à mes yeux. L'homme, à l'inverse, rencontre Jésus à sa mort, et est voué soit au Paradis, soit à l'Enfer (sans compter le Purgatoire, qui laisse place par la suite à la Vie).
Mais l'homme a des devoirs à respecter. Il est le sommet de la Création à mes yeux, si on ne compte pas la Chute. Et parce qu'il a été fait à l'image de Dieu, il se doit non seulement d'être le plus parfait possible, mais aussi le plus juste avec les autres créatures que Dieu a créées.
Les animaux, quels qu'ils soient (et même les végétaux, les arbres, les plantes médicinales, tout ^^), sont là pour servir l'homme, et ils ont été placés à cette place par la miséricorde de Dieu, si je peux dire ça ainsi. Par sa Providence serait peut-être un terme plus juste. Ils sont là pour nous, mais ils ne sont fondamentalement pas mauvais, je pense : c'est juste une mauvaise éducation qui peut par exemple rendre un chien pourri-gâté je dirais.
Ils ne sont pas mauvais, et nous, par notre intelligence, par nos moyens, par nos vies propres à chacun, on se doit de respecter les animaux et de les aimer dans une juste mesure. Les aimer comme des compagnons par exemple. Mais sans jamais faire de l'idôlatrie, ou par exemple, faire de l'animal un chat-roi, un chien-roi, où il y aurait alors quelque chose de déréglé. C'est l'homme qui doit se faire respecter des animaux et pas l'inverse. Parce que nous appartenons à Dieu et que nous sommes ses enfants, mais aussi parce que c'est bien plus sain de vivre "indépendamment" de nos animaux. On peut s'en faire une joie, un réconfort, un appui. Mais toujours en faisant attention de ne pas tomber dans une attitude gagatisante.
Un peu à l'exemple de François d'Assise, sachons faire des animaux nos amis, tout en restant libres vis-à-vis d'eux. C'est ça que je veux dire. Il les respectait et les aimait, je pense, mais toujours dans un sain équilibre.
Voilà un peu ce que j'avais envie d'écrire.
Je me permets de copier-coller un passage de Maria Valtorta qui m'avait beaucoup marquée, où Jésus explique très bien les choses. Je pense que c'est un passage vraiment éclairant, ça l'a beaucoup été pour moi en tout cas ^^
Il dit ceci, quand Manaën lui demande s'il a bien fait de s'occuper de son cheval :
"Quand le Créateur eut créé la Création, et lui eut donné pour roi l'homme créé à son image et à sa ressemblance, Il montra à l'homme toutes les créatures créées et Il voulut que l'homme leur donnât un nom pour les distinguer les unes des autres, et on lit dans la Genèse "que tout nom qu'Adam donna aux animaux était bon, c'était le vrai nom" [2]. Et on lit encore dans la Genèse que Dieu, ayant créé l'Homme et la Femme, dit : "Faisons l'Homme à notre image et à notre ressemblance pour qu'il soit le maître des poissons de la mer, des volatiles du ciel, des bêtes, et de toute la Terre et des reptiles qui rampent sur elle" [3].
Et quand Il eut créé une compagne pour Adam, la femme, faite comme lui à l'image et à la ressemblance de Dieu, comme il ne convenait pas que la Tentation aux aguets tentât et corrompît encore plus hideusement le mâle créé à l'image de Dieu, Dieu dit à l'homme et à la femme : "Croissez, multipliez-vous, et remplissez la Terre et faites en sorte qu'elle vous soit soumise, et soyez les maîtres des poissons de la mer, des volatiles du ciel et de tous les animaux qui se meuvent sur la Terre" [4]. Et Il dit encore : "Voilà que Je vous ai donné toutes les plantes qui font une semence sur la Terre et tous les arbres qui ont en eux la semence de leur espèce pour qu'ils servent de nourriture à vous et à tous les animaux de la Terre et aux oiseaux du ciel et à ce qui se meut sur la terre et a en soi une âme vivante, pour qu'ils aient la vie" [5].
Les animaux et les plantes et tout ce que le Créateur a créé pour l'utilité de l'homme représentent donc un don d'amour et un patrimoine donné en garde par le Père à ses fils, afin qu'ils en usent dans leur intérêt et avec gratitude envers Celui qui a donné toute providence. Il faut donc les aimer et les traiter avec un soin convenable.
Que diriez-vous d'un fils auquel le père a donné des vêtements, des meubles, de l'argent, des champs, des maisons, en lui disant : "Je te les donne pour toi et pour tes descendants pour que vous ayez de quoi être heureux. Usez de tout cela avec amour en souvenir de mon amour qui vous le donne", et si ensuite ils laissaient tout tomber en ruines ou dilapidaient tous ses biens ? Vous diriez qu'ils n'ont pas fait honneur à leur père et qu'ils n'ont pas aimé leur père et ses dons. Pareillement l'homme doit avoir soin de ce que Dieu, avec un soin providentiel, a mis à sa disposition.
Soin ne veut pas dire idolâtrie, ni affection déréglée pour les bêtes ou les plantes, ou quelque autre chose. Soin veut dire sentiment de pitié et de reconnaissance pour les choses de moindre importance qui nous servent et qui ont leur vie, c'est-à-dire leur sensibilité.
L'âme vivante des créatures inférieures dont parle la Genèse n'est pas une âme telle que celle de l'homme. C'est la vie, simplement la vie, c'est-à-dire d'être sensible aux choses actuelles tant matérielles qu'affectives. Quand un animal est mort, il est insensible car avec la mort, pour lui, c'est la vraie fin. Il n'y a pas d'avenir pour lui, mais tant qu'il est vivant, il souffre de la faim, du froid, de la lassitude et il est sensible aux blessures, à la souffrance, à la jouissance, à l'amour, à la haine, à la maladie et à la mort. Et l'homme, en souvenir de Dieu qui lui a donné ce moyen pour rendre moins dur son exil sur la Terre, doit être humain envers les serviteurs inférieurs que sont pour lui les animaux. Dans le livre de Moïse, n'est-il pas prescrit peut-être d'avoir des sentiments d'humanité même pour les animaux, que ce soit volatiles ou quadrupèdes ?
En vérité je vous dis qu'il faut savoir regarder avec justice les œuvres du Créateur. Si on les regarde avec justice, on voit qu'elles sont "bonnes". Et une chose bonne doit toujours être aimée. On voit que ce sont des choses données à bonne fin et par une impulsion d'amour, et que comme telles nous pouvons, nous devons les aimer en voyant, au-delà de l'être fini, l'Être Infini qui les a créées pour nous. On voit que ce sont des choses utiles et qui, comme telles, doivent être aimées. Rien, rappelez-vous-le bien, n'a été fait sans but dans l'Univers. Dieu ne perd pas sa parfaite Puissance en des choses inutiles. Ce brin d'herbe n'est pas moins utile que le tronc puissant auquel s'appuie notre asile temporaire. La goutte de rosée, la petite perle de givre, ne sont pas moins utiles que l'immense mer. Le moucheron n'est pas moins utile que l'éléphant, et le ver qui vit dans la boue n'est pas moins utile que la baleine. Il n'y a rien d'inutile dans la Création. Dieu a tout fait à bonne fin, par amour pour l'homme. L'homme doit user de tout avec une intention droite et avec amour pour Dieu qui lui a donné tout ce qui existe sur la Terre, pour que ce soit soumis au roi de la Création.
Tu as dit, ô Manaën, que l'animal sert souvent mieux les hommes que les hommes. Je dis que les animaux, les plantes, les minéraux, les éléments sont tous supérieurs à l'homme pour l'obéissance, en suivant, passivement, les lois de la Création, ou en suivant activement l'instinct qu'a mis en eux le Créateur, ou en se prêtant à la domestication dans le but pour lequel ils ont été créés. L'homme, qui devrait être la perle de la Création, en est trop souvent la laideur. Il devrait être la note qui répond davantage au chœur des êtres célestes pour louer Dieu, et trop souvent il est la note discordante qui lance des imprécations ou des blasphèmes, ou se révolte, ou dédie son chant à la louange de la créature au lieu de l'adresser au Créateur. L'idolâtrie, par conséquent. Donc l'offense, donc la souillure. Et cela c'est le péché.
Sois donc en paix, Manaën. Ta pitié pour un cheval qui est trempé de sueur pour t'avoir servi, n'est pas un péché. Le péché, ce sont les larmes que l'on fait verser à ses semblables et les amours effrénés qui sont une offense envers Dieu, qui est digne de tout l'amour de l'homme".